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Tom. 2. pag. 32.

Hiftoire Tripartite d'Epiphane le Scholastique, en l'abregeant. Mais on n'a point grand fujet de croire que la Compilation de Caffiodore nous ait fait faire une perte fort confidérable, puifque l'Ouvrage d'Epiphane le Scholaftique n'étoit qu'une verfion pitoyable de Socrate, Sozoméne & Théodoret de laquelle on peut dire que la privation nous eft plus utile que la possession ne nous en feroit avantageufe.

MENAGE. Mr. Baillet ne fait pas l'Hiftoire de cette Hiftoire Tripartite de Caffiodore. La voici: Socrate, Sozoméne, & Théodoret, avoient compofé chacun une Hiftoire Eccléfiaftique. Ces Histoires n'étant point traduites en Latin du tems de Caffiodore, Caffiodore pria fon ami Epiphane le Scholaftique de les traduire. Epiphane le Scholaftique les traduifit. Et Caffiodore aïant enfuite rangé par l'ordre des tems ce qui étoit dans ces Hiftoires; il en compofa une Collection, qu'il appela P'Hiftoire Tripartite, parce qu'elle étoit compofée des Hiftoires de ces trois Auteurs, Socrate, Sozoméne, & Théodoret. Comment donc Caffiodore auroit-il pû faire perdre l'Hiftoire Tripartite d'Epiphane le Scholaftique, puifqu'Epiphane le Scholaftique n'a point fait d'Hiftoire Tripartite; & que c'eft au-contraire Caffiodore qui l'a faite; & que c'est lui qui l'a nommée de la forte.

XVIII.

la Pfalmodie, tant les profanes que les
Eccléfiaftiques: & que le Cardinal Bona
y donne fon Jugement fur Anacréon, fur
Pétrone, fur Ovide, fur Perfe, &c. Voici
le titre de ce Jugement: Notitia Auctorum
& librorum qui in hoc Opere citantur, no-
tantur, illuftrantur; & dans ce livre de
la Pfalmodie, du Cardinal Bona, il n'eft
point queftion d'Auteurs Liturgiques.
Mais comme long-tems après avoir fait
le livre de la Pfalmodie, le Cardinal Bona
en fit un intitulé de Re Liturgica; qu'on
appele en François Liturgiques du Cardi-
nal Bona; cela a brouillé notre hom-
me, & lui a fait parler d'Auteurs Liturgi-
ques.

XIX.

Ce que dit Mr. Baillet que Bodin a volé
fa Traduction des Cynégétiques à Turné-
be, n'eft pas véritable.

Oppien.

BOdin a fait des Notes fur les Cynégé- c'eft ainf
tiques d'Oppian: & il les a traduits en qu'il faut
vers Latins. Mr. Baillet dit que Bodin a
volé cette Traduction & ces Notes à Tur- non pas
nébe. C'est dommage, dit-il, que Bodin Tome 2.
avoit volé cet Ouvrage à Turnébe. Quelle pag. 133
conftruction? Mais il n'eft pas ici question
de fautes de Langue. Pour juftifier que
cette Traduction eft de Turnébe, Mr.
Baillet nous renvoye à la France Orienta- pag. 730
le de Mr. Colomiés: mais où il n'eft rien
dit de femblable. On y rapporte feulement

Méprife de Mr. Baillet touchant un Ecrit une Lettre de Bongars à Rittershufius, où

du Cardinal Bona.

Bongars dit qu'on ne doutoit point que les corrections de Bodin fur Oppian ne Onfieur BAILLET. Le Cardinal fuffent de Turnébe. L'édition de ce livre

MBona a fait voir qu'il étoit affez judi- de Bodin 2 précédé la mort de Turné

cieux Critique dans le Jugement des Au-
teurs Liturgiques qu'il a mis à la tête de
fes livres de la Pfalmodie.

MENAGE. Mr. Baillet n'a pas lu ce
Jugement du Cardinal Bona. S'il l'avoit
lu, il y auroit vu que ce Jugement com-
prend généralement tous les Auteurs ci-
tez par le Cardinal Bona dans fes livres de

eis literis vix imbutum. Je ne fais au refte fi Tur-
nébe a eu Bodin en vue dans la plainte rapportée
par M. Ménage; tout ce que je fais eft que Bodin
lui-même s'eft plaint de Turnébe fans le nommer
quand il a dit chap. s. de fa Méthode. Quos ego
Libros (Oppiani de Venatione) cum Latine verfu, &

be de plufieurs années Et Turnébe qui Dans
s'eft plaint (1) qu'on lui avoit volé Preface fis
quelques-unes de fes corrections fur Op- Oppian..
pian ne s'eft point plaint qu'on lui uft volé
cette Traduction. Septem abhinc annis
leviter emendaveram Oppianum de Vena-
tione, partim animi conjectura, partim
libri veteris ope: Eas emendationes quidam

usur

Commentariis illuftraffem, quidam Grammaticus ess
dem libros Oratione folutâ, quantum libuit de meo labo
re detrahens, iterum pervulgavit. Ce qui eft une
plainte ridicule, & qu'il n'auroit ofé faire du vis
vant de Turnébe.

