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Mai 1711. Il étoit alors dans fa foixante-uniéme année.

On a de lui deux Ouvrages.

Le premier eft en Polonois, & contient les Difcours qu'il avoit prónoncé dans les Dietes & en d'autres occafions.

2. Epiftorico-familiares à morte Ludovica Regina & abdicatione Regis Johannis Cafimiri ufque ad noftra tempora continentes. Brunsberga 1709. 1711. in fol. 3. vol. Ces Lettres font très-curieufes, & on y trouve une infinité de faits très-intereffans fur l'Hiftoire de la Pologne.

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V. la Bibliotheque Germanique, tome 18. p. 167.

PIERRE RAMUS.

PIER

A. C. ZALUSKI.

IERRE Ramus ou de la Ra- P. RAmée, naquit l'an 1515. dans un MUS. Village de Vermandois en Picardie, nommé Cuth. Son ayeul, qui étoit d'une bonne famille du Pays de Liege, s'étoit retiré dans ces quartiers-là, après avoir perdu tous fes biens, lorfque fa Patrie fut réduite

MUS.

P. RA- en cendre par Charles Duc de Bourgogne. Le trifte état où il fe vit alors, l'obligea à gagner fa vie le refte de fes jours, à faire & à vendre du charbon. Il laiffa un fils qui gagna la fienne à labourer, & qui fut le pere de celui dont il s'agit ici.

Pierre Ramus ne fut gueres plus heureux que fon pere & fon ayeul, car fa vie a été une alternative perpetuelle d'élevation & d'abaiffement, & il a été en toutes manieres le jouet de la fortune.

A peine étoit-il hors du berceau, qu'il fut attaqué deux fois de la pelte. A l'âge de huit ans l'envie d'apprendre le fit venir à Paris,mais la mifere l'ayant obligé d'en fortir, il y revint le plutôt qu'il put; & n'y trouvant point les moyens d'y fubfifter, il en partit une feconde fois, La mauvaise réuffite de ces deux voyages ne le découragerent pas cependant; fa paffion pour l'étude lui en fit entreprendre un troifiéme, qui fut plus heureux.

Il fut d'abord entretenu pendant quelques mois par un de fes oncles;

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mais ce fecours lui ayant manqué, P. Ra

il fut contraint d'être valet au Col- MUS.
lege de Navarre. Le fervice qu'il
rendoit à fon maître, ne l'empê-
choit pas de s'appliquer à l'étude,
car il y employoit une partie de la
nuit, & y fit par ce moyen des
progrez confiderables en peu de

tems.

Il n'y a aucune vraisemblance à ce qu'on lit dans le premier Scaligerana qu'il vêcut jufqu'à l'âge de dix-neuf ans fans fçavoir lire, qu'il avoit l'efprit hebêté, pefant & ftupide, & qu'il avoit trente ans lorfqu'il écrivit contre Ariftote. Ce dernier fait eft inconteftablement faux; car fon Livre contre Ariftote fut condamné après mille conteftations le 10. Mai 1043. Or il n'avoit encore que vingt-huit ans.

Aprés fes études d'Humanitez & de Rhetorique, il fit fon cours de Philofophie, qui dura felon l'usage de fon tems trois ans & demi. La These qu'il foûtint pour fe faire recevoir Maître-ès-Arts, révolta bien du monde; il s'y propofa de foûtenir cette propofition, que Tout

P. RA ce qu'Ariftote avoit dit étoit faux.

MUS.

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Tous les Profeffeurs, qui ne connoiffoient d'autre Philofophe qu'Ariftote, & qui croyoient qu'on ne pouvoit fans crime aller contre fon autorité, prirent feu, & vinrent attaquer la Thefe avec toute la force que leur habileté pouvoit leur fournir. Mais le Répondant repouffa pendant un jour entier leurs attaques avec tant de fubtilité & d'adreffe, que tout Paris en fut dans l'étonnement..

Ce fuccès enhardit Ramus, & lui. fit naître l'envie d'examiner plus à fond la doctrine d'Ariftote & de la combattre vigoureufement; il fe borna cependant à la Logique, à laquelle il rapporta toutes fes lectures, & même les Leçons d'Eloquence, qu'il commença alors à faire à la jeuneffe.

Les deux premiers Livres qu'il publia fur cette matiere, cauferent de grands troubles dans l'Univerfité de Paris. On le cita devant les Juges Criminels, comme un homme qui vouloit renverfer la Religion & les Sciences. Le Parlement voyant le

vacarme que caufoit cette affaire, P.'RAvoulut en prendre connoiffance; MUS.. mais fes adverfaires perfuadez qu'elle Y feroit examinée dans toutes les formes & felon les regles de l'équité, la tirerent de ce Tribunal par leurs intrigues, & la firent évoquer au Confeil du Roi, où ils efperoient que leur credit leur feroit d'un grand ufage.

Le Roi ordonna donc qu'Antoine Govea, qui étoit fon principal adverfaire, & Ramus choifiroient chacun deux perfonnes habiles pour être avec celui qu'il nommeroit luimême Juges de leur difpute. En: conféquence de cette ordonnance, Govea choifit Pierre Danés & Fran çois Vicomercat, & Ramus nomma Jean Quintin, Docteur en Droit', & Jean de Beaumont, Docteur en Medecine. Le Deputé de la part du Roi fut Jean de Salignac, Docteur en Theologie.

Ramus, pour obéir aux ordres du: Roi, comparut devant les cinq Ju-ges, quoiqu'il y en eût trois qui fuffent fes ennemis declarez. Ön difputa pendant deux jours. Il foû-

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