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Te duce, fi qua manent fceleris veftigia noftri,
Irrita perpetua folvent formidine terras.
Ille Deum vitam accipiet, Divifque videbit
Permixtos Heroas, & ipfe videbitur illis:
Pacatumque reget patriis virtutibus orbem. &c.
Pauca tamen fuberunt prifca veftigia fraudis,
Que tentare Thetin ratibus, que cingere muris
Oppida, que jubeant telluri infindere fulcos.
Alter erit tum Tiphys, & altera qua vehat
Argo

Dilectos Heroas. Eränt etiam altera bella,

Atque iterum ad Trojam magnus mittetur Achilles.

Hinc, ubijam firmata virum te fecerit atas, Cedet ipfe mari vector: nec nautica pinus Mutabit merces: omnis feret omnia tellus.

&c.

Aggredere ô magnos (aderit jam tempus) hono

res;

Cara Deûm foboles, magnum Jovis incremen tum!

Adspice convexo' nutantem pondere mundam, Terrafque, tractufque maris, cœlumque profundum:

Adfpice, venturo latentur ut omnia faclo.

Voici ceux de la fixiéme.

Nec tantum Phobo gaudet Parnaffia rupes: Nec tantùm Rhodope mirantur & Ifmarus Or-phea.

Namque canebat, uti magnum per inane coacta
Semina, terrarumque, animæque, marisque fuis-
Sent,

Et liquidi fimul ignis: ut his exordia primis
Omnia, & ipfe tener mundi concreverit orbis.
Tum durare folum, & difcludere Nerea ponto
Caperit, rerum paulatim fumere formas.
Jamque novum terra flupeant lucefcere Solem:
Altius atque cadant fummotis nubibus imbres:
Incipiant filva tum primùm furgere, cumque
Rara per ignotos errent animalia montes.
Hinc lapides Pyrrha jactos, Saturnia regna,
Caucafeafque refert volucres, furtumque Pro-
methei:

His adjungit Hylam, nauta quo fonte relictum
Clamaffent. &c.

Voici ceux de la dixiéme.

!

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Une Nymphe célefte a fait ces changemens. DAPHNI S.

Quelle eft donc cette Nymphe en charmes fi féconde,

Et qui change à fon gré l'air, & la terre, & l'onde?

MENAL QUE.

C'eft de nouveau Soleil, ce chéd'œuvre des Cieux,

Si vanté des mortels & fi chéri des Dieux. Cette jeune Beauté, cette Nymphe divine, Ce miracle étonnant, l'adorable CHRIS

TINE:

Superbe rejeton du Monarque du Nort, Qui fut des affligez l'afyle & le fupport: De ce grand Conquérant, l'invincible G ́u s

TAVE,

Qui fit & la Victoire & la Fortune esclave: Et dont le bras fatal par cent combas divers, Z 3Dom

Domtant la Germanie, étonna l'Univers.
Le Rhein vit fes combas, & jufque dans fa
fource

Les Filles de Mémoire abandonnant la
Grêce,

D'épouvante furpris en arrêta fa courfe:

Le Danube en trembla caché dans fes rofeaux,

Et faifi de frayeur précipita fes eaux,

Tu fais combien de fois le bruit de fa vail-
lance

De nos fombres vallons a troublé le filance,
Et que du bruit tonnant de ses rares explois
Cent fois ont retenti les échos de nos Bois,
&c.

Comme de fes Etats, de fa vertu gueniére Tu fauras qu'aujourd'hui CHRISTINE eft héritière.

Jamais du Thermodon le rivage écumeux Ne vit tant de hauts faits, ni tant d'exploits fameux,

Qu'aux rivages bruians des ondes Germaniques

Qu'aux rivages Danois, qu'aux rivages Balthiques,

Par les vaillantes mains de fes braves Guerriers,

Cette jeune Amazone a cueuilli de Lau-
riers.

Un jour, qui n'eft pas loin, fes fuperbes
Armées

Joindront à fes Lauriers les palmes Idumées:
Et l'on verra pâlir l'infidelle Croiffant
A l'afpect lumineux de cet aftre naiflant.
Mais fache encor, Daphnis, que fa main
adorable,

En adreffe, en valeur, à nulle autre fem-
blable,

Au milieu de la guerre & dans les champs de Mars,

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Cultive les vertus & fait fleurir les Arts.
Des plus brillantes fleurs de Grêce & d'Italie,
Tout le Nort étonné voit fon ame embellie.
Elle a de l'Orient pillé tous les trésors
Des Pasteurs de Solyme elle entend les ac-
cords:

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Et fon rare favoir, non moins ' que fon courage.

La fait nommer par tout la Pallas de nôtre age.

Pour voir cette Pallas le favant-Apollon Quitte l'onde divine & le facré Vallon.

