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ANTI-BAILLET.

PREMIERE PARTIE.

'I.

Calomnie de Monfieur Baillet contre Monfieur de Balzac.

E dois à Monfieur de Balzac une grande partie de ma réputation. Quand je vins dans le monde, Monfieur de Balzac tenoit le premier rang dans la France parmi les gens de Lettres qu'on appelle Beaux Efprits. La diftance infinie qui étoit entre lui & moi, ne l'empêcha pas de me donner des marques publiques de fon eftime. Il fit en diverfes occations des Vers à ma louange. Il m'adreffa plufieurs Lettres Latines & Françoifes dans le Recueuil de fes Lettres. Il me dédia fon Barbon: & il avoit pour moi une amitié tendre. Il dit dans une de fes Lettres à Mr. Chapelain, Je vous ai fait une infidélité, car j'ai brûlé d'un autre feu que du vôtre. Vous le connoitrez par la Lettre que j'écris à Mr. Ménage, qui eft toute pleine de paffion. Et dans une autre: Vous ne me mandez rien de mes amours: je veux dire de Mr. Conrart & de Mr. Ménage. Il me dit dans une de fes Lettres Latines, Vale, mi dulciffime Menagi: scujus fanctus amor tantùm mihi crefcit in boras &c. Toutes ces faveurs m'obligent à commancer ces Remarques par fa juftification contre la calomnie de Mr. Baillet. Mr. Baillet l'accufe d'avoir pris dans fes Lettres par vanité le nom de Balzac ; qui étoit celui de fa Terre; pour faire croire qu'il étoit de l'illuftre Maifon de Balfac d'Entragues. Je raporterai ici fes Tom. VII.

propres termes; afin qu'on ne croye pas que je lui aye impofé dans une chofe auffi peu croyable qu'est l'accufation dont je viens de parler.

Mr. de Balzac s'imaginant que le nom de Mr. DE GUEZ n'avoit rien de relevé, & qu'il n'étoit point propre à donner crédit à fes Lettres, à pris celui de fa terre près d'Angoulesme, pour tâcher d'en rehausfer le prix: croyant que ceux qui ne connoîtroient l'Auteur que par ce nom, le prendroient aifément pour quelqu'un de Pilluftre Maifon d'Entragues.

Mr. Baillet qui eft la vanité même, accufe tout le monde de vanité. C'est un homme qui ne fait aucune Science. Il n'eft ni Théologien, ni Jurifconfulte, ni Philofophe, ni Medecin, ni Mathémati cien. Il n'eft_ni Poëte, ni Orateur, ni Hiftorien, ni Géographe. Il ne fait point le Grec; qui eft la Langue des Sciences, & avec ce peu de capacité, il a la préfomption de croire qu'il eft capable de juger de tous les Livres qui font au monde: car il en juge, quoi qu'il proteste qu'il n'en juge point. N'eft-ce pas être la vanité même? Et cet homme qui eft la vanité même, accufe, comme je viens de le dire, tout le monde de vanité.

Mr. de Balzac n'a pu avoir la pensée que lui attribue Mr. Baillet. Et la calomnie de Mr. Baillet eft fuffisamment refutée par l'édition des Poëfies & des Lettres

A

La

Latines de Mr. de Balzac, où Mr. de
Balzac a pris le nom de Guez. Joannis
Ludovici (1) Guezai Balzacii Poëmata
Latina. Joannis Ludovici Guezai Bal
zacii Liber Adoptivus. Joannis Ludovici
Selecta. Cette calomnie

IL

Emportement de Mr. Baillet contre Mr. de Saumaife.

Es mêmes raifons qui m'ont obligé

Guezai Epiftola Ome par les portraits de d'entreprendre dans la Remarque pré

eft refutée de même Mr. de Balzac gravez de fon vivant, & par fes ordres, où il eft appellé de Guez: & par une de fes Lettres Françoifes qu'il a écrite à fon pere, avec cette infcription, à Monfieur de Guez, & avec ces mots, Monfieur mon très-cher Pere. Et par l'Eloge Latin de Mr. de Guez fait par Mr. de Girac à la priere de Mr. de Balzac, où Mr. de Guez eft appellé pere de Mr. de Balzac. Cet Eloge eft imprimé dans les Ouvrages de Mr. de Balzac. Et par une Lettre de Mr. de Guez écrite à Mr. de Balzac, qui commence par ces mots, Mon très-cher fils, & que Mr. de Balzac m'envoya en m'écrivant la Lettre 28. du Livre XVI. de fes Lettres. A quoi on peut ajoûter que le nom de la Terre de Mr. de Balzac s'écrit par un z, & que celui de la Maifon de Balfac d'Entragues s'écrit par une f.

