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G. J. eu trois enfans. Il fe remaria fix Vossius. mois après, c'est-à-dire le 18. Août de la même année à Elizabeth, fille de François Junius, dont il a eu fept enfans,cinq fils & deux filles. Cette fécondité a fait dire plaifamment à Grotius, qu'il étoit fort douteux, fi Voffius faifoit mieux des livres ou des enfans; fcriberet ne accuratius, an gigneret felicius? Il eut le chagrin de les voir mourir tous avant lui, excepté Ifaac Voffius, dont je parlerai dans l'article fuivant.

L'an 1614. & le fuivant les Comtes de Bentheim firent des tentatives pour l'attirer à Steinfurt, en lui offrant une chaire de Theologie dans l'Academie de cette Ville. Mais les Curateurs de celle de Leyde l'ayant dans le même tems choifi pour être Directeur du College Theologique, que les Etats de Hollande avoient établi depuis peu dans cette Ville; il accepta ce dernier emploi préferablement au premier, quoique les difficultez qu'il s'y figuroit, à cause des difputes violentes qui regnoient alors fur la prédeftination & la grace, l'épouvantaffent; & il l'a rem

pli pendant plus de quatre ans.

G. J. Il y avoit déja environ vingt ans VOSSIUS. qu'il étoit occupé à gouverner la jeuneffe tant à Dordrecht qu'à Leyde, & non pas feulement à Dordrecht, comme le dit Valere André, lorfque les Curateurs de l'Academie de Leyde jugerent à propos de lui donner un pofte plus gracieux & plus conforme à fon goût, en le faifant Profeffeur en Eloquence & en Chronologie dans leur Academie.

Quoiqu'il eût tâché de ne prendre aucune part aux difputes du tems, il s'y trouva cependant engagé comme malgré lui; il s'étoit rendu fufpect aux Gomariftes, qui étoient tout-puiffans depuis le Synode de Dordrecht tenu en 1612. parce qu'il favorifoit ouvertement la tolerance des Remontrans, &que dans fon Hiftoire du Pelagianifme il avoit prétendu que les fentimens de S. Auguftin fur la Prédestination & la Grace n'étoient pas les plus anciens, & que ceux des Remontrans étoient differens de ceux des Semi-" Pelagiens. Cependant il ne s'étoit point feparé des affemblées des

G. J.

Contre-Remontrans, quoiqu'il n'ap Vossius. prouvât pas leurs dogmes ni leur conduite. Mais ces ménagemens n'empêcherent point qu'unSynode defergou affemblé en 1620. ne le fufpendit de la Communion. Une année après il s'en tint un autre à Rotterdam, qui ordonna qu'il y feroit reçû, pourvû qu'il promît de ne rien faire ni rien écrire contre le Synode de Dordrecht; on vouloit fur tout lui faire retracter fon Hiftoire Pelagienne, ou avouer qu'il y avoit commis des fautes.

Il eut de la peine à s'engager à garder le filence, mais pour l'y forcer, on l'empêcha d'enfeigner en public & en particulier; ce qui lui caufa une fi grande perte, qu'il marque dans une de fes Lettres qu'elle alloit à plus de fix mille francs,monnoye de Hollande. Com me il étoit chargé d'une groffe famille, il fe détermina enfin en 1624. promettre le filence qu'on exigeoit de lui, & s'engagea même à expliquer dans quelque Ouvrage fes fentimens, fur le deffein qu'il avoit eu dans fon Hiftoire Pelagienne,

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Il executa cette derniere pro- Ġ. J. meffe en 1627. en publiant fon Li-Vossius. vre des Hiftoriens Latins. Il y rejette le fentiment des Semi-Pelagiens, & dit qu'il fuit celui de S. Auguftin & de S. Profper, qu'il croit que la foi & la perfeverance font des effets de la Prédeftination, qu'il n'a jamais prétendu que les Peres des quatre premiers fieles fuffent oppofez à S. Auguftin, mais feulement que ce Pere a plus dit que les autres n'avoient fait, fans avancer rien qui fût contraire à leur Doctrine. Il paroît que Voffius n'a parlé ainfi que pour contenter les Gomariftes,& pour ne point perdre fon emploi, puifqu'on voit par fes lettres qu'il n'étoit pas plus alors dans les fentimens de S. Auguftin, qu'il l'étoit auparavant.

Ce qui lui avoit fait des affaires en Hollande, lui fit honneur en Angleterre,où fon Histoire Pelagienne fut très-bien reçuë. Guillaume Laud, Archevêque de Cantorbery, l'eftimoit infiniment, & procura à Voffius un Canonicat de Cantorbery avec permiffion du Roi Charles I.. Tome XIII.

I

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G. J. de jouir de ce Benefice, en demeuVossius. rant en Hollande. Ce Canonicat rapportoit à Voffius cent livres fterling par an, ce qui fuffifoit pour le dédommager des pertes que les Gomariftes, lui avoient caufées.

La ville d'Amfterdam voulant en 1630. ériger une Academie, ou comme on l'appelle, une Ecole illuftre, jetta les yeux fur Voffius, pour en être comme la pierre fondamentale. La ville de Leyde se plaignit avec grand bruit de cette érection, qui bleffoit le privilege de fon Academie, laquelle lui avoit été accordée par préference aux autres Villes de Hollande, pour avoir föûtenu en 1574. un long fiege contre les Espagnols, & s'y oppofa le plus qu'elle put, tant pour cette raifon, que parce qu'on vouloit lui enlever Voffius. Mais la ville d'Amfterdam l'emporta enfin, & Voffius y alla en 1633. fuivant Valere André, prendre poffeffion d'une chaire de Profeffeur en Hiftoire.

Il eft mort en cette Ville au commencement de l'an 1649. âgé de 72. ans. Ceux qui reculent fa mort

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