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en conte fept, mais il dit que de ces fept fes Comil n'y en a que quatre entiers.

mentaires

vre des

Harménopule, au commancement de fon Manuel, témoigne qu'elles étoient appelées du même nom. Et c'eft ainfi que les ont nommées enfuite les Juris confultes modernes. Cujas au chapitre 9. du VI. Livre de fes Obfervations, fait mention de cette appellation en ces termes: Βασιλικῶν Libros vulgὸ ἑξηκοντάβιCλov nuncuparunt, quòd fint LX. divifi in TεÚXM Sex: non quatuor, ut plerique pu tant. Jofeph Marie Suarés, Evêque de Vaifon, a dit la même chofe dans fa docte Préface fur les Bafiliques. Je ne m'étonne pas que Mr. Baillet n'ait point vu ces paffages de Pfellus, d'Harménopule, de Cujas, de Suarés; car il n'en eft pas encore aux Jurifconfultes; & il apprend Tu la poterie fur le pot: Mais je m'étonne Kv extrémement qu'étant Bibliothécaire d'uμανθάνειν : ne auffi grande Bibliothéque qu'eft celle Proverbe Grec. de Mr. de Lamoignon, il n'ût pas feulement vû lorfqu'il fit cette faute, la prémiere feuille du Livre des Bafiliques; qui eft un Ouvrage confidérable puifqu'il comprend fept volumes in-folio. S'il l'ût vue, il y at lû cette infcription, Baci nov Libri LX. in VII. Tomos divifi. Mais il n'avoit pas même lû en ce tems-là la premiére feuille de la verfion de Gentien Hervet; car elle fait auffi mention de ces foixante Livres des Bafiliques. Libri VIII. Bacinãy diaτákewv. id eft, Imperialium Conftitutionum; in quibus continetur totum Jus Civile à Conftantino Parphyrogenneta in LX. Libros redactum.

Cette faute de Mr. Baillet eft excufable: fur le X. Li-
Gentien Hervet ayant dit lui-même dans Queftione
l'infeription de fa Verfion que cette Ver- de Papi-
fion contenoit VIII. Livres des Bafiliques. aien.
Ce qui a trompé Hervet, c'eft que le fe-
gond Tome des deux qu'il a traduits,
contenoit tant de titres, qu'il a crû, com-
me il le dit lui-même, qu'il contenoit du
moins quatre Livres comme le premier.

La troifiéme faute de Mr. Baillet dans
le paffage ci-deffus allégué, c'est que de
la manière qu'il s'eft exprimé, il paroît
qu'il a crû que le Livre des Bafiliques con-
tenoit feulement les Conftitutions des
Empereurs de Conftantinople. Ce qui est
très-faux. Voici l'Hiftoire des Bafiliques.
Les Bafiliques, Tà Baciλinà, font les
Loix des Empereurs: comme les Epar-
chiques, Tà 'Exaрxinà, font les Edits
des Préfets du Prétoire. Et les Livres des
Bafiliques font les Loix des Romains tra-
duites en Grec; c'est-à-dire, le Digefte,
le Code Juftinien, les Novelles de Jufti-
nien: à quoi on a ajoûté quelques Edits
de Juftinien, de Juftin le Jeune, de Tibé-
re de Thrace, de Zénon, & de Bafile le
Macédonien. Cette Traduction fut faite
par les ordres de l'Empereur Léon le Phi-
lofophe,
Libri lofophe, comme nous l'apprenons de
Pfellus dans fon Synopfis Legum, d'Har-
ménopule dans fon Manuel, & de Bal-
famon dans fes vers. Et l'Empereur Léon
fe fervit pour cet Ouvrage de Sabbatius
Protofpatarius, comme nous l'apprenons
de Mathieu Blaftarés. Et dans ce même
tems Photius, Patriarche de Conftantino-
ple, fît la Collection des Canons, qu'il
appela Nomocanon. Quelques-uns ont cru;
& entr'autres, François Balduin; que les
Bafiliques avoient été faites par l'ordre de
l'Empereur Bafile, Pere de Léon le Phi-
lofophe. Mais en cela ils fe font trompez.
Illorum inepta eft opinio, qui Bafilio Bafili-
ca tribuunt, dit Cujas. Et ce qui les a
trompez, c'est que l'Empereur Bafile
conjointement avec fes fils Constantin &
Léon, avoit commencé à faire travailler
à la Verfion Grecque des Loix Romai
nes: comme nous l'apprenons de Cédré-