Que fi Mr. Baillet dit qu'il a Mr. Sorel pour garant de ce qu'il a dit de Mr. de Balzac, on lui répondra qu'il n'y a point de garant à mal faire; & que Mr. Sorel de garant à mal faire; & que Mr. Sorel étoit l'ennemi déclaré de Mr. de Balzac; & qu'il a écrit plufieurs Livres contre Mr. de Balzac. Si Mr. Baillet vouloit donc faire mention de cette calomnie, il devoit la rapporter comme une calomnie, & la réfuter par les raifons que je viens de dire. Mais Mr. Baillet eft un homme qui eft ravi de trouver quelque chofe d'injurieux contre les Ecrivains dans les écrits de leurs Adverfaires, & qui va ramaflant tout ce qu'il y a de venin dans les Li

vres.

Sordes, quifquilias, ineptiafque
Omnes, omnia colligit venena.

1. lly a Guezii dans tous ces endroits & non pas Guez si. Cela paroit une vetille, & c'est pourtant comme fi je difois Jacobus Cujacans pour Jacobus Cujacius.

2. Il me femble, que ce que dit ici Şaumaise

cédente la défanfe de Mr. de Balzac contre la calomnie de Mr. Baillet, m'obligent de juftifier ici Mr. de Saumaife contre fa médifance. Car Mr. de Saumaife m'a auffi honoré de fon amitié, & ti je l'ofe dire, de fon eftime. Pour ne point parler d'un grand nombre de Lettres Latines très-favantes, qu'il m'a écrites, qui m'ont fait honneur dans le monde, il m'a adreffé fa Réponse à Mr. Fabrot, fur la Queftion de l'Aliénation du Preft, & fa Differtation fur l'Herodes infanticida d'Heinfius. De mon côté, je lui ai auffi donné plufieurs marques publiques de ma vénération & de mon admiration. J'ai dit dans mon Epigramme fur le Phaleg de Mr. Bochart,

Ditior in noftris non furgit pagina terris:

Non ipfa herois pagina Salmafii.
J'ai dit dans une de mes Lettres à la Rei-
ne de Suede, par laquelle je lui ai dédié
les Ouvrages Latins de Mr. de Balzac,
que le nom de Saumaife étoit celui de la
undecumque doctiffimus, & qui divinis in
Science même. Claudius Salmafius, vir
omni difciplina lucubrationibus hoc confecu
tus eft, ut jam non hominis fed ipfiusmet
Scientia SALMASIUS nomen habeatur.
J'ai dit à peu près la même chofe dans cet-
te Epigramme Grecque,

Ναυτολιεὺς ἐθέλων γράψαι ποτὲ πολυμαθέτης
Ἐνθάδε πολυμαθῆ γράψατο Σαλμάσιον.
J'ai dit dans cette autre qu'il avoit toutlu,
tout retenu, & tout enfeigné,

Πάντ' ἀναγνές, καὶ πάντα μαθῶν, καὶ πάντω
διδάξας,

Τῇ μέγας ἐν μικρῷ μνήματι Σαλμάσιος.

Et

(car c'eft ainsi qu'il faut dire, fans y ajouter de) contre le P. Petau n'eft qu'une paraphrafe de ces quatre Vers Grecs de Jofeph Scaliger contre Thomas Lydiat,

HA

Quelle fa

ler!

Et j'ai dit la même chofe dans cette troi

fiéme.

