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AVERTISSEMENT.

rò ftatuunt no

(4) Alii porbilem hanc artem fuam traxiffe originem ex imperfectis

A peinture & la fculpture font filles du deffein; l'ombre d'un homme, quelques traits hazardés fur le fable, fans avoir recours à la fable de Corinthia de (a) Sicycne, rendent leur origine fort naturelle. Ces illis imaginibus deux fœurs ont toujours marché fur les mêmes tra- quas optimapaces, leur but de tout temps, par une parfaite imi- marmore aliistation de la nature, a été de féduire nos yeux & que lapidibus effiguravit. de les tromper agréablement. Sandrat, Acad.

rens natura in

nobilis artis pictoria, Part. 2. Alii apud Co

praf. 41.

rinthios repertam, omnes

umbra hominis

L'eftime qu'en ont fait les Anciens, prouve leur (b) excellence : les honneurs, les bienfaits, les éloges que les plus grands Princes leur ont accordés, l'application même que quelques-uns d'entr'eux n'ont pas dédaigné de leur donner, ne doivent point étonner celui qui fera attention à la nobleffe & à lineis circumducta. Plin.hif l'excellence de ces Arts. Exprimer par un langage nat. 1. 35. c. 3. muet les ouvrages du Créateur, conferver la mémoi- (b) Recipere des chofes paffées, immortalifer un Héros, illuf. returque ars ea trer une nation, quoi de plus grand!

in primum gradum libera

a

lium, femper

inge.

, per

petuo
to ne fervitia
docerentur,

Plin. hif. nat. 1.
35. c. 10. p.

5 So. Lurd. Ba

tav 1668.

Græcia bellis

Le peintre en effet eft l'homme de tous les talens, quidem honos c'eft un poëte, un hiftorien, un fidéle imitateur, ou nui eam exer- plutôt un rival de la nature; ne fçait-on pas que cerent, mox ut c'eft elle feule qui forme les peintres ainfi que les interdic poëtes? Ils montent, fi l'on en croit un (a) moderne, également fur le Parnaffe; leurs arts dépendent du génie, ils ont pour objet commun d'émouvoir les paflions & de plaire. Tous deux font dans l'obligation de repréfenter des images plus riches, plus riantes, U primum plus belles que celles qu'on voit ordinairement; pofitis c'eft par ce moyen que l'on irrite plus vivement nugari Cœpit..... les paffions, & que par le plaifir qu'elles procurent, eboris fabros, le fpectateur participe de l'enthousiasme qui les a aut æris ama- fait naître. Où le peintre ne trouveroit pas à s'ocSufpendit pic. Cuper avec dignité, le poëte n'exerceroit pas ses ta vultum men- talens avec honneur. Son art eft une (b) poësie, une expreffion (c) muette, qui fecondée des couleurs, parle aux yeux, à l'efprit & au cœur. Qui peut douter qu'un tableau ne foit un vrai poëme? Le peintre a même des avantages fur le poëte, peinture, par il fe fait entendre de toutes les Nations de la terAbbé du Bos. Tom. 2. p. 27, des ignorans comme des fçavans; il n'eft per P.

Marmoris aut

vit,

temque tabel-
la. Hor. epift.
1a. lib. 2.
(a) Reflexions
critiques fur la
poësie & fur la

re,

(Ut pictura fonne qui ne fente l'effet d'une heureuse compofipoëfis erit. Hor. de arte poet. tion, de l'harmonie des couleurs, & dans qui la () Muta poë- magie du clair-obscur ne produise une espece d'enfis. Du Frejnoy chantement. On ne peut difconvenir qu'un peinphica. tre qui a du génie & des pensées élevées ne soit

De arte gra

(d) Non è un vrai poëte; celui qui n'est que (d) coloriste est laudabile il pit- un froid & languiffant profateur.

tore che fa bene

ma

una fol' cofa, Dans la peinture comme dans la poëfie, les taconviene lens font ordinairement partagés, on ne voit guéTutto. Baldin re un feul homme les poffeder tous; l'un peint

che faccia il

l'histoire, l'autre le portrait, celui-ci réuffit dans

le païfage, dans les animaux, celui-là dans les fruits & dans les fleurs; un poëte eft né pour le dramatique ou l'épique, un autre pour le lyrique; l'ode, la fable & la fatyre font le talent de quelques-uns. Dans tous ces differens genres chacun doit s'efforcer d'atteindre au fublime de fon art.