La fegonde faute de Mr. Baillet, c'eft qu'il dit que Gentien Hervet a traduit huit Livres des Bafiliques: & il n'en a traduit que fix: qui font, le 28. le 29. le 45. le 46. le 47. & le 48. ce qui a été remarqué par Mr. Fabrot dans fa Préface des Bafiliques: en ces termes: De Libris XXVIII. XXIX. XLV. XLVI. XLVII. XLVIII. quos Gentianus Hervetus Latinè verterat, boc tantùm dicam, Hervetum doctiffimum quidem fuiffe, fed non Juris: (c'est ce que Conanus, vir Cujas difoit de Conan) ut integros vertere eft doctiffi- maluerim, quàm verfionem ejus emendare. Jam Cujacius in eruditiffima Præfatione Juris. Corrumpit judi- Libri LX. fatis monuerat quid in ejufmodi verfione defideraret. L'Evêque de Vaifon

mus, fed non

cium: &

tempus perdit, qui in ejus Commentariis ilLad ponit. C'eft dans

1. Premiérement je ne fai s'il ne vaudroit pas mieux faire Bafiliques du mafculin, quand ce ne fe

nus

roit que pour éviter l'équivoque de Bafilique dans la
fignification d'Eglife on de Palais. Secondement

je

&

nus dans l'Hiftoire de l'Empereur Bafile. Et c'est par cette raifon que l'Empereur Léon le Philofophe dans fa Novelle 71. attribue par honneur les Bafiliques à fon pere Bafile. Car parlant dans cette Novelle de l'efpace qu'il faut laiffer entre le bâtiment que veut faire un particulier, les terres labourables, ou les vignes, d'un autre particulier, il dit que la Loi qui ordonne cet efpace a été faite par fon pere. C'eft la pensée de Cujas au chapitre 31. du Livre XVIII. de fes Obfervations. L'Empereur Batile voyant beaucoup de confufion, & quelques défauts, dans le corps du Droit des Romains, avoit donc réfolu, comme dit Cédrénus, de le réfondre, & de le faire traduire en Grec. Mais prévenu par la mort, n'ayant pû qu'ébaucher cet Ouvrage, fon fils Léon l'acheva. Il eft vrai néanmoins que Batile acheva le Пpóxεipov vóμar (c'eft-à-dire, le Manuel des Loix) conjointement avec fes fils Constantin & Léon. Et comme cet Ouvrage étoit divifé en 60. Livres, de même que les Bafiliques, cela peut avoir contribué à faire croire que Bafile étoit Auteur des Bafiliques. Mr. l'Abbé Huet, nommé à l'Evêché de Soiffons, & digne d'une plus grande Dignité, a écrit dansfon Dialogue de Claris Interpretibus, que les Bafiliques furent faites par l'ordre de Bafile, de Léon, & de Conftantin le Porphyrogennéte (1). A l'égard de Bafile, il a cru par les raifons que nous avons rapportées, qu'il avoit contribué à cet Ouvrage. Et à l'égard de Léon le Philofophe, fils de Bafile, il a û en vue les paffages de Pfellus, d'Harménopule & de Balfamon, dont nous avons parlé. Et à l'égard de Conftantin le Porphyrogennéte, fils de Léon, il a cru qu'il avoit part à cet Ouvrage à caufe de ce qui eft dit dans la Préface des Vers de Balfamon, que Conftantin le Porphyrogennéte eft Auteur de l'Avanábaрois. Mais Cujas a fort bien fait voir que cette Anacatharfe de Constantin le Porphyrogennéte étoit feulement une répurgation; c'est-à-dire, une cor rection des Bafiliques de Léon le Philofophe; & pour ufer des termes de Cujas, Bafilica repetita prælectionis. Et fi Balfa

je ne trouve point que M. Huet faffe la moindre mention de Bafile, de Léon, ni de Conftantin, en

mon par cette Anacatharfe, dont il parle dans fa Préface, avoit entendu parler des Bafiliques, il fe feroit contredit: car dans le corps de fes vers il dit nettement que Léon le Philofophe eft l'Auteur des Bafiliques. En un mot, il n'est plus révoqué en doute que le Livre des Bafiliques ne foit de Léon le Philofophe. quiores autem rerum Judices heic monendi funt, Libros Bafilicon in Libros fexaginta a Leo ne Imperatore, (quo auctore cenferentur Bafilica, anteà non conveniebat) divifos, integros ad nos non perveniffe, dit Mr. Fa brot dans fa Préface des Bafiliques. Et cequ'a écrit Hervet à la tête de fa verfion, que les Bafiliques avoient été divifées en LX. Livres par l'Empereur Conftantinle Porphyrogennête, eft dit fans preuve.

