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LETT. III. Nicée a fait le mot de Confubftantiel; fi le Concile de Trente a fait le mot de Transfubftantiation; ti ces deux Conciles ont preferit aux Fidelles l'ufage de ces deux mots confacrez; ces Meffieurs, qui n'ont guéres moins d'autorité en fait de langage, que ces Conciles en matiere de Religion, ne peuvent-ils pas, felon les divers fujets fur lefquels ils écrivent, faire les mots qui nous manquent?

beaucoup de louanges, repartit l'ami de LETT. II.
prouvé, difent que cette Traduction eft
ces Meffieurs. Les Cenfeurs qui l'ont ap
pure & Orthodoxe.

mais les noms feuls de ces Cenfeurs ne
J'en conviens, repartit Mr. l'Abbé:
rendent-ils pas leur témoignage fufpe&?
Si B. avoit été de bonne foi, au lieu de
dire des Heures (a) de Port-Royal, que
De quoi leur ferviroit d'avoir rempli la fracas dans la France, & à Rome même
leur réputation a fait tant d'éclat & de
France d'un fi grand nombre de beaux nonobftant le Privilege de Sa Majefté, &
Ouvrages, & d'avoir enchanté tout le l'approbation des Cenfeurs, il auroit dit,
monde par la magnificence & par les a- que nonobftant le Privilege de Sa Majefté,
grémens de leur ftile? Quel avantage tire- & l'approbation des fix Cenfeurs, elles ont
roient-ils de la fcience parfaite qu'ils ont été condamnées à Rome.
de nôtre Langue, de leur expérience con-
fommée, & de leur goût merveilleux, fi
avec tout cela, ils dépendoient encore
de l'ufage & de fon caprice? N'est-ce pas
à ces grands maîtres à faire l'usage, & à
le régler?

Quoi! quand ils ont fait pour le befoin, brifement, dechirement, referrement, dé clarément, s'indifpofer pour recevoir le Sacrement de l'Euchariftie; quand ils ont fait, pour parler avec plus de dignité, le glorieux rabaiffement, la hautesse du monde, Penivrement de l'amour, le dominateur de fes actions; & quand ils ont fait beaucoup d'autres locutions, pour l'ornement & pour la richeffe de nôtre Langue, on fera difficulté de s'en fervir après eux? & le Pere Bouhours viendra, un Vaugelas à la main, les troubler dans la poffeffion où ils font depuis quarante ans, de difpofer fouverainement de tout ce qui regarde le langage?

Le beau trait d'éloquence que voila, s'écria Mr. l'Abbé, & qu'il auroit rendu bon fervice à Cléanthe! C'eft dommage que vous ne lui ayiez auffi fourni des mémoires. Mais revenons à B. Vous voiez qu'il prend le parti de Mr. de Saci; & qu'il ne fe croit point refponfable de fa fidélité, lors qu'il s'agit de rapporter ce qu'on a écrit contre les Ouvrages de ce Traducteur.

Il parle des Heures de Port-Royal, à peu près comme de l'Imitation de Jefus Christ.

C'eft auffi un Ouvrage, qui mérite

(*) Tome 2. pag. 449.

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blable d'aucun Livre de ces Meffieurs, re-
N'attendez pas que B. dife rien de fem-
pliqua l'ami de P. R. Entre les Livres
condamnez, il ne fait guéres que ceux de
la Societé. Vous aurez vû, dans le pre-
Pere Théophile Rainaud, & d'un autre
mier Tome, ce qu'il dit d'un Livre du
du Pere Rabardeau, quoique ce dernier.
n'eût écrit que pour défendre les interêts
de la France? Vous aurez vû encore la
longue lifte de ces Théologiens Efpa-
gnols, prefque tous Jéfuites, dont il dit de
fi bon cœur, qu'ils ont été flétris par les
cenfures de l'Eglife? C'eft fur cela que B.
fe pique de mémoire & de bonne foi; il
pour raporter ce qui leur eft avantageux.
ne s'en pique au regard de fes amis, que
Vous avez lû les Paragraphes particuliers
qu'il a faits fur chaque Ouvrage de Mr.
de Sacy: ce n'eft qu'un tissu de louan-
ges.

