Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Mais ces dix mille écus de rente ne confiftoient pas en une feule Abbayie. Desportes avoit trois Abbayies: celle de Tiron, celle de Bonport, & celle de Jofaphat. Et avec ces trois Abbayies, il a voit une Prébende de la Sainte Chapelle

de Paris.

XCIX.

Juftification de ce que j'ai dit dans l'Epitre Dedicatoire de mes Poëfies, que fans

Vénus Apollon eft froid.

Ai dit dans l'Epitre Dédicatoire de mes Poeties: Amatorios verfus, pudicos licet, bic excufarem fi meum effet exemplum. Sic fcripfit, quicumque verfus fcripfit. Et profecto Jine Venere friget Apollo. Mr. Baillet fait là-deffus une grande invective contre moi: comme fi j'avois dit la plus grande impiété du monde. Sur ce principe: ce font fes paroles: il faudra conclure que Monfieur Ménage est un excellent Poète : & qu'au contraire on n'a trouvé jusqu'ici que des Verfificateurs froids & languiffans dans toute la Société des Jéfuites: fullentils des Cafimirs, des Hoffchius, des Mambruns, des Wallius, des Rapins, des Commires, ou d'autres de cette force: qui bien qu'ils ayent fait des vers, n'ont pourtant pas jugé à propos d'y mefler des amourettes, ni aucun amour profane, que pour en inspirer de l'averfion, & pour en découvrir la diformité; & qui n'ont point voulu fouffrir que jamais Vénus vint échauffer leur Apollon. Je répons à Mr. Baillet, que ce que j'ai dit d'Apollon dans cette Epitre ne

par Balzac ont été confondus par Baillet qui a fuppofé que cette Abbayie donnée à Defportes lui avoit acquis ce loifir de dix mille écus de rente. Je fais que Baillet cite un autre endroit de Balzac qui fe trouve à la pag. 590. du même tome en ces termes. M. Amiral de Joyeuse donna dix mille écus à un barnme que j'ai connu pour lui avoir dédié un discours de ce Style-là où il n'avoit pas oublié le zénit de la vertu, le Soltice de l'honneur, & l'apogée de la gloire, non plus que le Roi des merveilles, & la merveille des Rois. Mais ce paffage eft encore moins favorable que l'autre à Baillet, & nul de tous les Auteurs qu'il appelle en garantie ne dit ni que l'Amiral de Joyeule at fait prefent pour une fois de dix mille écus à Defportes, ni qu'il lui ait donne une Abbayie, ni que cetre Abbaïe valût dix mille écus de rente. M. Ménage, pag. 381. de fon Livre Italien intitulé Mefcolanze, augmente le revenu de Delportes de deux mille é cus, & rapporte à fon fujet un mot que je me fouviens avoir iû dans une Epitre dédicatoire de MaiTom. VII.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

ret au Duc d'Olonne qui eft que Defportes avoit lui feul recueilli les recompenfes de tous les Poëtes fes devanciers, les contemporains, & fes fuccefleurs. Quelque riche au refte que fût Delportes il ne tint qu'à lui de l'être encore davantage, fi l'on en doit croire l'Apoftat Antoine Fuli pag. 171. de l'Epitre Apologetique qu'il a mile au devant de fon Francarcher de la vraie Eglife. L'Abbé de Tiron, dit-il, fut plaisant en une reponje qu'il fit à Henri III. lorsqu'il refula d'accepter de fa main un des premiers Archevefchez de ce Royaume. Le Roi s'enquerant de la raifon, il dit qu'si n'auroit jamais charge d'ames. Voire, dit le Roi,

vus eftes Ablé, n'avez vous pas charge des ames de vos Moines? Non, répondit Delportes, car ils n'en ont point. Du Verdier pag. 958. de fa Biblioth. imprimée l'an 1585. ne donne à Delportes que cinq à 6000. écus de rente: ce qui peut avoir été vrai de ce tems-là, le revenu du Poëte n'étant pas encore auffi grand qu'il le fut depuis.

Q

C.

Addition au chapitre d'Apollonius: qui eft le 1127. page 146. du Tome 3.

Onfieur BAILLET. On a d'Anciennes Scholes fur Apollonius: qui font fort courtes, mais favantes, & utiles: qu'on croit être de Tarrhaus, de Théon, & de quelques autres.

L'édition nouvelle que Jérémie Hotzlin en a donnée, eft eftimée de quelques-uns: mais d'autres n'en font gueres plus de cas que de plufieurs de celles qu'on appelle de Variorum.