Il me refte à remarquer, que l'Auteur' du Catalogue des Manufcrits de la Biblio théque de faint Laurens de Florance, imprimé à Florance, & en Hollande, attribue à faint Bafile le Livre des Bafiliques, intitulé Synopfis Bafilicwv, & publié par Léunclavius: qui eft une bevue épouvantable. J'en avertis Mr. Baillet, afin que lorfqu'il parlera de cette Synopfis, il nefaffe pas la même bevuë.

XLI.

Quelques particularitez touchant Carnéade Zénon, ignorées par Mr. Baillet.

Onfieur BAILLET. On dit que Zénon le Pere des Stoiciens avoit compofé 705. Opufcules différentes; qui, nonobftant leur multitude étoient d'une fi grande force, que Carnéade de l'Académie ayant entrepris d'y répondre, s'étoit cru obligé toutes les fois qu'il prenoit la plume pour le réfuter, de prendre auparavant de

Ellebore blanc pour fe purger & fortifier la tête, & pour empêcher que l'eflomac ne lui envoyât des vapeurs au Cerveau. Mais on ne convient pas que tous ces Ouvrages ne fuffent que d'un feul & même Zénon. Et quelques-uns doutent que ce fût au Chef des Stoiciens qu'en vouloit Carnéade.

MENAGE. C'eft de cet endroit de

Chriftianus Libérius dans fa Bibliophilie,

page

aucun endroit de son Dialogue, du moins de l'édition in-4. 1661,

page 6. que Mr. Baillet a pris ce qu'il dit ici de ce grand nombre des Livres de Zénon car comme je l'ai déja remarqué plufieurs fois, Mr. Baillet ne puife pas dans les fources: Zeno Stoicorum Pater, ufque ad feptingenta quinque ovyyрáμuaTu, five opufcula, evulgavit. Je ne fai d'où Libérius peut avoir pris cette particularité: Diogene Laerce dans l'énumération des Livres de Zénon, le Pere des Stoïciens, n'en conte que douze. Il eft vrai néanmoins que ce Pere des Stoïciens en a écrit davantage : & je me fouviens d'avoir remarqué dans mes Obfervations fur Laerce, que Laerce même fait mention de quelques Livres de Zénon, dont il n'a point parlé dans l'énumération des Livres de ce Zénon. Et dans fa Préface, il dit, que notre Zénon avoit fait beaucoup de Livres; que Xénophane en avoit plus fait que Zénon, & Démocrite plus que Xénophane; & Ariftote plus que Démocrite; & Epicure plus qu'Ariftote, & Chryfippe plus qu'Epicure. Et Epicure, comme l'a remarqué Mr. Baillet, n'en avoit fait que trois cens. Ce qu'a dit Libérius de ce nombre des Livres de Zénon, eft donc abfolument faux.

Mr. Baillet dit qu'on ne convient pas que tous ces Ouvrages ne fuffent que d'un feul & même Zénon. Quelle façon de parler pour un homme qui fe pique de bien parler? Ce feul & même n'est pas dit élégamment. Il faloit dire d'un même Zénon. Mais il n'eft pas ici queftion de langage, il est question de chofe. Qui a dit à Mr. Baillet qu'on ne convenoit pas que ces 705. Livres de Zénon fuffent d'un même Zénon? C'est une queftion qui n'a jamais été agitée par aucun ancien ni par aucun moderne: ces 705. Opufcules de Zénon étant de l'invention de Libérius; dont le Livre de la Bibliophilie a été imprimé à Utrecht pour la premiere fois en 168r. il y a i quatre Zenons Philofophes. Zenon Eléate, Difciple de Parménide; Zenon de Citie, qui eft le fondateur des Stoïciens; Zénon de Sidon, Philofophe Epicurien; & Zénon de Tarfe, Difciple de Chryfippe. Ce dernier Zénon avoit peu écrit, comme nous l'apprenons de Laerce. Et perfonne n'a dit que Zénon l'Eléate, & Zénon l'Epicurien uffent beaucoup écrit. Et ainfi tous les Livres

de ces quatre Zénons ne peuvent aller jufqu'à cent.