Chevalier, que B n'eft que libéral envers
On peut dire néanmoins, reprit Mr. le
Mr. de Sacy: mais il eft magnifique en-
vers Mr. d'Andilly; il le traite en chef de
P. R. Outre la part qu'a Mr. d'Andilly
Mr. de faint Cyran, & de tout le Port-
au prodigieux éloge (b) que B. a fait de
Royal, on ne peut pas voir une plus gran-
fe trouve dans les vingt-quatre pages, que
de profufion de louanges, que celle qui
B. emploie à raporter les Traductions de
rer l'excellence & la beauté.
ce célébre Ecrivain, & à nous en éxagé-

fléxion, dit l'ami de P. R. Baillet ne pou
Je fuis très aife que vous y ayiez fait ré-

(b) Tome: 2. pag. 36.

voit:

LETT. III. voit trop diftinguer cet incomparable Auteur chacune de fes Traductions méritoit bien un article à part, & un éloge particulier. Mais avez-vous pris garde comment le Bibliothécaire fe moque du Pere Labbe, fur ce qu'il avoit attribué à Mr. le Maître la Traduction de faint Jean Climaque, qui eft de Mr. d'Andilly, & fur le Jugement que ce Pere a porté de cette Traduction?

Dites-moi, je vous prie, Monfieur, repliquai-je à l'ami de ces Meffieurs, fi B. ne veut pas croire le Pere Labbe fur fa parole, lors qu'il dit que la Traduction de faint Jean Climaque eft de Mr. le Maître, pourquoi croirai-je fur la parole de B. qu'elle eft de Mr. d'Andilly?

De plus, B. pourroit-il bien répondre, que l'Auteur de cette Traduction Francoife ne fe foit point du tout fervi du Grec de faint Jean Climaque, imprimé par les foins du Pere Rader, ni de la Traduction Latine faite par ce Pere? Et fi cet Auteur s'en eft fervi, au moins en quelques endroits, comme cela eft vrai-femblable, pourquoi n'a-t-il pas fait mention du Grec imprimé, auffi bien que des manufcrits? Craignoit-il d'avouer, qu'un Ecrivain de Port-Royal avoit tiré quelque fecours du travail d'un Jéfuite?

Il femble, à ce que B. raporte, que le Pere Labbe ait donné commiffion à quelques perfonnes, de montrer que cette Traduction Françoife tenoit pour l'ordinaire de la (2) paraphrafe, & quelquefois de l'abregé; & qu'elle étoit peu conforme à l'original. Cependant ce Pere ne dit rien autre chofe, dans fes Differtations Hiftoriques, finon que ceux qui ont plus de loifir que lui, pourront former ces plaintes-là, & les juftifier.

Ce qui me fait croire que le Pere Labbe Pourroit bien avoir raifon, eft qu'un de mes amis, qui s'eft donné la peine d'éxaminer les Traductions Françoifes de ces Meffieurs, fur tout celles des Peres Grecs, ne les trouve point fidelles. Je l'ai vu difpofé à donner fes réfléxions au public. Or il n'eft guéres probable, que S. Jean Climaque, qui eft très-difficile à traduire, ait été traduit plus fidellement que les aures. Si B. veut faire imprimer les manuf

(4) Philol. & Hift. Differt. pag. 809,*

crits Grecs, fur lefquels il prétend que LITT. IV, Mr. d'Andilly a travaillé, on pourra lui faire voir que le Pere Labbe n'a pas trop mal jugé de la Traduction de S. Jean Climaque.

Pour moi, dit l'ami de ces Meffieurs, lors que B. raporte quelque chofe à l'avantage des Auteurs de Port-Royal, je prends moins garde à fa raifon, qu'à fon affection. Je fuis véritablement touché du zéle, avec lequel il prend le parti de Mr. d'Andilly. Voyez comme il tourne à fa gloire la critique même de fes Cenfeurs. S'il dit que le Pere Bouhours juge que les périodes de cet Auteur font trop longues, fur tout dans la Traduction des Confer fions de S. Auguftin, il ajoûte que cela n'a pas été capable d'en dégoûter ce Pere, ni de lui faire perd e l'estime qu'il avoit pú concevoir de ce bel Ouvrage : & ce qu'il ajoûte n'est fondé, au moins que je fache, que fur fon inclination. S'il avoue auffi, que les plus fins Critiques de P. R. ont trouvé dans fes Traductions des taches imperceptibles aux autres, ce n'eft que pour rendre plus croyables ces magnifiques louanges, que Monfieur d'Andilly a paffe de fort loin les Vaugelas, & les d' Ablancourt, pour la connoiffance des Langues; que fes Traductions font beaucoup meilleu res que la plupart de fes Originaux; & qu'il a communiqué plus de gloire à fes Auteurs, qu'il n'en a reçû de jon travail.

