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(a) On en- diftingue de tous les autres, & en marque le véri tend encore par table caractére.

clair obfcur

une forte de Le (a) clair-obscur eft l'art industrieux de répanpeinture d'une dre les lumieres & les ombres, tant fur les ob

feule couleur

temps de Poli

mayeu.

que

en fait d'eftam

qui étoit fort jets particuliers que dans le général d'un tableau. en ufage du Quelle plus grande magie que le fecret d'en dégradore, & der les teintes, de forte que fur une fuperficie plal'on appelle au- te la vue s'enfonce, s'éloigne confidérablement, jourd'hui Ca- quelquefois fe repofe! Les corps y prennent de la Clair-obfcur rondeur, du relief & du mouvement; les grouppes pes eft une pié par leur oppofition, par leur contrafte, les demi-teince tirée à trois tes, les glacis, les reflets, les ombres, les (b) repouẩ planches diffé- foirs, font les effets merveilleux des repos & des (c) couleurs à l'hui- reveillons; fouvent les clairs chaffent les ombres & le imitent les réciproquement les ombres chaffent les clairs; ils (b) Repouffe prêtent par oppofition un mutuel fecours. Les lufoir en peintu- mieres réunies ensemble par des passages n'en font re fe dit d'un qu'une, & l'accord de toutes les couleurs doit faire ne mafle d'om- le même effet que la bonne musique; ne dit-on pas bres fur le de- l'harmonie d'un tableau?

rentes dont les

deffeins.

grouppe ou d'u

vant d'un ta

rées.

bleau qui fert à Le (d) coftume eft encore une chose que l'habile faire fuir les peintre ne néglige jamais dans fon tableau; c'est parties éclai- l'exacte obfervation des mœurs, des caractéres, des modes, des ufages, des habits, des armes, des bâeft une partie timens, des plantes & des animaux du pays dans piquée d'une lequel s'est passée l'action qu'il veut représenter. On juge fouvent d'un ouvrage par rapport à la

(c) Reveillon

lumiere vive

pour ranimer le spectateur &

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faire valoir les tons fourds, les maffes d'ombres, les paffages & les demi-teintes ; c'est ce qu'on appelle en mufique une diffonance.

(d) On dit en François coftume & non pas coftumé, qui eft le mot Italien il coftume; les bons, auteurs & notamment l'Abbé Fleury s'eft fervi du mot de costume dans les mœurs des Ifraëlites. Pag. 106.

que

partie de peinture qui nous flatte le plus & celle nous connoiffons le mieux, fuppofé celle du coloris, c'est cependant mal en juger, il faut qu'un bon connoiffeur ait l'efprit d'une grande étenduë pour embraffer toutes les parties de la peinture & les aimer toutes à la fois, les efprits bornés dans cette matiere ne peuvent être des juges équitables, ceux qui font prévenus en font auffi peu capables.

Dans un pareil jugement, il faut prefque autant de lumieres pour fentir le beau que pour le produi re, on doit confiderer la compofition, la difpofition & l'invention comprises fous le terme général d'ordonnance. Le deffein eft encore une des principales parties, il a pour baze la proportion, l'anatomie & la correction.

Lorfque ces deux parties font jointes au coloris dont l'objet eft la lumiere & l'ombre, on ne peut plus rien fouhaiter que l'expreffion; elle fe fait connoître non-feulement par les mouvemens des parties du visage, mais encore par celles du corps, fe lon le caractére des sujets que l'on traite.

L'œil doit être fatisfait le premier par la couleur qui lui représente le naturel, & l'efprit frappé par les autres beautés fecondées par le coloris ne va que le dernier : un tableau eft un fidéle dépofitaire des vérités de la nature, il doit non-feulement perfuader les yeux, mais femblable à un orateur, émou voir, ravir, & toucher le cœur. L'éloquence en faitelle davantage?

On ne peut juger des différentes manieres des peintres, qu'après avoir examiné quantité d'ouvra

ges de leurs mains, & faits dans leur meilleur temps.

On a dit en parlant des deffeins qu'un peintre a trois manieres différentes, la derniere est la plus mauvaise de toutes, lorfque dans un âge avancé il fe forme une habitude de peindre, fans vouloir étudier plus long-temps la nature; c'eft alors qu'on trouve un maître fort different de lui-même, ce n'est pas cependant une régle fans exception, il y a des maîtres tels qu'André del Sarto, & Michel-Ange des batailles dont les derniers tableaux font les meilleurs, dans d'autres comme le Pontorme, le Cavedon & l'Albane, ce font les premiers tableaux; en général ceux qui font faits dans la force de l'âge, & qui tiennent le milieu entre la premiere & derniere maniere font les plus eftimés.