Mr. Baillet ajoûte, que quelques-uns doutent que ce fût au Chef des Stoïciens qu'en voulût Carnéade. Je ne penfois pas que Mr. Baillet en fut tant. En effet, Jonfius explique ce Zénon contre lequel écrivoit Carnéade, du Zénon de Tarfe le Difciple de Chryfippe. Eundem credo, dit-il, en parlant de ce Zénon, contra quem Carneades fcripturus, Elleboro fe priùs purgabat : de quo Plinius Hiftorie Naturalis XXV. 5. Valerius Maximus VIII. 7. Gellius XVII. 15. Fulgentius Libro I. il ajoûte: quod tamen Chryfippo tribuit perperam Petronius in Satyrico. Tertullianus Libro de Anima cap. 6. Hieronymus Commentario in Epiftolam ad Galatas. Je penfois que Mr. Baillet ût visé à cet endroit de Jonfius, lorfqu'il a écrit qu'on doutoit que ce fût au Chef des Stoïciens qu'en vouloit Carnéade: Mais je viens préfentement de lire dans fes Corrections qu'il a û une autre vuë. Voici fes termes: S. Auguftin dit que c'étoit lorsque Carnéade vouloit difputer contre Chryfippe qu'il fe purgeoit le cerveau avec de

Ellebore blanc. Mais quoique l'autorité de S. Auguftin pour ces fortes de faits, n'ait rien au deffus de celles des Auteurs profanes; cela nous fait toujours penfer que la plupart de ces rélations font fufpectes. C'est auffi ce que j'ai voulu marquer, lorsque j'ai ajouté, après Oyfélius, & quelques autres, que ce fut au Chef des Stoiciens qu'en vouloit Carnéade. Voici, felon moi, comme la chofe doit être decidée. Carnéade étoit Académicien, & les Académiciens en vouloient fort aux Stoïciens, & les Stoïciens aux Académiciens. Et Carnéade en vouloit perfonnellement à Chryfippe, célébre Stoïcien. Cicéron: Carneades libenter in Stoicos invehebatur. Diogéne Laërce: Καρνεάδης τὰ τῶν Στωϊκῶν βιβλία αναγνές, ἐπιμελέςατα τὰ Χρυσίπε τ8, ἐπιεικῶς ἀυτοῖς αντέλεγε, καὶ ἐνημέρει τοσότον, ὥςε ἐκεῖνο ἐπιλέγειν, Ει μὴ γὰρ XpúGITTOS, 8и йv v éyú. Il faut expliΧρύσιππος, ἐκ ἂν ἐγώ. quer ce Grec à Mr. Baillet: car il ne l'entend pas. C'eft-à-dire: Garnéade ayant la les Livres des Stoiciens, & très-dililû gemment ceux de Chryfippe, il écrivit contre les Livres de Chryfippe. Ce qui lui fuccéda fi bien qu'il "difoit, fi Chryfippe

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n'a.

Préface fur les Foëtes.

w'avoit point été, je n'aurois point auffi été. Il n'y a donc point d'inconveniant de dire que Carnéade fe purgeoit le cerveau a vec de l'Ellébore blanc, lorfqu'il écrivoit contre Chryfippe, comme l'ont dit, Pétrone, Tertullien, & S. Jerôme, aux lieux alléguez; & S. Auguftin au chapitre 19. du Livre 1. contre Crefconius. Et Jonfius n'a pas raifon de dire qu'en cela ils fe font trompez: & particuliérement, Valére Maxime (qui eft un Auteur ancien) ayant écrit la même chofe. C'est Jontius qui s'eft trompé, en difant que Valére Maxime a nommé Zénon & non pas Chryfippe. Voici les termes de Vaiére Maxime: cum Chryfippo difputaturus, Elleboro fe antè purgabat, ad exprimendum ingenium fuum attentiùs & illius refellen

dum acriùs.

Mais comme Zénon de Citie eft le fondateur des Stoïciens, il n'y auroit pas ausfi d'inconvéniant d'expliquer de ce Zénon, le Zénon dont parlent Pline, Aulugelle, & Fulgence. Mais d'un autre côté Zénon de Tarfe le Stoïcien étant Difciple de Chryfippe, Carnéade qui écrivoit contre Chryfippe, peut avoir écrit contre ce Difciple de Chryfippe.

XLII.

Méprise de Mr. Baillet touchant l'Etymo. logie de fon Nom de BAILLET.