Avoucz, Meffieurs, conclut l'ami de P. R. que quand on écrit vingt-fix pages en ce ftile-là d'un Auteur, on écrit en bon ami: & c'eft ainfi que B. écrit des Auteurs de Port Royal, à proportion de leur mérite. Mais on ne traite pas ainfi les Auteurs les plus célébres de la Société. On tranche en cinq petites pages le chapitre du Pere Sirmond; en trois celui du Pere Petau: encore tout n'eft-il pas à leur honneur. Dans le chapitre du Pere Sir mond, Mr. de S. Cyran partage avec ce Pere la science de la Théologie. Plufieurs, dit (5) B. les confidéroient comme les deux Chefs de la Théologie Catholique. Dans le chapitre du Pere Petau, on rabaiffe le Pee re Sirmond au deffous de Mr. de Saumaife. Le Pere Petau, dit B. paffoit non feulement le Pere Sirmond, mais encore:

(b) Tome 2. pag. 236.

Mrs.

LETT. IV. Mr. de Saumaife, de plufieurs coudées. Des trois pages, que contient le chapitre du Pere Petau, il y en a deux employées à éxaggérer fes défauts. Voila comme B. traite les Jéfuites les plus diftinguez: les purs éloges font réfervez pour nos Meffieurs. A la vérité l'éloge de Mr. Hermant eft fort court; mais il eft grand & folide. B. dit en une page tout ce qu'on pourroit écrire du Critique le plus habile & le plus accompli qui foit au mon

de.

Ce qui me paroit de plus obligeant dans cet éloge, dit Mr. l'Abbé, eft que B. tire du fonds de fa gratitude les louanges qu'il donne à fon bien-facteur: il ne cite perfonne; mais en homme capable de juger lui-même des Ouvrages des faints Peres, des piéces de l'Antiquité Ecclefiaftique, & de l'éxamen que Mr. Hermant en a fait, (a)il prononce que l'éxactitude eft gardée dans cet exainen, avec toute la ri"gueur, que la vérité la plus pure peut éxiger de la capacité de l'homme.

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Pourquoi voudriez-vous, reprit Mr. le Chevalier, que B. citât des Auteurs, en louant Mr. Hermant? Il n'en cite point, blâmant les Jéfuites; quoiqu'il ait dit dans fon (6) Avertiffement, que la voix publique pourroit bien être un témoignage fuffi fant pour les chofes avantageuses, mais non pas pour les defobligeantes.

Où eft le garand de ce qu'il écrit au defavantage du Pere Labbe? par éxemple, que l'amour du travail a acquis à ce (c) Pere la qualité d'un copifte fort adroit, mais d'un Auteur affez médiocre en ce qu'il a fait de fa tête: que (d) l'on eft dans une opinion médiocre de fon rare mérite: qu'il a profité des lumieres (e) de Port-Royal, en ce qui regarde la Critique. Où B. at-il trouvé cela? & qu'avoit donc tant fait le Port-Royal en matiere de Critique, lorfque le Pere Labbe publia fa Differtation Philologique & Hiftorique? Que ne vous dit-il où il a appris, (f) qu'on accufe Bellarmin de quelque partialité? D'où at-il tiré le foupçon qu'il a, que le Pere Garnier n'eft pas le véritable Auteur du

(a) Tome 2. pag. 89. (6) Avertiff. Art. IX. (c) Tome 2. p. 249. (d) Tome 2. pag. 356. (e) Tome 2. pag. 31.