MENAGE. Le Scholiafte d'Apollonius eft fans conteftation le plus favant Scholiafte que nous ayions fur les Poëtes Grecs. Il eft rempli de chofes curieufes, & fingulieres. Et il entre d'ailleurs trèsbien dans le fens de fon Auteur: Et il en explique auffi très-bien les hiftoires: en quoi il ne faut pas douter qu'il n'ait été

1. M. Ménage, qui doit cette citation à M. Bigot, a lu dans la Lettre de fon ami du 17. Septemb.

fecouru par le Livre des Hiftoires quit étoient dans Apollonius, écrit par un certain Charon, difciple d'Apollonius. Ce Scholiafte parle de ce Livre à la page 115. en ces termes Χάρων, αυτῷ τῷ Ἀπολλωνία γνώριμος ἐν τῷ περὶ Ἱςοριῶν τῇ ̓Απολλωνία.

Pour ce qui ett de Jérémie Hotzlin, c'est un miférable Ecrivain. Il est tout entier dans les Ebraïfines. I affecte d'anciens mots qui ne font plus en ufage: & il en invente de nouveaux. Je remarquerai ici en paffant, qu'il parle de Conradus Rittershulius, comme de fon patron. Conradus Rittershufius, fanctiffimus ille Juris Interpres & vindex: idemque patronus olim meus, infigniter pius, & conftans amicus (1). C'eft à la page 115.

Il y a à la fin de fon Edition d'Apollo. nius des Notes de Mr. Holftein, qui font fort judicieuses. Mr. Baillet n'en a point fait mention. Ce qui donne fujet de croire qu'il n'a jamais vu cette édition & qu'il n'en a parlé que fur le rapport d'autrui.

1687. animus, quoi qu'il y eût amicus bien écrit. Ily a mallu auffi Jeremie Hotzlin pour Jérémie Hoelzlin

ANTE

Tome 3. page 70.

ANTI-BAILLET.

SECONDE PARTIE.

C I.

Les noms des Divinitez Payennes peuvent être emplo ez dans les v.rs des Poëtes
Chrétiens. Plufieurs particularitez touchant Laurent Gambara.

Moni

[ocr errors]

Onfieur BAILLET. Laurent Gambara de Breffe (qui mourut l'an 1586.) a fait un Traité Latin de la maniere de rendre la Poefie parfaite, imprimé à Rome in 4. l'année de fa mort. Il prétend faire voir dans cet Ouvrage, qu'il y a une obligation indifpenfable à tout Poete, ou à tout Verfificateur & Rimeur fe difant Poëte, de retrancher, non feulement tout ce qui peut être mal-bonnéte, lafcif, & libertin dans les vers, mais encore tout ce qui fent la Fable, le cuite des faufles Divinitez. MENAGE. Laurent Gambara n'a pas fuivi fes préceptes: comme il paroît par cet endroit de fon Poëme, intitulé Leucon (I).

Dum Venus infano Martis flagraret amore, Optatos Mars (ape toros, & amata revisit Hofpitia. At poftquam venantem vidit Ado

nin

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Ariftote Livre 3. de

κλῆς ἔφη,

En quoi il ne peut être blâme. Car vouloir ôter l'amour & les Fables de la Poëfie, ce feroit, pour me fervir de l'expres fion de Pericles, vouloir ôter le printems de l'année. Je ferai voir dans un chapitre fa Rhet. à part, qu'il n'y a jamais û de Poëtes, à chap. 10. la referve de ceux qui font entrez jeunes Lepsdans la Religion, qui n'aient fait des versio d'amour. Et je vais faire voir ici cepen-oxodant, que l'opinion de ceux qui veulent My T ôter les Fables des Païens à la Poëfie ὅτως ἠφανία Chrétienne, n'eft pas foutenable. C'eft ce atari s qu'a fort bien remarqué Guilielmus Cri-ispius: en ces termes, qui font de fa Pré- TISTO ἔαρ ἐκ τῶ face fur Marulle à Francifcus Thorius: TE Sed nimis imperitè mihi facere videntur iginu. bomines quidam nimio plus religiofi, qui Počtam hunc veluti impium criminantur, quòd antiquitatis ftudiofus, quædam que De l'édi pugnare illis cum noftra religione videntur, tion de Paoperibus fuis immifcuerit. Imprimis verò chez André illud reprehendunt, quòd Jovem, Mar- Véchel. tem, cæteroque Veterum Deas, carminibus fuis celebrârit. Sed ii fanè homines quid Poetice Arti propofitum fit, intelligere mibi

non videntur. Nec enim animadvertunt illi religiofuli, longè aliam in Poëfi quam cæteris rebus libertatem permitti: aliafque ejus leges effe: quas qui tollunt, totam Poëfim eadem operá tollant oportet. Non veritas à Poëta, fed oblectatio exigitur:

[merged small][ocr errors]

ris 1561.

quam qui confequitur, probè fuo munere perfunctus eft. Quafi verò Marullus ita inJanus, aut mentis expers fuerit, ut, aut Jovem umquam fuiffe, aut Martem, creEpitre 75 diderit? Les Peres de l'Eglife les ont emploiées dans leurs Poëmes: témoin ce vers admirable de Synelius, Evêque de Ptolémaïde, fur le portrait de fa foeur Stratonice:

· Τῆς χρυσής νικών, ή Κύπριδος γή Στρατονίκης.

Sidonius Apollinaris, qui a été mis au nombre des Saints, a non feulement emploié dans fes vers les noms honnêtes des Dieux de la Fable, mais celui du Dieu des Jardins: comme il paroît par cet endroit, au fujet de Pétrone:

Ei te Maffilienfium per hortos,
Sacri ftipitis, ARBITER, colonum,
Hellefpontiaco parem Priapo.

Si j'avois emploié ce mot dans mes vers, que diroit de moi le dévot Mr. Baillet? J'ajoûte à Synélius & à Sidonius Apollinaris, les Sarbiofchi, les Jonins, les Vavaffeurs, les Vallius, les Hoffchius, les Sautels, les Lucas, les Frifons, les le Moines, les Rapins, les Commires, & les de la Rue de la Compagnie de Jé fus. Et j'ajoute à ces Religieux, un grand nombre d'Evêques de grande vertu: Vide, Altilius, Balthafar de Chaftillon, Godeau, Huet, &c. A quoi l'on peut encore ajoûter, ce que Dom Mabillon a re marqué dans fon Iter Italicum, que dans la Collection des Anciennes Infcriptions de Raphael Fabretti, il y eft fait mention d'un Tombeau d'un Chrétien, avec ces mots DIS Manibus; & qu'au deffus du Tombeau d'Ottavio Ferrari, Profeffeur de Padoüe, mort en 1684. lequel eft dans l'Eglife de St. Antoine de Padoue, on y voit l'effigie de la Renommée, & celles de Pallas & de Mercure. Mais quoi qu'il foit bienfeant aux Poëtes Chrétiens d'emploier dans leurs vers les noms des Divinitez Païennes, il ne leur eft pourtant pas permis d'introduire ces Divinitez dans des

M. de Thou lui a fait plus d'honneur qu'il n'en méritoit. C'étoit un pauvre Poëte que Gam

fujets Chrétiens, ou Juifs. C'est une matiére que j'ai traitée dans mes Obfervations fur Malherbe, au fujet de ce vers du Poëme des Larmes de St. Pierre, touchant les Innocens. De ces jeunes Amours les Meres amoureuses: & que j'ai traitée en ces termes:

Il devoit dire, De ces Anges nouveaux les Meres amoureufes, pour ne point mêler les chofes facrées avec les profanes. Cette faute lui eft commune avec beaucoup d'autres Poètes: & particuliérement avec le fameux Heinfius, qui a introduit des Furies dans fa Tragédie d'Hérodes Infantici da: dont il a été repris avec raison par Mr. de Balzac dans fa 'Differtation à Mr Zuilichem, par Mr. de Saumaife dans le Livre qu'il a fait fur cette Tragédie & fur cette Differtation, & qu'il m'a fait l'honneur de m'adreffer. Le Cavalier Marin a fait la même faute dans fon Poëme intitulé Strage degli Innocenti. Jules Scaliger dans fa Poetique accufe Sanazar d'en avoir fait une femblable dans fon Poëme de l'Enfantement de la Vierge: en mettant entre les mains de la Vierge les Livres des Sibyl les. Neque prudenter pofuit in Virginis manibus libros Sibyllinos: potius Ifaiæ. Mais comme plufieurs Docteurs de l'Eglife ont prétendu que divers mystéres de notre Religion fe trouvoient marquez dans ces Livres, (j'entens parler des véritables Livres des Sibylles, & non pas des fuppofez) je n'eftime pas que ce grand Critique foit bien fondé dans fon accufation. Je fuis perfuadé qu'il reprend aussi fans raifon le Cardinal Bembo, pour avoir ufé du mot de Heros, en parlant de Nôtre Seigneur. Cùm Dominum Jefum Heroa vocat, valdè me commovit fanè vox impia, & utroque indigna: ne argutetur quifpiam Heroem è femiffe Deum, ex altero femiffe hominem. Non poffunt monftrorum figmenta vero Deo noftro convenire; ce mot ne fignifiant autre chofe en cet endroit, qu'une perfonne illuftre & extraordinaire. Ainfi les Poëtes Chrétiens, je veux dire les Poëtes qui traitent un fujet Chrétien, peuvent fans impiété appeler le pain Ceres, & le vin, Bacchus.