Tome I. pag. 104.

Academi

cis veteri

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MENAGE. Il eft vrai qu'il y a divers fragmens des livres de ce Démofthéne dans Aëtius: & tous ces fragmens fe trouvent inférez dans le 7. livre d'Aëtius.

Il est vrai auffi que Galien a parlé de ce Médecin Gaulois en plufieurs endroits de fes Ouvrages. Mais il eft faux qu'il en ait parlé avec cette admiration, dont parle Mr. Baillet. Cette admiration, & cette grande expérience, & cette exactitude Dans fon achevée, font de l'invention de Céfar Traité de Egaffe du Boulay*, Greffier de l'Univerfité de Paris, que Mr. Baillet a cité pour bus Gallia, fon garand. Mr. Baillet, comme je l'ai imprimé déja remarqué, eft un Copifte de Copifte. J'ai écrit l'Hiftoire des anciens Médeeins, & afin que Mr. Baillet ne m'accu1. Tome de fe pas d'impofer en cela à mes Lecteurs, je veux bien l'avertir qu'il eft fait mention de cette Hiftoire non imprimée dans la Préface de la Bibliothéqué des Médecins de Martinus Lipénius, & dans une Let

au commencement du

l'Hiftoire de l'Univerfité,

1. M. Colomiez pag. 113. de fon Recueil de particularitez, 1668. de l'édition de Paris, parle

tre de Henri Meibomius fils de Jean, a George Jérôme Wolfchius Médecin d'Ausbourg. & dans les Mélanges Hiftoriques (page 86.) de Mr. Colomiez (1).

1

Voici ce que j'ai remarqué dans cette Hiftoire à l'égard de notre Démofthéne. Il étoit de Marfeille, comine nous l'apprenons de ces mots de Galien, Tapà An00θένει τῷ Μασσαλεώτη, qui font du livre cinquiéme des Compofitions des Médicamens par les genres, à la page 391. ligne 52. de l'édition Grecque de Bafle. Il vivoit fous Néron: car felon Galien, livre 4. de la Différence des poux, page 46. de la même édition, il étoit difciple d'Alexandre furnommé le Philaléthe, lequel vivoit du tems de Strabon fous l'Empereur Tibére. Strabon livre 12. vers la fin: συνέςη δὲ καθ ̓ ἡμᾶς διδασκαλεῖον Ηροφί λειον ἰατρῶν μέγα ὑπὸ Ξεύξιδος, καὶ μετὰ ταῦτα ̓Αλεξάνδρα το Φιλαλήθος. Et il fut furnommé Philaléthe comme fon Maître Alexandre. το Δημοσθένες, ὡσαύτως τῷ δι δασκάλῳ Φιλαλήθος ἐπικληθέντος, dit Ga lien à l'endroit ci-deffus allégué du livre 4. de la Difference des poux. Galien produit une de fes emplâtres au livre 5. des Compofitions des Medicamens par les lieux, à la page 228. ligne 21.de l'édition dont nous avons parlé. Il avoit fait trois livres des Maladies des yeux: ce que j'ai appris du livre 4. de la Difference des poux page 46. Et c'eft de ces livres que font pris les fragmens citez par Aëtius, dont il a été parlé. Et ces livres, felon le témoignage de Galien, dans fon livre 5. des Compofitions des Médicamens par les genres, page 415. étoient fort eftimez. Le Mazzoné, dans fon Commentaire fur la Comédie de Dante, le fait Auteur du Poëme des Bithyniaques. Le cofe di Bitinia raccontate in un Poëma da Demoftene, non Oratore, ma Medico, come à fcritto Stefano. Ce Mazzoné étoit le premier Critique d'Italie de fon tems. Et le Salviati en a parlé comme du plus grand homme du monde, en ces termes: Uomo, fe mai ne fù alcuno, fcienziato in fupremo grado; ciatadino in tutti i linguaggi; maestro perfet tiffimo in tutte le facultà: che tanto fà di quanto fi rammemoria; di tanto fi ramme

moria

bien d'une ébauche que M. Ménage lui avoit fait voir du deffein qu'il avoit d'écrire l'hiftoire des an

Tome 7. pag. 189.

moria quanto egli à letto; cotanto à letto, quanto oggi fi trova fcritto. Cependant cé grand Critique s'eft tout-à-fait trompé en féfant Démofthene le Médecin Auteur

du Poëme des Bithyniaques. L'Auteur de ce Poëme c'eft Démofthéne de Bithynie, comme il paroit par plufieurs endroits de Stephanus le Géographe; duquel nous aprenons, au mot 'O, qu'il avoit auffi écrit des Origines des Villes (2).