Systême de la Bibliothéque du College de LETT.IV. Clermont, mais (g) qu'il n'a fait que lui prêter fon nom? Où a-t-il lû, que le Pere Sirmond donne en toutes rencontres des marques d'une liberté,qui eft plus que d'un (h) Régulier?

En quel bon Auteur a-t-il puifé ces idées fauffes & grotefques, qu'il débite fur le ftile & fur le génie Poëtique du Pere Commire, dans le parallele qu'il a fait de ce Poëte avec le Pere Rapin? Si au lieu d'écouter fon reffentiment, il avoit confulté Mr. Huet, Mr. de Segrais, & tous ceux qui ont le goût de la Poëfie Latine, & fur tout de la Lyrique, on lui auroit dit que ce Pere a toute la force, toute la pureté, & toute la délicateffe des anciens; & que s'il n'étoit pas très-fobre & trèschafte, on le confondroit avec Horace.

De qui B. a-t-il fû qu'on a fait une fe conde Edition du Virgile du Pere de la Ruë, parce que la premiere n'avoit pas fatisfait l'Auteur, ni le public? Ce font là de ces chofes defobligeantes, qui, felon l'Article IX. de fon Avertiffement, ne devoient pas être rapportées fans garant, c'eft à dire, fans citer un Auteur imprimé.

Je vous ai fait remarquer, Meffieurs, répondit l'ami de Port-Royal, que B. ne fe difpenfe de fes régles, que pour faire plaifir à nos Meffieurs: & c'eft leur faire plaifir, que de battre les Jéfuites. Auffi B. ne les ménage-t-il point.

Vous avez vu comme il pouffe vigoureufement le Pere Théophile Raynaud, dans le premier () Tome; comme il traite (k) Clavius, () Emmanuel Sa, le Pere (m) Garnier, le Pere (2) Phelipeau, comme il tourne le titre d'un Livre du Pere (9) Ribadéneira, afin de dire des chofes defagréables des bons Peres, quoique ce titre foit felon le génie de la Langue & de la Nation Efpagnole; comme il décrie Efcobar, & Bufembaum, dans un endroit où il ne peut les citer qué pour les décrier.

Vous avez vû auffi, dans le fecond (p) Tome, comme il infulte à la Société, en par.

(f) Tome 2. p. 27. (g) p. 8o. (h) p. 85. (i) Tome I. pag. 33, 34. (k) pag. 131. (l) pag. 137. (m) pag. 149. (n) pag. 150. (•) pag. 176. (P) Tome 2. pag. 39.

LETT. IV. parlant de la Bibliothéque, que Ribadéneira, Alégambe, & Sotuel ont faite de leurs Ecrivains. Tout ce qu'il écrit depuis la page 39. jufqu'à la page 41. coule de fource; & on fent, en le lifant, le plaifir que l'Auteur a eû en écrivant. Cet endroit aura beaucoup plû à nos Merfieurs.

Affarément, reprit Mr. l'Abbé, B. y réveille le fouvenir de tout ce qu'il y a de plus odieux contre les Jéfuites, en matié re de Livres: & de peur d'omettre aucun de leurs Auteurs, à qui l'on ait reproché des Ouvrages fâcheux, il leur donne Vernant, qui ne leur appartient pas.

Vous avez vû encore, combien il ménage les Auteurs de Port-Royal. S'il a befoin d'exemples odieux, il les prend ordinairement des Auteurs de la Société, & jamais de ceux de Port-Royal. Sur les titres trompeurs, qui promettent tout le contraire de ce que l'on trouve dans les Livres, il ne cite point la Fréquente Communion de Mr. Arnauld, mais le Prædeftinatus du Pere Sirmond. Sur les titres extraordinaires des contemplatifs, que B. tourne en ridicules, il ne nomme que deux Auteurs de la Société.

Malheur aux Ecrivains Jéfuites, qui fe trouvent en concurrence avec les Ecrivains de Port-Royal.

fecond Concile d'Orange, B. dit qu'il LETT. IV. perd quelque chofe de la bonne opinion, où le public avoit été jusqu'alors de fa modération & de fon honnêteté; & l'Auteur qu'il cite fur cela, eft Mr. de faint Cyran lui-même, home fincere & modéré, comme vous favez. Bien que le Pere Sirmond fût un des plus habiles hommes de fon fiécle dans l'Hiftoire des Conciles, parce qu'il ne fouffre pas tranquillement que Mr. de faint Cyran le faffe paffer pour falfificateur des facrez Canons, B. dit que ce Pere fe fit de cet Abbé un adverfaire d'autant plus terrible, qu'il l'attaquoit (c'est à dire, que cet Abbé l'attaquoit) de la mafuě, dont il venoit de défaire les ennemis de la Hiérarchie, & du Clergé de France. C'eft ainfi que B. nomme les Jéfuites: Mr. Arnauld ne les nommeroit pas autrement.

Le Pere Sirmond n'eft pas le feul, qui perde fes bonnes qualitez, en fe défendant contre un Auteur de P. R. me dit l'ami de ces Meffieurs. Le Pere Vavaffeur a auffi perdu quelque chofe, en attaquant un autre célébre Ecrivain.

Je m'en fouviens, repris-je. Ce Pere, qui eft un judicieux Critique dans tous fes autres Livres, ceffe de l'être dans celui de (c) l'Epigramme, parce qu'il y cenfure un Recueil d'Epigrammes choilies, fait par Mr. Nicolle, & qu'il le cenfure fort à propos.

Vous aurez fans doute fait réfléxion à la différence que B. met entre les Critiques (d) de P. R. & ceux de la Société, poursuivit l'amni de P. R. Selon lui, „, les " premiers font formez fur les régles du jugement & du bon fens. Le célebre Abbé de faint Cyran, & celui qu'on regarde comme le maître commun de tous les Auteurs, leur ont communiqué cette délicateffe de goût, qui les fait diftinguer fi fort dans l'Eglife & dans le monde.

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Il eft vrai, Monfieur, ajoûtai-je, que quelque mérite qu'aient ces Auteurs, B. fait bien les rabaiffer au deffous de ces Meffieurs, lorfqu'ils ont quelque difpute enfemble. Selon B. la qualité dominante du Pere (a) Sirmond, était ce jugement admirable, qu'on n'a prefque point trouvé dans aucun autre Critique en pareil degré.,, Outre ce bon fens, qui regne dans tous fes Ecrits, ce Pere a un air de modeftie, qui fait lire fes Livres avec affection. Les Proteftans ont loué fa fincérité fa bonne foi. B. trouve le Pere Sirmond accompli, tant qu'il n'a rien à démêler avec le Port-Royal: mais dès que le Pere Sirmond ofe fe défendre contre Mr. l'Abbé de (b) faint Cyran, B. dit qu'il perd le bon goût. Quand ce Pere repouffe la calomnie, que le bon ami de Mr. d'Ypres lui imposoit, d'avoir contribué à altérer un Canon du

Tome 2. pag. 236. ()Tome 2. pag. 85. (c) Tome 2. pag. 10.

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Entre les Critiques Jéfuites, Poffevin
peu (e) fûr, peu judicieux, peu cor-
rect: il auroit befoin qu'un homme capable
revit fa Bibliothéque & fon Apparat. Le
(f) Pere Théophile Raynaud eft un bom-
me mordant & fatyrique.
me mordant & Jatyrique. Turrien eft un

(d) Tome 2. pag. 86.
(e) Tome 2. pag. 27.
Tome 2. pag. 30.

Cri

LETT. IV. Critique de mauvais goût, entêté, & dif-
pofé à tout facrifier pour la défense de fes
préjugez.

Selon B. la Grammaire raifonnée de
(a) Mr. Arnauld a été reçue avec des ap-
plaudiffemens univerfels: & la Grammai-
re Hébraïque du Cardinal Bellarmin,
quoique fort bonne, à juger de ce que B.
en dit, n'a pas dû être bien reçue, parce
que ce (6) Cardinal favoit fort peu d'Hé-
breu, au fentiment de Scaliger, que B.
appuye de la forte, En effet, il y paroit,,
plus de méthode & de netteté, que d'éru
dition Fuifve.

Enfin B. diftingue par tout les Auteurs
de P. R. de ceux de la Société. Il loue
nos Meffieurs en toutes rencontres, & le
plus qu'il peut; & ne dit des Jéfuites qu'au-
tant de bien qu'il en faut, pour faire croi-
re le mal qu'il en rapporte.