Par un charme fecret que nous fentons mieux que nous ne pouvons le définir, la peinture s'empare de nos fens; elle fait paffer pour vrai ce qui eft faux, pour vivant ce qui eft mort, & nous ne fortons de cette illufion que pour admirer l'art qui la cause. Cet art demande conféquemment un génie fécond & élevé, une imagination vive & brillante, de l'enthousiasme, du fublime, un jugement exquis, un efprit capable de prendre toutes fortes de formes & de les exprimer. Pour s'élever à ce sublime, il ne fuffit pas à un peintre de plaire, il faut qu'il furprenne: il doit faire encore plus, se former une idée fupérieure à tout ce que la nature & l'art ont pû produire jusqu'à présent de plus beau, fuivre cette idée jusqu'à embellir même la nature & la perfectionner.

>

Ce portrait idéal du peintre parfait ne ref femble à aucun peintre qui ait exifté le feul Raphaël en approche; il faut des fiécles heureux pour former de grands hommes; la nature les ébauche, l'émulation, les récompenfes les achevent.

La peinture a trois parties principales, la compofition, le deffein, & le coloris.

La compofition qui comprend l'invention & la difpofition eft la poëtique de la peinture; plus noble que les deux autres, elle dépend du génie & de l'imagination du peintre, c'eft la distribution &

l'agencement de toutes les parties qui doivent, en fe fecourant l'une l'autre, former un beau tout; en un mot, c'est l'économie & la disposition de toutes les parties d'un tableau.

(a) Plin. hif. nat. lib. 7.

Le dessein appartient à la pratique; il consiste dans la proportion des figures, dans l'anatomie, dans la correction des contours & dans le choix du beau; il préfide à l'expreffion des mouvemens de l'ame & du corps, & répand de tous côtés la nobleffe, la grandeur & la grace.

*

Le coloris ou la cromatique regarde encore la pratique; c'eft l'union & l'accord des couleurs entr'elles, c'eft leur parfaite harmonie; elle feule produit ces beaux effets du clair-obscur qui fait avancer ou reculer les parties d'un tableau, & donne du relief aux figures.

Il feroit difficile de décider fur lá prééminence de quelques-unes de ces trois parties; des perfonnes féduites par le coloris regardent les deux autres comme fubordonnées. Mais que deviendroit le coloris fans le deffein & fans la compofition? Il tomberoit de lui-même, au lieu que ces deux dernieres parties, indépendamment du coloris, peuvent fubfifter & plaire..

On croit (a) que le plus ancien peintre d'Egypte fut Gygés Lydien, qu'en Grece ce fut Euchir, & que Bularque fous Romulus apporta ce bel ́art en Italie.

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Les auteurs ont peu parlé des premiers peintres, fi l'on en excepte quelques-uns, tels que les çélebres Zeuxis, Parrafius, Pamphyle, Timanthe, Apelle & Protogéne, qui floriffoient dans le fiécle d'Alexandre le Grand.

Il ne nous refte cependant aucun ouvrage qui

L

eam con

tio, avidè antè

nat. l. 35. cap.

puiffe nous faire juger jufqu'à quel point ils étoient habiles. Les peintures d'Apelle & de Protogéne que Pline (a) nous affure avoir vuës, & dont il fait (4) Confumde fi belles defcriptions, furent brulées dans le pre- ftat priore inmier incendie du palais des Céfars à Rome; cel- cendio domus les que Jean Dà Udine trouva dans les grottes du Cefaris in palatemps de Raphaël, plufieurs Mofaïques antiques à nobis spectade Paleftrine, les peintures qu'on a découvertes de- tam. Plin. hif puis ce temps-là dans le fepulcre des Nafons au 10. Ponte-mole, celles que l'on voit aujourd'hui dans la pyramide de Ceftius, dans les palais Barberin & Farnéfe, celle de la vigne Aldobrandine appellée la noce, trouvée fur le mont Efquilin du temps de Neron: tous ces morceaux font connoître que les anciens peintres deffinoient bien, qu'ils avoient de grandes penfées, qu'ils exprimoient les paffions, & donnoient à leurs figures des proportions fort élegantes. Mais à en juger par ces derniers ouvrages, leur coloris paroît avoir été médiocre; la plûpart même de ces artiftes n'étoient point Grecs, ils avoient travaillé fous les premiers Céfars, & nous n'en connoissons guére que quatre, Fabius, Timomachus, Pirrichus, & Ludius qui vivoit fous Augufte.

Les peintres Grecs ignoroient la peinture à l'huile, ce qui nous reste d'eux eft peint à détrempe ou à frefque, dont la durée depuis plus de deux mille ans n'eft duë qu'à l'excellence de leurs couleurs ; ils avoient auffi des vernis pour leur donner plus de force; mais la détrempe rend toujours les clairs trop clairs, & les bruns pas affez noirs; au lieu que l'huile tempere les clairs, les rend tendres & femblables à la chair, donne de la force aux bruns, & du relief aux figures. a.iij

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