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J.CORAS. Comme on l'a déja remarqué; chose furprenante & prefqu'incroyable qu'à cet âge il fut fe déja rendu illuftre dans les plus celebres Univerfitez de l'Europe.

Après avoir donné des leçons à Padoue pendant trois ans & quelques mois, il retourna à Toulouse, où il attendoit la vacance d'une chaire de Profeffeur, pour la difputer, lorfque Jacques de Tournon, Evêque de Valence, voulant rétablir l'Univerfité de cette Ville l'appella en 1544. pour y profeffer,

Il y refta pendant quelques an nées cependant les amis qu'il avoit en Italie l'y attirerent une feconde fois. On lui donna une chaire de Profeffeur à Ferrare, & il ne la quit, ta que lorfque l'Univerfité de TouLoufe, qui le regardoit comme fon nourriffon, lui offrit une pareille place. Il l'accepta d'autant plus volontiers, que c'étoit un moyen de revenir avec honneur dans fa Pa, trie.

On eft étonné de trouver dans la vie de Cujas, que huit cens écoliers

prenoient ordinairement fes leçons; J.CORAS. c'étoit bien autre chofe de Coras, s'il en faut croire M. Maynard,l'un des plus fçavans Magiftrats de fon fiecle, qui rapporte au Livre 4. ch. 12. de fes Arrêts notables, que lorsqu'il étudioit fous Coras, le nombre de fes écoliers alloit jusqu'à environ quatre mille pour le moins. Ce font fes

termes.

La Reine de Navarre éleva Coras à la dignité de fon Chancelier, & le Roi Henri II. l'honora d'une Charge de Confeiller au Parlement de Touloufe.

Il femble que cette Charge donnée à fon merite, fa qualité de Profeffeur, fes Ouvrages qu'on avoit fi fort applaudi, fa réputation étenduë jufqu'au point, qu'un celebre Ultramontain (4) le regarde comme le plus fçavant de fon fiecle enfin l'opinion publique, qui l'annonçoit comme l'un des premiers qui avoient tiré la fcience du Droit Ĉivil de la groffiereté où elle étoit auparavant. Il femble, dis-je, que par tant d'avantages il devoit avoir

a) Oldendorpius. Trad. de Formulis.

J. CORAS. acquis la difpenfe de l'examen. Cependant le Parlement de Toulouse, craignant les conféquences, voulut l'examiner.

Qui le croiroit? Coras, qui avoit foûtenu tant de difputes, Coras fi familiarifé avec les Loix, s'étant prefenté aux Chambres affemblées, pour répondre à quelque leger argument, fe trouva fi troublé, qu'il perdit la parole, deforte que fr on ne l'avoit connu, on l'auroit declaré incapable. Ayant obtenu quel ques momens pour fe remettre, reprit fes efprits, & fatisfit l'Affemblée, Comme il devoit & étoit tenu, non Toutefois fi hautement & dignement

il

'on efperoit de attendoit de lui. C'eft ainfi que s'exprime M. Maypard, liv. 1, ch. 75,

Coras fut un des premiers qui embrafferent la prétendue Reforme, pour laquelle il fe montra très-zelé. On fçait qu'après que le Prince de Condé fe fut rendu maître d'Orleans, & qu'il eut commencé la guerre par la prise de cette Ville les Huguenots fe faifirent de plufieurs autres.

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Les Calviniftes des bords de la J. CORASI Garonne comploterent d'en faire autant de Toulouse. On prétend que Coras fut un des principaux Auteurs de cette conjuration. Ce qu'il y a de certain, eft qu'après que l'entreprise eut échouée par la déroute des Conjurez, qui donnerent & foûtinrent de rudes affauts, Coras faillit à être enveloppé dans les fanglantes executions de Juftice que le Parlement fit faire. Le Baron de Fourquevaux, fon bon ami, eut beaucoup de peine à le fauver de la fureur du peuple, qui demandoit fa mort.

Cependant le Parlement par une Mercuriale fans exemple, interdit tous les Officiers fufpects de la prétenduë Reforme, & Coras fut de leur nombre. Mais le Roi touché des plaintes de ces Officiers, les rétablit dans leurs Charges par des Lettres Patentes, qui ne furent néanmoins enregistrées qu'après trois Arrêts du Confeil.

A peine Coras eut-il repris fes fonctions, qu'il fe chargea d'une Commiffion contre la ville de Tou

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J.CORAS.loufe. Les Capitouls ayant mis en déliberation dans un Confeil, fi on le recuferoit ou non? On convint non-feulernent de le recufer, mais, encore de fe pourvoir contre lui, au nom du Syndic de la Ville en réparation des injures qu'il avoit laiffé gliffer dans un de fes Livres (a) contre les Capitouls & les autres Officiers de l'Hôtel-de-Ville.

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Il faut convenir que Coras étoit dans le tort, d'avoir gratuitement & fans raifon maltraité les Magiftrats Municipaux d'une des plus grande Villes du Royaume, dans laquelle il fe faifoit gloire d'avoir reçû la naiffance; cependant il ne paroît pas que l'Inftance en réparation d'injures ait été pourfuivie. La vénération qu'on avoit pour Coras fit apparemment oublier les termes fàcheux qu'il avoit laiffé échapper.

Coras étoit grand Jufticier, mais fier & farouche; ce qui lui attira bien des affaires. Il en eut une avec le Cardinal Strofsi, Evêque d'Albi, de laquelle il fe tira pourtant avec honneur, comme il paroît par un (a) Mifcell. Juris. Lib. 3 c.6.

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