MUS.

P. RA-commencement de cette année. Dès qu'il fe vit Profeffeur Royal, il fe fentit un nouveau zele pour perfectionner les Sciences, & il y travailla avec encore plus d'ardeur qu'il n'avoit fait jufques-là, malgré la haine de fes ennemis, qui ne pouvoient le laiffer en repos.

Il eut alors part à une affaire affez finguliere pour la rapporter ici. Vers l'an 155 o. les Profeffeurs Royaux avoient commencé à corriger quelques abus qui s'étoient gliffez dans la prononciation de la Langue Latine; cette réforme embraffée par quelques Ecclefiaftiques, déplût à d'autres, qui défendirent avec chaleur l'ancienne prononcia tion à laquelle ils étoient accoû→ tumez. La chofe alla même fi loin, qu'un Beneficier fut dépouillé de fes revenus par la Faculté de Theologie, pour avoir prononcé Quifquis, Quanquam, fuivant la nouvelle réforme, & non pas Kiskis, Kankam, felon l'ancien ufage. Ce Beneficier s'étant pourvû au Parlement, les Profeffeurs Royaux, & entr'autres Ramus, craignants qu'il

ne fuccombât fous le credit de la P. RAFaculté, fe crurent obligez de le MUS. fecourir; ils allerent donc à l'Audience, & reprefenterent fi vivement à la Cour l'indignité d'un tel procès, que l'accufé fut abfous, & qu'on laiffa la liberté de prononcer comme on voudroit.

Ramus avoit été élevé & inftruit dès fa plus tendre jeuneffe dans la Religion Catholique, mais la lecture des Livres des Proteftans l'avoit féduit, & lui avoit donné du goût pour leur Doctrine. Il commença à faire connoître fes fentimens en ôtant les Images de la Chapelle de fon College de Prefle. C'étoit en 1652. que les Religionnaires commencerent à remuer, & comme on ne vouloit fouffrir dans l'Univerfité que des perfonnes d'une Doctrine faine, il en fut chaffé la même année, & deftitué de fa Charge. (4)

La crainte qu'il eut de quel que chofe de pis, l'obligea alors à fe retirer, & il alla, fous le bon

(a) Felibien, Hift. de Paris, t. 2. p. 1084

MUS.

P. RA-plaifir du Roi, qui le protegeoit, fe cacher à Fontainebleau, où, à la faveur des Livres qu'il y trouvà dans la Bibliotheque Royale, il continua fes travaux Geometriques & Aftronomiques, qui l'occupoient beaucoup depuis quelque

tems.

Mais il ne demeura pas longtems tranquille en ce lieu. On decouvrit qu'il y étoit, & cette découverte ne lui permit pas d'y ref ter davantage. Il fallut qu'il s'allât cacher fucceffivement en divers endroits: Pendant ce tems-là fon College fut pillé, & il perdit la riche Bibliotheque qu'il y avoit amaffé.

Lorfque la paix eût été concluë l'an 1563. entre le Roi Charles IX. & les Proteftans, il reprit poffeffion de fa Charge, s'y maintint avec vigueur, & s'attacha principalement à faire fleurir les études de Mathematiques. Nous trouvons dans l'Hif toire de la Ville de Paris (a) une preu ve éclatante de fon zele en cette ma< tiere, qu'il ne faut pas omettre.

() Felibien,Hift. de Paris,t. 2.p. 1106

MUS.

L'intention du Roi François I. P. RA» dit l'Auteur, en fondant le Col»lege Royal, avoit été que les pla>ces de Profeffeurs ne fuffent occupées que par des gens capables » de les remplir avec honneur. Des gens fans merite avoient enfin trouvé moyen, par amis & par » intrigues d'en occuper quelques& de ce nombre étoit

» unes

» Dampeftre, qui s'étoit chargé » d'enseigner les Mathematiques. » dont il fçavoit à peine les pre » miers élémens. Pierre de la Ramée l'entreprit, & l'accufant d'in» fuffifance, le traduifit au Parlement, où l'indigne Profeffeur fut >> condamné à fubir l'examen. La » Ramée ne fe contenta pas de cela, » il écrivit au Roi, à la Reine, au

Cardinal de Chatillon, Conferva»teur de l'Univerfité de Paris મે

l'Evêque de Valence, & à plu» fieurs autres Seigneurs du Confeil » du Roi, & en obtint une Ordon»nance en date du 24. Janvier » 1566. par laquelle il fut reglé que Dampeftre & tous les autres Profeffeurs, qui fe prefenteroient

MUS.

P. RA-» déformais pour être admis au Col» lege Royal, feroient examinez publiquement par tous les autres » Lecteurs. Dampeftre pour n'avoir pas l'affront d'être convaincu d'in» fuffifance, ceda fa place, à de certaines conditions, à Charpen» tier, Docteur en Medecine, encore moins verfé que lui dans les » Mathematiques, mais homme » d'intrigue & artificieux. La Ra»mée l'attaqua plus vivement que » l'autre, & fe donna tant de mou» vemens, que le Roi fit expedier » des Lettres Patentes du 7. de la » même année, données à Moulins, » par lefquelles, après le recit des » foins que s'étoit donné Pierre de

la Ramée, Doyen des Profeffeurs » Royaux, contre Dampeftre, le » Roi veut que quand il vacquera » une place de Profeffeur Royal, non le faffe fçavoir à toutes les » Univerfitez les plus fameufes, » afin que ceux qui fe fentiront dans » la difpofition de la difputer au "concours viennent fe prefen»ter à l'examen des autres Pro» feffeurs du même College,& dif