Et le double Sommet, & les flots de Per-
meffe,

Vont habiter les monts & les rives du Nort,
Et jouïr en ces lieux d'un favorable fort.
De mille endroits divers mille doctes Or-
phées

Y fuivent à l'envi ces neuf favantes Fées.
Mille cygnes fameux en mille endroits épars
Vers ces lieux fortunés volent de toutes parts.
Ceux qui le long des eaux & de Loire &
de Seine

Soupirent doucement leur amoureufe peine:
Ceux qu'aux rives du Tibre on voit en cent
façons

Comme des roffignols varier leurs chanfons:
Ceux qui parent les bords & de l'Ebre & du
Tage:

Ceux qui du Borifthéne habitent le rivage:
Ceux de qui le Danube entant les doux ac-
cords:

Et ceux que la Tamife éleve für fes bords: Et de tout les accens de tant de voix étranges

Se forme pour CHRISTINEun concert de louanges.

Pour moi, de qui le chant n'a rien de gracieux,

Je n'uffe ofé, Daphnis, les fuivre dans ces lieux,

་་་ .

Sans les ordres facrez de l'augufte CHRIS

TINE,

Et les attraits puiffans de fa bonté divine.
CHRISTINE, pour ouïrmes frefle's chalu.

meaux,

Veut que dans les vallons je garde fes troupeaux.

Qu'il me tarde, Daphnis, que je ne la contemple

Cette Reine du Nort, des Monarques l'exemple!

Animé par fa voix, échaufé par fes yeux, On me verra porter fon nom jufques aux cieux.

Tant d'aimables appas, tant de rares merveilles,

Seront le doux objet de mes pénibles'veilles; ...Alses hautes vertus, à fes fameux exploits, Je confacre, Daphnis, & ma Mufe, & ma voix.

Outre

fers.

Outre que ces vers font bien moins pom- le, & d'Orphée, defcendant dans les enpeux que ceux de Virgile que j'ai rapportez, il eft à remarquer qu'ils ont été faits pour une Reine, & que la Majefté de ces perfonnes demande des vers majestueux. Il eft à remarquer qu'ils font dits par un Patteur qui a été décrit comme un Pasteur favant. Il eft à remarquer qu'ils font remplis de termes de Pafteurs. Et ainfi, quoi qu'ils foient de haut ftyle, ils ne laisfent pas d'être bucoliques. Et c'eft ainfi que Virgile dans la premiére de fes Eglogues a fait des vers pompeux avec des expreffions de Berger:

Antè leves ergo pafcentur in athere cervi,
Aut freta deftituent nudos in litore pifces.

Parlons maintenant des Idylles Grecs. Il y a dans Théocrite, qui eft le Prince des Poëtes Bucoliques, plufieurs Idylles qui ne font point bucoliques: l'Idylle de Ptolomée: celui des Syracufiennes: celui de Caftor & de Pollux: celui de l'Epitha lame d'Héleine. Bion dans fon Idylle de l'Epithalame d'Achille & de Deidamée fait dire à un Berger des vers, qui font très-magnifiques & très fublimes:

- ἰχώτατο δ' ὁ Λακεδαίμων. Пárra di λadv äysiper 'Axaïxon, dé 216 "Ea

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J'ajoute à toutes ces confidérations, que cette grande fimplicité de ftyle bucolique pratiquée par les Anciens, n'eft pas du goût des François: ce qui a été très-véritablement remarqué par Mr. de Longepierre dans fa belle Préface fur fes Idylles. Et un Poete François qui fe ferviroit aujourd'hui dans fes Eglogues des termes de Bouvier, de Vacher, de Chevrier, Porcher, feroit fiflé.

de

Il paroît par toutes les chofes que je viens de dire, que ce que le Pere Rapin a dit de l'Eglogue dans fes Réflexions fur la Poëtique, doit être entendu avec exception. L'Eglogue, dit-il, eft une image de la vie des Bergers. Ainfi fa matiére eft petite, & fon génie n'a rien de grand. Elle s'occupe à décrire les amours, les jeux, les animofitez, les jaloufies, les difputes, les querelles, les intrigues, les paffions, les avantures, & toutes les petites affaires des Bergers. De forte que fon caractére doit être tendre; fon efprit, aifé; fon expreffion, commune. Elle ne doit avoir rien d'exquis, ni dans fes fentimens, ni dans fes paroles, ni dans aucune de fes maniéres. En quoi les Italiens qui ont écrit en ce genre de vers, fe font trompés. Car ils veulent toujours avair trap d'efprit. dire les chofes trop finement. Le véritable caractére de

Eglogue eft la fimplicité, la pudeur, & la modeftie. Ses figures font douces : fes les. Et quoiqu'elle puife quelquefois etre paffions tendres fes mouvemens tranquilpaffionnée, & avoir de petits emportemens & de petits defefpoirs qui ne vont à rien de ficheux, toutefois elle n'eft jamais ni fiere, ni violente. Ses narrations font courtes: fes ingénues:fes mœurs font innocentes: fa dicdefcriptions font petites: fes pensées font tion, pure: fon vers, coulant: Jes maniéCar ce n'ci point une grande parleue, qui res, unies, & tous fes difcours, naturels. fe plaife à faire du bruit. Il paroît, disje, par toutes les chofes que je viens de dire touchant l'Eglogue, que ce qu'en a dit le Pere Rapin dans le paffage allégué, doit s'entendre de la plupart des Eglogues, & non pas de toutes les Eglogues. Le Pere Rapin lui-même dans ce même Livre des Réflexions fur la Poëtique, à l'article 31. blâme les Eglogues de Mr. de Lalane, pour être fans vigueur & fans élé

gation.

vation. Et lui-même a fait des Eglogues d'un ftyle très-pompeux & très-magnifique.

Ingens ad lavam tollit fe lucus: ubi omnis Cade madet tellus, & rorant fanguine vepres. Hic paflor pugnavit: & hoc immane leonis Cum jaculo victor fpolium fufpendit ab ulmo. Cogite oves, pueri, filva dedit urfus ab alta Ingentem fonitum, fed quà veftigia torquet Bellua, fe tollit, contrà, dextrâque prehen Jam.

Implicat, & molli oppreffam difcerpit in berba. Stat pecus, attonitumque motu respectat,

horret

Hirfutumque fupercilium, villofaque terga.

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Page 12. Tome 4.

ANTI-BAILLET.

TROISIEME PARTIE.

CXXVII

Ce que dit Mr. Baillet que Jean de Meun, dit Clopinel, Continuateur du Roman de la Rofe, étoit Jacobin, n'eft pas véritable.

M

R. BAILLET a écrit, au titre du Chapitre de Jean de Meun dit Clopinel, que cet Auteur, felon l'opinion de quelques-uns, étoit Jacobin. Et dans le Chapitre, il dit affirmative.nent qu'il l'étoit; & Docteur en Théologie: ce qui n'eft pas véritable. Il eft vrai que la Croix du Maine a écrit, que felon l'opinion de quelques-uns il étoit Docteur en Théologie à Paris de l'Ordre des Fréres Prescheurs. Et par ces quelques-uns, il a entendu parler de l'Auteur de la Chronique d'Aquitaine, qui a dit que Jean de Meun étoit Docteur en Théologie: ce que le Préfidant Fauchet ne croit pas. Je ne puis dire au vrai fon état; dit-il dans fon Livre de l'Origine de la Langue Françoife, en parlant de Jean de Meun; combien qu'il me fouvienne avoir lu en la Chronique d'Aquitaine qu'il fut Docteur en Théologie: ce que je ne puis croire. Mais, ni ce Chroniqueur, ni du Verdier, ni le Préfident Fauchet, ni Jean le Maire de Belges, qui ont tous parlé de Jean de Meun, n'ont point dit qu'il fût Jacobin. Et je ne fai où la Croix du Maine peut avoir pris une chofe fi fauffe & fi ridicule. Dans le Livre intitulé le Songe du Prieur de Saloin, dédié à Valentine Ducheffe d'Orleans, il eft fait mention d'un Hôtel & d'un Jardin qui appartenoient à Jean de Meun. Et Tom. VII.

Jean de Meun ordonna par fon Testament qu'il feroit enterré dans l'Eglife des Jacobins de Paris. Et fi l'on en croit l'Auteur de la Chronique d'Aquitaine, il leur laiffa un coffre, avec ce qui étoit dedans: ordonnant qu'il ne feroit ouvert qu'après fon enterrement: après lequel ce coffre fe trouva plein de petites Piéces d'ardoife. Ce même Auteur ajoute, que les Jacobins de Paris indignez de cette mocquerie de Jean de Meun, déterrérent fon côrs: & que par arrêt de la Cour de Parlement ils furent condamnez à le remettre en terre dans le Cloître de leur Couvent. Ce qui ne s'accorde pas, nonfeulement avec la qualité de Jacobin, mais Le Livre de avec celle de Docteur en Théologie. Et Gerfon eft c'eft pourquoi du Verdier ne croit pas qu'il intitulé, ait été Docteur en Théologie. Cela me fait Magiftri focroire, dit-il, s'il eût été Docteur en Theo- annis Gerfon logie, comme a voulu dire l'Auteur de la contra ReChronique d'Aquitaine, ou celui duquel il Rofa, qui ad l'a pris, qu'il n'eût usé de telle rifée en illicitam Vemourant. J'ajoute à toutes ces raifons, nerem & li que Gerfon, Chancelier de l'Univerfité bidinosum ade Paris, & Martin Franc, Prévôt & triufque ftaChanoine de l'Eglife de Lauzane en Sa- tus hommes voye, qui ont écrit contre le Roman de quodam lila Rofe, n'ont point remarqué que l'Au- bello teur de ce Livre fût un Dominicain: ce ce Cataloqu'ils n'uffent pas manqué de remarquer, gue n'eft fi cet Auteur dt u cette qualité: les Pre- pas encore imprimé.

Аз

tres

Tractatus

mantium de

morum

bat.

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