J'oubliois à remarquer que notre Démofthéne étoit de la Secte d'Hérophile: car fon Maître Alexandre le Philaléthe étoit de la même Secte, comme nous l'aprenons de Galien au lieu allégué du 4. livre de la Différence des poux.

XXI

Fauffe citation de Mr. Baillet du livre de mes Obfervations fur la Langue Françoise.

Onfieur BAILLET. L'Amiral de Joyeufe donna une Abbaye pour un Sonnet, au rapport de Mr. de Balzac. Et Mr. Ménage ajoûte, que le même Amiral ne fit point de difficulté de donner dix mille écus pour une piéce impertinente qui lui avoit plu. Et là-deffus il cite, dans fes Preuves, la feconde partie de mes Obfervations far la Langue Françoife, à la page 26.

MENAGE. Je ne fai ce que c'est que cette Hiftoire de l'Amiral de Joyeufe, dont Mr. Baillet me fait l'Hiftorien. Et je n'en ai jamais parlé, ni dans l'endroit de mes Obfervations fur la Langue Françoise cité par Mr. Baillet; ni dans aucun autre de mes Ouvrages.

Mr. Baillet m'a pris pour Mr. de Balzac: car c'eft Mr. de Balzac qui a écrit cette particularité de l'Amiral de Joyeufe: & c'eft dans fa Differtation fur les deux Sonnets qu'il l'a écrite, au Chapitre VIII.

XXII.

Fauffe citation de Mr. Baillet du livre de Hiftoire Philofophique de Fonfins. Ca

lomnie de Mr. Baillet au sujet de mon
Laërce.

Monfieur BAILLET. Le dernier & Tome 2.
confidérable de dernier des Toner
(il parle des Commentateurs de Laerce)
eft fans doute Mr. Ménage: qui paroît néan
moins n'être pas encore entièrement fatisfait
de ce fruit de fes veilles: & qui témoignoit,
il y a quelque tems, être en difpofition de
le retoucher pour une nouvelle édition. Et
de fait, Fonfius prétend que nonobftant les
foins & les obfervations de Mr. Ménage
(il falloit dire, nonobftant les corrections
& les reftitutions) il ne laisse pas d'y avoir
encore des endroits corrompus, defunis
tranfpofez, mutilez, dans les livres de
Diogene Laerce. Et là-deffus il cite Jon-
fius à la page 278. du livre troifiéme de
fon Hiftoire des Philofophes.

MENAGE. Qui n'y feroit trompé ? Quand mon Diogéne Laerce a parû, Jonfius étoit mort il y avoit déja quelques années : & ainfi Jonfius ne peut avoir fait mention de mes Commentaires fur cet Auteur. Le livre de Jonfius fut achevé d'imprimer en 1659. & mon Laerce en 1664. Et Jonfius mourut avant la publication de fon livre. Ce que Jonfius a dit dans fon Hiftoire Philofophique, au lieu allégué, que dans les écrits de Diogéne Laerce il y avoit encore des endroits corrompus, defunis, tranfpofez, mutilez doit donc s'entendre des éditions antérieures à la mienne. Mais Mr. Baillet qui attaque ma réputation de tous côtez, a été bien-aife de faire croire que mes Ob fervations fur Laerce ne méritoient pas les louanges que leur a données Mr. Péarfon Evêque de Chester, le plus favant des Anglois. Il eft vrai qu'elles ne les méritent pas ; mais comme Mr. Péarfon me louë de modération & de candeur, & que Mr. Baillet m'attaque de ce côté-là à ou trance, je demande permiffion à mes Lecteurs de raporter ces louanges dans la Remarque fuivante, afin de les oppofer à la calomnie de Mr. Baillet.

ciens Médecins, mais il n'en dit pas un mot dans fes Mélanges hiftoriques.

4. 2. C'est le même apparemment qui avoit fait

. XXIII

un Traité des Ports @ipì xquívar, & que le Scholias te d'Apollonius cite fur le 297. & $34. vers du sé livre des Argonautiques.

XXIII.

Ignorance de Mr. Baillet dans fon métier de Bibliothecaire, au sujet de Mr. Pearfon, Evêque de Chester en Angleterre.

M

Onfieur BAILLET a écrit à la page 260. de fon fegond tome, que Mr Péarfon a donné des Notes & des Corrections fur Diogéne Laërce: ce qui ett tres-faux fauf le res-pect que je dois au caractére de Mr. Baillet. Mr. Péarfon n'a rien fait fur Diogéne Laerce: mais il a fait imprimer Diogéne Laer ce Diverforum: qu'il a dédié au feu Roi d'Angleterre Charles II. Et au fujet de mes Obfervations fur cet Auteur, il a ajouté à fon Epître Dédicatoire une grande Lettre qu'il m'a fait l'honneur de m'adreffer. C'est dans cette Epître Dédicatoire, qu'il m'a appelé un grand ornement de PEglife Gallicane: aiant remarqué quelque forte d'érudition dans mes écrits, & croyant que je fuffe véritablement Abbé, parce qu'on m'appeloit l'Abbé Ménage. Harum reliquiarum (Il parle de l'Hiftoire des Philofophes) locupletiffimus penus, ac pane folus, eft Diogenes Laertius: in quo illuftrando cùm nonnulli operam fuam haud malè collocaffent, noviffimè EGIDIUS MENAGIUS, Ingens Ecclefiæ Gallicane ornamentum, pro eo quo eft ad bonarum literarum ftudia promovenda liberali animo, Obfervationes fuas,fanè doctiffimas, in hanc Infulam noftram imprimendas, edendafque mifit. J'ai fait le premier des railleries de cette méprife. Mr. Baillet a pris la cho fe férieufement. Il a appréhendé que la Poftérité fur le témoignage de Mr. Péarfon ne me prit pour le plus grand ornement de l'Eglife Gallicane de nôtre fiécle, au préjudice de Mr. de Harlay Archevêque de Paris. Et là-deffus, il a averti le Public que Mr. Péarfon Prélat Proteftant, en me donnant cet Eloge, avoit a feulement égard à mon bénéfice: qui eft le feul endroit par où j'ai quelque rapport à l'Eglife Gallicane. Et parce qu'il a fû depuis que je n'avois point de bénéfice, il en a auffi averti le Public dans fes Rétractations: tant il eft homme de bonne foi.

Il me reste à parler de la Lettre que

m'a écrite Mr. Péarfon au fujet de mon Laërce. Il me dit dans cette Lettre: Quid enim? Qualis illa eft diligentia tam varium Scriptorem ubique preffis veftigiis fequi, non defultoriè, ut amant plerumque Critici, fed tenore perpetuo explicare: ad minima quæque animum advertere: difficul tatem nullam diffimulare! Quàm infinite lectionis indicium, Catalogos veteres fupplere: Autores cognomines addere: opera fcripta Philofophorum omiffa eruere, adnotare, congerere': unius cujufque fectarum Principis Difcipulos hinc inde colligere, & fimul Lectoris adspectui exhibere: Id denique facere quod Laërtius, tot weterum voluminibus ftipatus, voluit, neque fecit: Quanta vis ingenii, tot loca planè defperata reftituere: tot mendofa repurgare: tot obfcura illuftrare: tot mutila refarcire: tot errores colligere: omniaque, aut ex Manuscriptorum fide, aut certiffimis conjecturis fanare! Quantum verò Judicium in aperiendis Antiquorum placitis, dijudicandisque fententiis, plerumque obfcuritate involutis, & præ affectata brevitate methodi neglectu, confufis: in deligendis excerpendis, afferendifque, iis præcipuè ex optimis antiquiffimis Scriptoribus.etiamnum exftantibus que ad utilitatem potiùs quàm ad pompam Spectant. Je ne reConnois de toutes ces louanges que celles qui regardent le travail & la diligence: car pour celles qui regardent l'esprit & l'érudition, je ne les mérite point. Mais je croi mériter celles que me donne enfuite Mr. Péarfon touchant ma modération & ma candeur. Les voici: Quanta denique animi moderatio! quantus candor! veram Criticam cum nullius fame difpendio exercere; nullius exiftimationem lædere; nullius erroribus infúltare; nusquam ex muftaceo Laureolam quærere: per quos profeceris, tam apertè profiteri: à viris doctiffimis non nifi salvo ipforum honore unquam diffentire: ut exclamare cogar, ô Jecur verè Criticum fine fplene!

aut

C'est le témoignage qu'a rendu de mes mœurs & de mes écrits un grand Evêqued'Angleterre, & le plus favant des Anglois; que j'oppofe à ce que Mr. Baillet, qui eft un fimple Prêtre, & qui n'eft pas fans doute le plus favant des François, a dit contre mes mœurs & contre mes écrits.

