» puter la chaire vacante, laquelle P. RA que meritoit la protection que » donnoit le Roi aux Belles Lettres. » Pierre de la Ramée ne laiffa pas » plus Charpentier en paix, que ce» lui qui l'avoit précedé dans la » chaire de Mathematique. Il le fit >> comparoître à la Cour, où le » nouveau Profeffeur obtint par fes » larmes & par fon éloquence de ne » pas fubir l'examen. Le Parlement » lui prefcrivit des conditions, qu'il » n'executa point ou dont il s'ac» quitta de mauvaise foi; ce qui » obligea la Ramée de le traduire au » Confeil, où par les artifices de » Charpentier, il fe trouva lui-mê» me dans la neceffité de faire fon » apologie. Toutes ces démarches » de la Ramée lui furent funeftes dans la fuite. Les guerres civiles ayant recom mencé en 1567. Ramus fut de nou MUS. P. RA-veau obligé de quitter Paris; il fe refugia auprès du Prince de Condé, qui avoit fon armée à S. Denys, & ÿ étoit pendant la bataille qui fe donna en ce lieu. La paix qui fe fit peu de tems après, l'engagea à revenir à Paris, où il fut rétabli dans fa Charge: mais il forma le deffein de fe retirer en un lieu de fùreté, pour n'être point exposé à de nouveaux dangers. Il demanda pour cela au Roi la permiffion d'aller vifiter les Acadenies d'Allemagne, & elle lui fut accordée. Il fit ce voyage en 1568. & reçut par tout de fort grands honneurs. Il fit pendant quelque tems des Leçons à Heidelberg. André Dudith, qui avoit beaucoup de credit auprès du Roi de Pologne, l'invita à fe rendre à Cracovie; Jean Zapol Waiwode de Tranfylvanie, lui offrit auffi des appointemens confiderables, avec le Rectorat de l'Academie de Weiffembourg; mais il ne jugea pas à propos d'accepter teurs offres. Pendant fon fejour à Heidelberg ik fut fut affidu aux Sermons que les Re- P.RA formez y faifoient en François, & MUS. ́ ́ ce fut dans leur Eglife qu'il communia pour la premiere fois, après avoir publié fa profeffion de foi. L'attachement qu'il avoit pour fa Patrie, l'y ramena pour fon malheur en 1571. car il fut affaffiné le 25. Août 1572. au maffacre de la S. Barthelemi. Il s'étoit caché dans une cave pendant le tumulte, mais il en fut tiré par des Affaffins que lui envoya Charpentier fon competiteur, & après qu'il eût donné beaucoup d'argent pour tâcher de fe tirer de leurs mains, & reçû quelques bleffures, il fut jetté par la fenêtre dans la cour, & fes entrailles étant forties de fon corps par cette chûte, les Ecoliers animéz par leurs Maîtres, qui le haïffoient, les répandi-rent dans les rues, & traînerent ignominieufement fon corps en le frappant avec des verges. Il avoit fait fon teftament, qui eft daté de Paris le premier Août 1568. avant que de partir pour T'Allemagne. Par ce teftament i ordonnoit que de fept cens livres » "Tome XIII. Aa ges P. RA-de rente qu'il avoit fur l'Hôtel de Ville, cinq cens ferviroient de gaà un Profeffeur qui enfeigneroit en trois ans l'Arithmetique, la Mufique, la Geometrie, l'Optique, l'Aftrologie & la Geographie dans le College Royal; au bout duquel tems, on en choifiroit un autre avec les circonftances qu'il prefcrit, pour faire le même cours d'études. Et il nommoit pour le premier Profeffeur, qui jouiroit de ce revenu, Frederic Reifnerus, qui étoit fon ami. Mais cette fondation n'eut point d'abord fon effet comme elle l'eut dans la fuite, car le Prevôt des Marchands & les Echevins prefenterent le 17. Mars 1573. une Requête au Parlement, où ils remontrerent que M. Pierre de la Ramée par fon teftament avoit legué la fomme de cing cens livres tournois de rente qu'il avoit fur ladite Ville, au Lecteur de Mathematique, qui feroit élû par les Supplians, le Premier Préfident de la Cour, & le premier Avocat ( du Roi) qui étoit chofe fuperfluë, vû la multitude des Lecteurs en Mathematique, ftipendioz ร par le Roi & par les Colleges; & qu'il - P. RaJeroit plus expedient d'employer ladite MUS. rente aux gages d'une perfonne capable, qui feroit élûë par lefdits deffufdits, &par le Procureur General du Roy pour continuer l'Hiftoire de France de Paul Emile, depuis le commencement de Charles VIII. jusqu'au Roy alors regnant. La Cour, oüi le premier Préfident, le fecond Avocat du Roy en l'abfence du premier, & vues les Conclufions du Procureur General du Roy, par provision & jufqu'à ce que les Supplians avec le premier Prefident & le Premier Avocat du Roy euffent advisé de choisir un Lecteur fuffifant pour lire les Mathematiques, s'il eft trouvé expedient pour le bien public, ordonna que ladite rente & les arrerages d'icelles jufqu'à ce jour feroit baillée à M. Jacques Gobory, Avocat en la Cour, pour continuer en Langue Latine l'H toire de France de Paul Emile, & à cette fin prendre pancartes autentiques bons memoires & inftructions, titres & autres papiers necessaires pour compofer au vrai ladite Hiftoire. ( a ) (a) Extrait des Regift. du Parl, dans les Preuves de l'Hift. de Paris, part. 2. p. 83 96 |