Il rapporte tout ce qu'on a écrit au defavantage des Jéfuites, pour n'être point accufé de diffimulation d'infidélité: & il s'éleve au deffus d'un femblable reproche, pour ne rien raporter de ce qu'on a écrit au defavantage de Meffieurs de PortRoyal.

Il ne rapporte rien de defavantageux à Meffieurs de Port-Royal, parce qu'il craint de puifer dans des fources empoisonnées, & que c'eft la paffion, dit-il, qui a fait écrire contre eux. Mais il ne craint point de puifer dans les Hérétiques ce qu'il écrit contre le Pere Petau, contre Poffevin; dans Cléanthe, & dans la feconde partie des Obfervations de Mr. Ménage, qui, à ce qu'il avoue, eft mêlée d'invectives, ce qu'il écrit contre le Pere Bouhours. Voilà ce qu'on appelle un bon ami.

Quelle fatisfaction n'en devons-nous pas attendre dans la fuite, quand il parlera des Livres Afcétiques, des Théologiens, des Cafuiftes? Dieu fait comme il accommodera les bons Peres.

Je confeille à Meffieurs de Port-Royal, dit Mr. l'Abbé, de donner à ce bon ami quelque connoiffance de la vie intérieure, & de la conduite des ames; quelques élémens de la Théologie Scholaftique, Pofitive, & Morale; afin qu'il puiffe parler correctement des Ecrivains, qui traitent de ces Sciences-là.

(a) Tome 2. pag. 283. (b) pag. 348,

(c) Tome z. pag. 227.

(4) Tome 2 pag. 17, 18.

Je vous affûre, Monfieur, repliqua l'a- LETT. IV. mi de Port-Royal, que B. n'a pas befoin de maître. Il a tant de difpofition pour les Sciences, qu'il les apprend de lui-même, avec le feul fecours des Livres. II a été élevé dans un endroit, où l'on parloit fi fouvent des matiéres conteftées, & fur tout de la Grace de faint Auguftin, qu'il en fait tous les myftéres: il s'exprime là-deffus comme nos Meffieurs. Voyez comme il écrit de Grotius. (c) " Dans la recherche de la Vérité, dit-il, il ne lui a manqué que la Grace victorieufe de Jésus-Chrift". C'eft ainfi qu'on parle à Port-Royal. Vous aurez remarqué comme il écrit de la Congrégation de l'Indice: (d) nus Meffieurs n'en écriroient pas davantage. Ainfi fans autre instruction, que quelques-uns de nos Mémoires, B. écrira de la Morale des Jéfuites comme Mr. Pafchal & des Livres du Pere Annat comme Mr. Arnauld.

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Vraiment, dit Mr. le Chevalier, c'est quelque chofe de beau d'être Bibliothécaire & de faire un Recueil de Jugemens? On devient bien-tôt par là un homme de conféquence. Peut-on l'être plus que B. l'eft devenu par cette voye? Non pas tou tefois en la maniere qu'il le dit, dans le dernier article de fon Eclairciffement, où il prétend, qu'on l'a jugé capable de difcernement, à l'égard des deux partis, qui ont agité l'Eglife depuis un demi fiécle (car on ne l'a point jugé capable de cela) mais en fe donnant des airs d'autorité, & des emplois que les plus grands hommes mêmes ne fe donneroient pas dans leurs é crits.

C'est peu de chofe que B. prêche la perfeverance dans le bien à Mr. de Benferade, (e) en reprochant à feu Mr. de Corneille d'en avoir manqué fur la fin de fes jours.

Il parle en fouverain Critique des pieces d'efprit: & fur ce que Mr. Racine avoit dit, que Meffieurs de l'Académie Françoise espéroient retrouver dans Mr. de Corneille le jeune, outre le nom, l'efprit & l'enthoufiafine de l'aîné, B. ofe écrire: (f),, Cette attente paroît dattée

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de l'an 1684. de forte qu'il faut nous ,, difpofer à faire une grande différence " entre

() Tome 4. pag. 340.
(f) Tome 4. pag. 360.

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