Onfieur BAILLET. Le nom qui

Melechu ne méritoit pas d'être con

nu d'eux: & ils ont fait voir effectivement qu'ils ne le connoiffent pas, lorsqu'ils ont prétendu le tirer de l'obfcurité dans laquelle j'avois tâché de le retenir. Mais puifqu'il s'agit de divertir encore une fois le Public, il faut les tirer eux-mêmes de la plaifante erreur, où ils se font précipitez par la paffion déréglée qu'ils ont euë de me rendre un fervice qu'on n'éxigeoit pas d'eux. Il auroit donc été bon pour leur deffein qu'ils ussent fû que ce nom qu'ils ont voulu mettre en question, ne marque autre chose qu'u me couleur qui ne peut être inconnue qu'à des aveugles. L'Origine n'en est pas trop obscure: & fans aller chercher parmi les premiers Egyptiens du tems de Pharaon, com me ont fait quelques Savans, il fuffit de la mettre chez les Grecs, & de dire avec Mr. Ménage dans fes Origines Italiennes & Tom. VII.

Françoifes, que du Grec Batov vient le Latin badius: & puis les diminutifs, badiolus, badiolettus: d'où vient le François Baillet. On pourroit ajoûter même jans rien diminuer de la vérité de cette étymolo gie de Mr. Ménage, que ce mot eft de ces noms heureux qui n'ont pas pour une feule origine, puisqu'on lui en a trouvé encore une autre, qui n'eft peut-être pas moins ancienne dans la Langue Grecque, & qu'Homere s'en est fervi dans la fignification des chofes qui avoient la même couleur. Du Grec Bands dont il fe fert, eft venu le Latin balius. De là s'eft formé le diminutif baliolus,qui a été employé par Plaute pour marquer un homme de la couleur dont il s'agit. Delà eft venu aussi le fecond diminutif balioletus, & par fyncope balietus: qui eft le nom dont Mr. de Thou s'eft fervi dans fon Hiftoire pour nommer un célébre Préfident du Parlement de Paris. Mais pour ne point multiplier nos idées fans néceffité, on peut foutenir avec Voffius, que badius & balius, & par conféquent badioletus, balioletus, balietus, & baillet viennent tous d'une même source; & qu'ils doivent leur extraction au mot de Buis, comme cet Auteur le fait voir avec affez d'étendue dans fon Etymologicon de la Langue Latine. Je n'ai aucun besoin de l'autorité de tous ces favans hommes,pour tourner en ridicules ces Poëtes qui ont prétendu faire des vers fur mon Nom fans le connoitre. Et celle de Mr. Ménage feul eft plusque fuffisante pour confondre leur adreffe,

faire voir l'inutilité de leurs efforts

quand ils auroient été renforcez de M. Ménage même. C'est à l'Inventeur de Bajuletus, c'est-à-dire du spectre après lequel ils ont couru, qu'ils ont obligation de la matiére de leurs vers. C'est auffi à lui, quel qu'il puiffe être, qu'il faut oppofer Mr. Meage; quoiqu'il ne faille pas trop approfon dir la différence qui paroîtroit d'abord entre ces deux personnages, il faut tâcher de les diftinguer, au moins mentalement; pour ne les pas confondre tellement ensemble, que fi l'un s'avifoit de démentir l'autre, le démenti ne retombát fur les deux enfemble, comme fur une même perfonne. Mr. Ménage peut convaincre d'ignorance & de puérilité l'Inventeur du Bajuletus, non feulement par l'étymologie véritable qu'il vient de nous donner du nom dont il s'agit, mais encore par celle qu'il a donnée ailleurs

G

de

-de la Marotte de nos faifeurs de Vers. J'ap
pelle ainfi leur Bajuletus, qui décend en
droite ligne de Bajulus: lequel felon Mr.
Ménage, les autres Savans, fignifie Bail-
lif, ou Bailli, dont la fignification n'a pas
le moindre rapport avec celle de mon Nom.
Deforte que les faiseurs de Vers, pour avoir
peut-être eu trop bonne opinion de leur nou-
vel Etymologifte, m'ont laiffe aller en paix,
& m'ont abandonné pa je jetter Jur un
fantôme, & pour exercer totes leurs fa-
cultez Poetiques dans les allufions que le
mot de Bajulus leur a donné lieu de faire
fur les fonctions des Crocheteurs; que leur
imprudence leur a fait attribuer fort mal
à propos à tous les Baillifs du Royaume, ou
à quelqu'un qui porte le nom de Bailly.
L'ambiguité ou la proximité des noms a
trompé le Devin pour cette fois. Et celui
à qui
Mr. de Balzac donna une faculté di-
vinatrice pour l'étymologie, n'étoit peut-
être pas pour lors jur fon trépié: peut-être
auffi pourroit-il bien avoir reçu l'infpira-
tion de travers, & fans y être préparé. Je
ne fçai aurefte dans quelle vue l'Auteur du
Songe Alinus in Parnatio a prétendu nous
faire connoître ce Devin d'Etymologies: ni
par quel motif il a fait l'injure à Mr. Mé-
nage de vouloir le faire paffer dans le mon-
de pour ce Devin, à qui il attribue la fa-
culté d'interpréter les Songes, en lui de-
mandant l'explication du lien, qu'il n'a pû
fans doute efpérer de lui que par la force du
mot, l'Anagramme du Bajuletus. Mais
se Poëte n'a peut-être pas fait réflexion, en
faifant fon Songe, qu'il y a bien de l'indis-
crétion à louer Mr. Ménage d'une qualité
qu'il avoit autrefois tant blâmée dans la
perfonne du fameux Pédant-Parafite Mon-
mor, & qui avoit fait voir, après Artémi-
dore, qu'il n'est rien de plus ridicule & de
plus impertinent, que d'interpreter les Son-
ges par les Anagrammes, & par l'explica-
tion des noms propres.

MENAGE Que de pédanteries! Mais que d'ignorances & de puérilitez! J'ai rendu en Latin le nom de Mr. Baillet par Bajuletus; qui est son véritable nom La

1. On trouve autant de ces fortes de noms fans l'article qu'avec l'article, témoin M. Brun de Befançon, M. Brunet, M. Bruneau, M. Brunel, M. Blondel, M. Blondeau, Bifet, Blanchet Blanchard, Blanchon, Blancheton, Noirot, Verdin, Verdelet, Violer, Rouget, Rougeot, Roux, Rouffet, Rous

tin: car comme de Bajulus on a fait Baille: ce qui paroît par ces mots Baille de Vewife; Baille & Garde: & que de Bajulivus on a fait Baillif, ou Bailly; on a fait de même Baillet de Bajuletus. Mr. Baillet veut que je me fois contredit dans cette formation de nom: parceque dans me Origines Italiennes & dans mes Françoiles j'ai dit que le mot Baillet èn la fignification de couleur violette, venoit de badius, cela empêche-t-il que dans la fignification de petit Baille il ne vienne de Bajuletus. J'ai dit dans mes Origines Françoifes que le mot d'ambler dans la fignification d'aller l'amble, venoit d'ambulare; & que dans la fignification de dérober il venoit d'involare; eft-ce que je me fuis contredit dans ces deux étymologies? Mr. Baillet qui veut ici me ridiculifer fur mes étymologies, ne fait ce que c'est qu'étymologies. Balietus n'eft point une fyncope de Balioletus. De Balioletus, on feroit par fyncope Balletus & le Balietus de Mr. de Thou a été formé par Mr. de Thou fur le François Baillet. Et le nom propre Baillet ne peut venir de la contraction de Badioletus ou Balioletus en la fignification de couleur violette: car en ce cas, il faudroit y mettre un article, & dire; Le Baillet (1). C'est ainsi qu'on dit Mr. le Blanc, Mr. le Noir, Mr. le Gris, Mr. le Roux, Mr. le Brun; & non pas, Mr. Blanc, Mr. Noir, Mr. Gris, Mr. Roux, Mr. Brun. Mais que veut dire notre Etymologifte en difant que Ba juletus eft l'Anagramme de Baillet? Mr. Baillet qui juge de tous les Livres, ne fait pas même ce que c'eft qu'Anagramme. Voilà ce Savant qui m'accufe d'ignorance & de puérilité pour avoir rendu le nom de Baillet par Bajuletus : qui dit que je fuis un mauvais Devin: que je n'étois pas fur mon trépié, ou que j'ai pris l'infpiration de travers, quand j'ai rendu ce nom de la forte: qui dit que le Pere Commire m'offenfe en me demandant l'interprétation de fon Songe: laquelle il n'a pû espérer de moi que par la force du

mot

fel, Rouffeau, Rouffat, Rouffard &c. qui font tous noms tirez de couleurs, & la plupart diminutifs, ainfi que Baillet, avec lesquels il est très-rare de voir l'article.

2. Baillet ne dit pas que Lazare de Baïf ait fait des Epigrammes, il dit feulement qu'il en a

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