Je reviens de bien loin à Gambara. Il

me

bara, languiffant, & fans aucun agrément ni de pensée nid'expreflion. Avec une très-médiocre con

Page 6. Tome 1.

me refte à remarquer à fon fujet, que Mr. Baillet l'a omis dans fa Lifte des Poëtes, avec plufieurs autres, dont je pourrai bien donner la litte en quelque endroit de ces Remarques. Mais peut-être que Mr. Faillet l'a omis, ne le jugeant pas digne d'avoir une place dans fon Livre. Car, felon Muret, ce Poëte étoit un miférable Poëte.

Brixia, veftratis merdofa volumina Varis,
Non funt noftrates tergere digna nates.

Ce font des vers de Muret, écrits de fa main à la tête de fon exemplaire des Poëfies de Gambara, qui eft dans la Bibliotheque du College des Jéfuites de Rome: ce qui m'a été dit par le P. Sirmond, lequel avoir vu cet exemplaire dans cette Bibliothéque. Mr. de Thou parle néan moins de Gambara comme d'un Poëte non méprifable (1).

[ocr errors][merged small]

cité.

MENAGE. Il est très-faux que Malherbe ait été accufé par qui que ce foit de fimplicité de ftyle. Et s'il en avoit été accufé, c'auroit été bien injuftement: fa diction étant très-figurée. Pour ce qui eft de Mr. Chapelain, ce n'eft pas tant la froideur & la langueur que la dureté & la nonpoliteffe qui ont fait blâmer fes vers. A l'égard de la dureté, le Taffe, qui eft le Prince des Poëtes d'Italie, en a auffi été accufé: Et il s'en eft excufé par ces vers,

La mia tenera jole

Duri chiama i miei carmi,

Mache? Son duri, e pur fon belli i marmi,

noiffance de la Langue Grecque il a eu la témérité d'entreprendre de copier d'après le Grec, mais il a gâté tour ce qu'il a touché, comme par exemple

Όνομα

Et Denis d'Halicarnaffe, dans fon Traité de l'Elocution, dit que la dureté des mots & celle de la compolition contribuent à la grandeur, je veux dire à la ma- TрexÙ, MEgnificence du difcours. A l'égard de la non-politeffe de Mr. Chapelain, on peut se ourζεται. δυτ dire que fa politeffe dans les vers cft plu- biztos, ir tôt une qualité d'une Epigramme, d'un xxcîr méSonnet, d'un Madrigal, d'une Ode, d'u- 90 L ne Elégie, ou de quelque autre petit Poëme femblable, que d'un Pocine Epique. Un Coloffe poli feroit une chofe ridicule. Sa beauté confifte à être bien proportionné. C'est ce qui a été judicieufement remarqué par Strabon, en ces termes: xaθάπερ γε ἐν τοῖς κολλοπτικοῖς ἔργοις & τὸ καθ ̓ ἕκαςον ἀκριβὲς ζητῶμεν, ἀλλὰ καθ'

Livrer

8 porÉXOμLED μão ε En narus τὸ ὅλον. ὅτως κ ̓ ἂν τέτοις ποιεῖσθαι δεῖ Tv xpion. Denis d'Halicarnaffe dans le Livre que je viens d'alléguer, a remarqué à ce même propos que la trop grande exactitude étoit contraire à la fublimité. Et Quintilien a dit au même fujet: Curam Mixport verborum, rerum volo esse follicitudinem. is, Majori animo aggredienda eloquentia eft: npsia. que fi toto corpore valet, ungues polire, & chap. capillam reponere, non exiftimat ad curam Suam pertinere.

CIII.

De Robert Garnier, Poëte Tragique.

μικροπιστ

Livre &

[ocr errors]
[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »