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P. RA- Je ne fçai comment accorder la Requête du Prevôt des Marchands & des Echevins, avec le Teftamentde Ramus; car il n'y eft pas dit que ce feront eux qui nommeront le Profeffeur pour remplir la chaire qu'il fondoit, il en donna au contrairele choix aux Profeffeurs Royaux; il dit feulement que le premier Préfident, le premier Avocat du Roi · & le Prevôt des Marchands affisteront, ou du moins feront invitez à affifter à l'examen des prétendans.

Au refte Gohory s'acquitta des engagemens que lui impofoit la penfion qu'on lui avoit accordée, & continua en Latin l'Hiftoire de Paul Emile; mais fa continuation eft de--meurée manufcrite, & n'a jamais été imprimée.

Ramus étoit un homme de belle taille, de bonne mine, & d'une complexion vigoureufe & infatigable dans le travail. Il n'avoit d'autre lit que de la paille,fur laquelle il coucha toujours depuis fon enfance jufqu'à fa vieilleffe. Il fe levoit ordinairement de grand matin. Comme 11 employoit tout le jour à lire,à écrire

& à méditer, afin de fe conferver P. RA l'efprit plus libre, il ne prenoit le MUS. · matin qu'un leger repas; le foir il mangeoit un peu davantage,& après fouper il fepromenoit pendant deux ou trois heures, ou s'entretenoit avec fes amis. Son aliment ordinaire étoit de la viande boüillie, & il ne commença à boire du vin que dans un âge un peu avancé & par ordre des Medecins. L'averfion qu'il avoit pour le vin, venoit d'un accident qui lui étoit arrivé dans fa premiere jeuneffe; car étant alors entré dans la cave à l'infçû de fes parens, il but fi abondamment, qu'on le trouva près du tonneau · fans connoiffance & comme mort. L'état où il s'étoit mis fit depuis tant d'impreffion fur lui, qu'il fut plus de vingt ans fans vouloir boire de vin..

Il garda toute fa vie le célibat avec une pureté, qui ne fut pas même foupçonnée de la moindre tache, & il évitoit comme un poifon les converfations trop libres.

Il conferva fa fanté & fe guérit de fes indifpofitions, non point par

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P. RA- l'ufage des remedes, mais par la fobrieté, par l'abftinence & par l'exercice, fur tout par celui du Jeu de Paume, qui étoit fon divertiffement ordinaire.

Il étoit parfaitement défintereffé, & fi liberal, qu'il diftribuoit une partie de fon bien à ceux de fes écoliers qui en avoient befoin.

Il avoit un génie fort vafte & un fçavoir profond; il avoit embraffé toutés les Sciences, & ne proposoit pas moins que de les reformer toutes; mais c'étoit une entreprife qui furpaffoit fes forces. L'envie de fe diftinguer, fon penchant naturel à contredire, & fon opiniâtreté l'ont engagé dans des difputes & des embarras qu'il auroit pû s'épargner. La hardieffe qu'il eut de foutenir à la fin de fa Philofophie que tout ce qu'Ariftote avoit dit étoit faux, étoit une action de jeune homme, qu'il fe fit cependant un point d'honneur de foûtenir dans la fuite, mais qui ne le rendoit gueres moins ridicule que l'étoient fes adverfaires, en foûtenant que tout ce qu'Ariftote avoit avancé étoit vrai,

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On loue beaucoup fon éloquence, B. RAdont Brantome (a) rapporte une MUS. preuve finguliere. M. Ramus, dit-il, étoit un fort difert & éloquent Orateur, &peu s'en est-il vû de femblables; car il avoit une grace inégale à tout autre. qui fecourost davantage fon éloquence, jufques-là qu'au bout de quelque tems, lui s'étant rendu Huguenot, & étant en la compagnie de Meffieurs le Prince &l'Amiral, au voyage de Lorraine, &leurs Reitres, qu'ils avoient fait venir, ne voulant paffer vers la France, qu'ils n'euffent de l'argent, après qu'ils en eurent un peu touché par quelques bourcillemens que les Huguenots enrent faits entr'eux, que M. Ramus les eut haranguez, ils en furent gagnez & menez au cœur de la France, pour faire affez de maux.

من

Il falloit qu'on lui connut du talent pour gagner les efprits, puifqu'on voulut l'engager par de grandes promeffes à aller en Pologne en 1572. après la mort du Roi Sigifmond Augufte, pour prévenir par fon éloquence les Polonois en faveur

(a) Mem. des Hommes Ill. to. 2.p. ƒ f»

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P. RA-du Duc d'Anjou, qui fut élu lan

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née fuivante; mais il le refufa fousprétexte que l'éloquence ne devoit point être mercenaire. Il ne prévoyoit pas le malheur qui lui arriva peu de jours après, & qu'il auroit évité en faifant ce voyage.

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Quoique les Mathematiques ayent été fon fort, & ayent fait fa principale étude, on a fait depuis lui tant de nouvelles découvertes dans cette fcience, qu'on ne tient pas à prefent grand compte de ce qu'il a laiffé fur cette matiere.

Il fe mêla auffi de Theologie, & voulut fe rendre en quelque maniere chef de parti, en changeant la difcipline qui étoit en ufage dans les Eglifes Calviniftes. Il fe propofa d'y introduire le gouvernement De mocratique, & prétendit que lapuiffance des Chefs, conferée au peuple par Jesus-Chrift, ne devois être commife aux Confiftoires,qu'a fin qu'ils formaffent les premieres déliberations ou les premiers jugemens, qui feroient enfuite propofez au peuple & qui ne pourroient pal fer pour Loi, qu'en cas qu'ils fuffent 'confirmez:

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