Mr.

Mr. Baillet ne manquera pas de m'objecter ici que je parle de moi, & que je me loue. Et je lui répondrai que c'eft lui, qui par les chofes défobligeantes qu'il a dites de moi fauffement, m'a obligé de rapporter cet endroit de la Lettre de Mr. Péarfon, Evêque de Chefter. C'est ainsi que fe juftifie Démofthéne devant fes Juges, dans l'éxorde de fon Oraifon pour la Couronne contre Efchines. Il eft, dit-il, naturel aux hommes d'écouter avec plaifir les médifances d'autrui, & avec indignation, les louanges de foi-même. Mon adverfaire s'étant fait écouter agréablement

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Ce que Mr. Baillet dit que Jofeph Scaliger que toutes les Lettres attribuées par Laerce aux Philofophes, font fuppofées, n'est pas véritable.

Monfieur BAILLET. Enfin Scaliger. dit que toutes ces Lettres que Diogéne Laerce attribue aux Philofophes, font autant de préces fuppofées, & que ce font des Grecs poftérieurs qui les ont forgées.

par le mal qu'il a dit de moi, il m'a lait le difcours odieux de mes louanges. Mais comme c'est lui qui me contraint à parler de moi, & à en parler avantageusement, j'efpére, Meieurs, que vous ne m'accufe- MENAGE. Il n'eft pas vrai que tourez point de vaine gloire, fi je dis pour ma tes les Lettres attribuées aux Philofophes juftification des chofes qui me font avanta par Diogéne Laërce, foient_fuppofées. genfes. Que fi cet exemple d'un Payen ne Les trois grandes Lettres d'Epicure qui fuffit pas auprès de Mr. Baillet; car Mr. contiennent toute fa Philofophie, font inBaillet dit que ma Morale eft d'un Payen; conteftablement d'Epicure. Et il n'eft je lui alléguerai l'exemple de S. Paul: qui point vrai non plus que Scaliger ait dit ce parle de lui, en ces termes, dans fa fe- que Mr. Baillet lui fait dire. Voici fes gonde Epître aux Corinthiens: je ne croi termes qui font, non pas de la 36. de pas avoir moins fait que les grands Apôtres. fes Lettres, comme l'a écrit Mr. Baillet Et enfuite: Quand je devrois paffer pour dans fes Preuves, mais de la 306. de Episimprudent, j'ofe dire que je fuis encore plus tolis Hippocratis quod ex me quæris; il parqu'eux Miniftre de Jesus-Chrît. J'ai plus le à Vorftius, antiquas effe fcio, ut DemoJouffert de travaux, plus reçu de coups; criti, Solonis, Pittaci Mitylenai, quæ plus enduré de prifons. Je me suis vu fon- apud Laertium leguntur. Sed quia omnes vent tout prêt de la mort. J'ai reçu des quæ illis Philofophis à Laertio attribuuntur, Juifs cinq différantes fois trente-neuf coups multis argumentis confictas à Græcis, de fouet. J'ai été battu de verges par trois quibus nunquam mentiendi. voluntas aut fois. J'ai été lapidé une fois. J'ai fait facultas defuit, probare poffem, ideo cur naufrage trois fois. J'ai passé un jour && de iftis Hippocratis dubitem, justissima une nuit au fond de la mer. J'ai été fouvant dans des voyages; dans des périls fur les fleuves; dans des périls de voleurs; dans des périls de la part de ceux de ma nation; dans des périls de la part des Payens; dans des périls au milieu des Villes; dans des périls au milieu des déferts; dans des périls Sur la mer; dans des périls entre les faux fréres. J'ai fouffert toutes fortes de travaux & de fatigues: des veilles fréquentes; la faim, la foif, des jeûnes réitérez, le froidla nudité Et ce qui fuit. Et après: J'ai été imprudent en me glorifiant de cette

1. Je ne le croirois pas. Scaliger a voulu dire feulement que les Epitres attribuées à HippocraTom. VII.

caufa eft. Ce qui ne veut pas dire que toutes les Lettres généralement que Laërce a attribuées aux Philofophes dont il a écrit les Vies, font fuppofées: mais feulement celles qu'il a attribuées à Démocrite, à Solon, & à Pittacus. Voilà comme nôtre Critique cite & interpréte de travers les paffages. Je remarquerai ici par occafion, que dans Laerce il n'y a point de Lettres de Démocrite. Ce qui donne fujet de croire que dans celle de Scaliger ci-deffus alléguée il faut lire Heracliti, au lieu de Democriti (1). Dio

géne

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