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l'année fuivante 1650. fe trompent G. J.
sûrement; car parmi fes Lettres on Vossius.
en trouve une de Samuel des Marets,
Profeffeur en Theologie à Gronin-
gue, datée du 5. Avril 1649. &
adreffée à la veuve de Voffius, pour
la confoler de la mort de fon mari.
On en a une nouvelle
preuve dans
une Lettre de Gui Patin à Charles
Spon, datée du 14. Mai 1649. où il
lui annonce sa mort.

Antoine Thyfius a fait fon Epitaphe, qui merite d'être rapportée

ici.

Hoc tumulo plorat pietas & candida

virtus,

Et luctu Pallas faxea diriguit.

Invida mors rider, ridet quoque Voffius illam,

Dum calamo mortem vincit & in genio.

On trouve fon caractere fort bien exprimé dans le parallele que les Journalistes de Trevoux (a) font entre lui & fon fils, & qui doir pour cette raison avoir fa place

ici.

» Rien de plus oppofé que les

[a] Janvier 1713. p. 178.

Bibliothes Fontaines

SF 205

60501 CHANTILLY Cedex
Té... (16) 44 67 24.60

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G. J. » caracteres du pere & du fils; rien Vossius.» de plus different que leurs efprits. » Dans le pere le jugement domi>> noit, l'imagination dominoit dans » le fils; le pere travailloit lente»ment, le fils travailloit facile>>ment; le pere fe défioit des con»jectures les mieux établies, le » fils n'aimoit que les conjectures >>hardies; le pere formoit fes opi»nions fur ce qu'il lifoit, le fils prenoit une opinion, & lifoit en» fuite; le pere s'attachoit à péné»trer la penfée des Auteurs qu'il >> citoit, à ne leur rien impofer, & » les regardoit comme fes maîtres, » le fils s'appliquoit à donner fes » propres penfées aux Auteurs qu'il » citoit, il ne fe picquoit pas d'une » fidelité exacte en les citant, il les » regardoit comme des efclaves, » qu'il avoit droit de faire parler à »fon gré; le pere cherchoit à inf

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truire, le fils à faire du bruit ; » la verité étoit le charme du pere, » la nouveauté étoit le charme du » fils. Dans le pere on admire une » érudition vaste, mais arrangée » avec tant d'ordre, exprimée avec

» tant de clarté, que tout s'entend, G. J.
tout fe retient; on admire dans le VosSIUS.
» fils un tour ébloüiffant, des pen-
» fées fingulieres, une vivacité qui
» fe foûtient toujours & qui plaît
» toujours, même dans la plus mau-
» vaise cause. Le pere a fait de bons
» Livres, le fils a fait des Livres cu-
»rieux. Leurs cœurs ont été auffi
» differens que leurs efprits. Le pere,
» homme de probité, reglé dans fes
» mœurs, né par malheur dans la
» fecte Calvinifte, a eu toujours la
Religion en vûë dans fes études, il
» s'eft détrompé de beaucoup d'er-
reurs, & il a approché de la foi,
» autant que la raison seule peut en
approcher. Le fils, libertin de
» cœur & d'efprit, a regardé la
Religion comme la matiere de
»fes triomphes, il ne l'a étudiée
» que pour en chercher le foible,

aveugle qui ne voyoit pas que la gloire de la Religion eft de n'être » attaquée que par des efprits fu»perficiels. L'obscenité de fes Re» marques fur Catulle, imprimées fur » la fin de fa vic, a découvert un ,, autre principe de fon impieté.

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G. J.

Ajoûtons à ceci que Voffius n'é

VossIUS. toit parvenu à un fi haut degré de capacité & de fcience, que par une application affiduë à l'étude. Avare de fon tems, il fçavoit mettre à profit les heures même de fes repas, & enlevoit à fon fommeil tout ce qu'il n'étoit pas indifpenfablement obligé de lui accorder. Quand fes amis venoient le voir, il ne leur donnoit jamais qu'un quart-d'heure, & l'on raconte (a) que Chriftophe Schrader, qui fçavoit fa coutume, l'ayant un jour vifité, & fe levant après le quart-d'heure pour s'en aller, Voffius le retint encore un autre quart-d'heure, après lequel il prit fon fablier, qu'il avoit toujours devant lui pour ne point fe tromper fur cet article, & le lui montrant, lui dit : Voyez combien je vous ai donné de tems.

Catalogue de fes Ouvrages. Gerardi Joannis Voffii Opera in fex tomos divifa. Amftelodami, in - fol. 1695-1701. Les Ouvrages de Voffius ne font pas du nombre de (a) Paravicini fingul. de Eruditis a P. 182.

» ceux qui n'ont cours qu'un cer- G. J. tain tems, après lequel on les Vossius. » confine au fond d'une Bibliothe

"

» que, abandonnez à la merci de la » pouffiere & des vers. Ils feront »eftimez auffi long-tems qu'il y aura des Sçavans & des perfonnes » de bon goût dans le monde, & » recherchez par tous ceux de ce caractere qui les connoîtront. Il eft vrai que Voffius n'a pas été toutà-fait exemt de certains défauts "affez ordinaires à ceux de fa pro»feffion. Il a quelquefois un peu trop étalé fa lecture, & a trop fçû l'art de mettre à profit tout » ce qu'il avoit lû. Comme il avoit » le goût fort bon, & que d'ordinaire il choififfoit bien, il auroit » pû fe difpenfer de nous dire tout

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ce qu'il fçavoit fur les fujets qu'il » manioit, & omettre certains fentimens, dont lui-même recon»noiffoit fort bien le foible, ou » même l'impertinence. Il pouvoit » auffi obferver en diverfes occafions une methode plus naturelle » & plus exacte que celle qu'il a fuivie. Enfin il n'a pas toujours I iiij

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