Ce qui peut le plus arrêter un amateur dans l'examen des tableaux, ce font ceux qu'on peut appeller équivoques, faits par les disciples des grands maîtres, difciples qui ont entiérement fuivi leur maniere, ou par ceux qui ont peint dans leur goût & que nous nommerons ici IMITATEURS. Bagna Caval lo, par exemple, a fuivi Raphaël, Peregrino Tibaldi Michel-Ange; Paul Lomazzo Leonard de Vinci, le Bronzin le Pontorme; Sebastien del-piombo le Giorgion; le Baroche a eu Vannius pour éléve, & l'on confond fouvent leurs ouvrages; le Valentin fe prend pour le Caravage & le Manfredi; Verendal & le Pietre Gueche pour le Breugel; le Varrege, Ansberg & Moyfe pour Corneille Polemburg; Leandre & François Bassan pour Jacques Baffan leur pere, Carletto pour Paul Veronefe; Gofredy pour Bartolomé Breen

berg; Bramer pour Rembrant, Slingeland pour le Mieris, Colandon pour le Mole, Jean Dominique & le Courtois pour Claude Lorrain; Jean Affelin pour Jean Mielle; Vanhelmont & Dominique Ricart pour David Teniers; le Geffi pour le Guide; le Cavedon pour le Carrache; Voynans, Vanblom, & Lingelback pour Wouwerman, Mieris le fils pour fon pere; Nieulan & Matthieu Bril pour Paul Bril; Paul Ricart & Terburg pour Neftcher, Neftcher & Scalcken pour Gerar-dou; Salomon, Moyfe & Jacques Ernest Tho man de Landau pour Adam Elfaymer; Bartolomeo pour Salvator Rofa; Bega pour Van-ostade, Belin pour Fouquieres, Vanboucle, Boule, & de Vos pour Snyders; François Vanblomen, Orizzont pour Ġuaspre Pouffin. Un peu d'habitude vous mettra en état de diftinguer les tableaux des maîtres, d'avec ceux de leurs éléves ou imitateurs.

Il y a encore une forte de tableaux qui ne font ni originaux ni copies, les Italiens les appellent Paftici, ce font des tableaux faits dans le goût d'un autre. On verra dans l'histoire de la peinture qui va fuivre, aux articles de Lucas Jordans & de David Teniers, qu'ils excelloient dans ce genre de peinture & qu'ils ont trompé les plus habiles gens. Mignart & Bon Boullongne dans l'école Françoise en ont auffi impofé aux personnes les plus éclairées. Les traits d'hiftoire qui conftatent ces faits feroient ici déplacés, on les réserve pour la vie de ces grands peintres. Cette imitation bien fuivie trompe en effet beaucoup de curieux; le moyen de s'en garantir eft de s'attacher à la touche, à la couleur, au pinceau, &

fur-tout à la finesse de la pensée du véritable auteur. Les fujets de ces tableaux font ordinairement fimples, de plus compofés décéleroient tout-d'un-coup la tromperie.

Voici l'article le plus effentiel de la connoissance des tableaux; c'est la diftinction des copies d'avec les originaux. On peut envisager fix fortes de copies: les copies ferviles, les copies faciles qui ne font pas fidéles, les copies fidéles, les copies un peu retouchées du maître, les copies entierement retouchées du maître, & celles qui font toutes de sa main.

Les copies faites fervilement & d'une main lour. de & appéfantie, quoique fidéles, paroissent telles aux yeux de tout le monde: il n'est pas difficile de fe garantir contre leur incorrection, leur mauvais goût, & le froid qui y est répandu.

Les copies faciles, mais qui ne font pas fuivies fidélement, par les traits de feu qui feront échappés au peintre, qui fouvent dans l'exécution a confervé fa maniere ordinaire, portent avec elles des preuves manifestes de leur fauffeté; les deux manieres ne se peuvent méconnoître, elles forment un ouvrage compofé, c'eft ce qu'on remarque dans les copies de Raphaël faites par Rubens.

Les copies fidéles qui partent d'une main facile & légére sont plus embarrassantes, & demandent une vraie connoiffance. L'élégance de la touche d'un maître, sa vraie maniere qu'il faut fçavoir par cœur, un certain efprit qui peut y manquer, doit vous conduire à décider; celui qui a fait la copie y a fûrement mis du fien & cela fuffit.

Les

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