l'année fuivante 1650. fe trompent G. J. Antoine Thyfius a fait fon Epitaphe, qui merite d'être rapportée ici. Hoc tumulo plorat pietas & candida virtus, Et luctu Pallas faxea diriguit. Invida mors rider, ridet quoque Voffius illam, Dum calamo mortem vincit & in genio. On trouve fon caractere fort bien exprimé dans le parallele que les Journalistes de Trevoux (a) font entre lui & fon fils, & qui doir pour cette raison avoir fa place ici. » Rien de plus oppofé que les [a] Janvier 1713. p. 178. Bibliothes Fontaines SF 205 60501 CHANTILLY Cedex G. J. » caracteres du pere & du fils; rien Vossius.» de plus different que leurs efprits. » Dans le pere le jugement domi>> noit, l'imagination dominoit dans » le fils; le pere travailloit lente»ment, le fils travailloit facile>>ment; le pere fe défioit des con»jectures les mieux établies, le » fils n'aimoit que les conjectures >>hardies; le pere formoit fes opi»nions fur ce qu'il lifoit, le fils prenoit une opinion, & lifoit en» fuite; le pere s'attachoit à péné»trer la penfée des Auteurs qu'il >> citoit, à ne leur rien impofer, & » les regardoit comme fes maîtres, » le fils s'appliquoit à donner fes » propres penfées aux Auteurs qu'il » citoit, il ne fe picquoit pas d'une » fidelité exacte en les citant, il les » regardoit comme des efclaves, » qu'il avoit droit de faire parler à »fon gré; le pere cherchoit à inf truire, le fils à faire du bruit ; » la verité étoit le charme du pere, » la nouveauté étoit le charme du » fils. Dans le pere on admire une » érudition vaste, mais arrangée » avec tant d'ordre, exprimée avec » tant de clarté, que tout s'entend, G. J. aveugle qui ne voyoit pas que la gloire de la Religion eft de n'être » attaquée que par des efprits fu»perficiels. L'obscenité de fes Re» marques fur Catulle, imprimées fur » la fin de fa vic, a découvert un ,, autre principe de fon impieté. G. J. Ajoûtons à ceci que Voffius n'é VossIUS. toit parvenu à un fi haut degré de capacité & de fcience, que par une application affiduë à l'étude. Avare de fon tems, il fçavoit mettre à profit les heures même de fes repas, & enlevoit à fon fommeil tout ce qu'il n'étoit pas indifpenfablement obligé de lui accorder. Quand fes amis venoient le voir, il ne leur donnoit jamais qu'un quart-d'heure, & l'on raconte (a) que Chriftophe Schrader, qui fçavoit fa coutume, l'ayant un jour vifité, & fe levant après le quart-d'heure pour s'en aller, Voffius le retint encore un autre quart-d'heure, après lequel il prit fon fablier, qu'il avoit toujours devant lui pour ne point fe tromper fur cet article, & le lui montrant, lui dit : Voyez combien je vous ai donné de tems. Catalogue de fes Ouvrages. Gerardi Joannis Voffii Opera in fex tomos divifa. Amftelodami, in - fol. 1695-1701. Les Ouvrages de Voffius ne font pas du nombre de (a) Paravicini fingul. de Eruditis a P. 182. » ceux qui n'ont cours qu'un cer- G. J. tain tems, après lequel on les Vossius. » confine au fond d'une Bibliothe " » que, abandonnez à la merci de la » pouffiere & des vers. Ils feront »eftimez auffi long-tems qu'il y aura des Sçavans & des perfonnes » de bon goût dans le monde, & » recherchez par tous ceux de ce caractere qui les connoîtront. Il eft vrai que Voffius n'a pas été toutà-fait exemt de certains défauts "affez ordinaires à ceux de fa pro»feffion. Il a quelquefois un peu trop étalé fa lecture, & a trop fçû l'art de mettre à profit tout » ce qu'il avoit lû. Comme il avoit » le goût fort bon, & que d'ordinaire il choififfoit bien, il auroit » pû fe difpenfer de nous dire tout ce qu'il fçavoit fur les fujets qu'il » manioit, & omettre certains fentimens, dont lui-même recon»noiffoit fort bien le foible, ou » même l'impertinence. Il pouvoit » auffi obferver en diverfes occafions une methode plus naturelle » & plus exacte que celle qu'il a fuivie. Enfin il n'a pas toujours I iiij |