Πολλὰ διδασκόμενος γήρασκε Σόλων, σὺ δὲ,

πάντα

Ειδὼς Σαλματίδη, γηράσκεις, πάντα διδάσκων,

Et ainfi je me trouve engagé par mon Jugement, non moins que par mon inclination, à foutenir que Mr. de Saumaife étoit un des plus Savans Hommes du monde; & à refuter Mr. Baillet qui le traitte d'ignorant en toutes chofes: en Théologie, en Philofophie, en Jurifprudence, en Médecine, en Mathématique, en Histoire, en Rhétorique, en Poëfie, & en Grammaire. Voici fes termes:

Quelques-uns des principaux & des plus modérez de fa Communion même, auffi-biex que les Catholiques, ont fait voir que la Théologie n'étoit nullement Jon fait. Mr. Fabrot, le fameux Milton, & plufieurs autres, ont montré qu'il étoit un fort mauvais Jurifconfulte. D'autres ont fait voir combien les Obfervations qui ont donné lieu Sujettes à de croire qu'il étoit bon Médecin, font fujet Perrenr. tes à l'erreur. Et pour montrer qu'il n'éon de par- toit ni bon Philofophe, ni bon Mathémati cien, il fuffit, dit-on, de produire fon Livre des Années Climatériques. Enfin quoique Boxhornius ait écrit qu'il étoit très-bien verfé dans l'Hiftoire, perfonne ne dit aujourd'hui que Mr. de Saumaife ait été, ni Il n'eft ici Hiftorien, ni Orateur, ni Poëte. Le voilà donc réduit à la qualité de bon Grammai rien d'habile Critique: encore n'eft il de Poëte. pas aifé de l'y bien maintenir: car pour ce qui regarde la Grammaire, le Pere Vavas feur remarque qu'il étoit fi négligent & fi étourdi en écrivant, qu'il a laisse souvent gliffer des fautes contre les regles de la Syntaxe, & que fa Latinité n'est pas toûjours dans une grande pureté.

queftion,

ni d'Ora. reur,

ni

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Peut-on parler de la forte d'un des plus favans hommes de nôtre fiécle? D'un homme, à qui tous les Savans de fon tems, à la referve de fes Adverfaires, ont rendu des témoignages d'eftime, de refpect, de vénération, d'admiration, d'adoration.

Ἠλιβάτες κατὰ δένδρο ανεῤῥιχᾶτο αίθηκος

̓Αιπὸν ἐπεισβαίνειν ἔρανον ἐλπόμενος. Δραξάμενος δ' ἄκροιο, καὶ ἐκ ἐπέκεινα προσελθὼν Τοῖσι θεασαμένοις πρακτὶν ἔδειξε μένον,

Mr. Baillet lui-même a produit un grand nombre de ces temoignages. En voici d'autres qu'il a &mis, ou qui ne font pas venus à fa connoiffance.

Jofeph Scaliger lui écrit, nunquam à litteris tuis nifi doctior recedo. C'elt dans la 248. de fes Lettres. En ce tems-là Mr. de Saumaife n'avoit guére plus de vingt ans.. Mr. Grotius lui donne encore de plus grandes louanges. Felicem me planè arbitrarer, vir, suprà quàm nos vel agnofcere poffumus, de omni litterarum genere merite, fi ad tuos æternitate digniffimos labores aliquid contribuere poffem, & inter operas faltem tertias confiftere. C'eft dans la 97. Lettre ad Gallos. Mr. Rickius dans fa Préface fur Tacite l'appelle virorum maximus. Mr. de Balzac a dit dans une Lettre qu'il m'a écrite, non homini, Jed Scientiæ deeft, quod nefcit Salmafius. Et dans un de fes Poëmes Latins à Monfieur Maynard, Président d'Aurillac, il dit que Mr. de Saumaife réfifte lui feul au Pere Sirmond, au Pere Pétau, & à tous fes autres Adverfaires. Quos ille, & cunctos, fuftinet unus. Et il a dit ailleurs, Tot pe netraffe locos, penetraffe tot abdita rerum, & vidiffe unum quicquid ubique latet, laus ca Salmafide.

Il est au refte à remarquer que ce que dit ici Mr. Baillet touchant la qualité de Poëte, a été réfuté par le Savant & l'Eloquent Mr. Bayle dans fes Nouvelles de la République des Lettres, à l'endroit où il a donné fon Jugement fur mes Origines de la Langue Italienne. Ceux, dit-il, qui ignorent que Mr. de Saumaife fût faire des vers Latins d'un tour délicat & fentant l'Antiquité, l'apprendront ici. Car on y cite les vers qu'il fit contre le Pere Pétau, qui avoit pris le nom de Kercoëtius pour écrire contre lui. Ces vers font en effet admirables (2). Les voici.

Cùm depilatis natibus, & facie improba,
Malaque mente, monflrum Cercopithecium
Miros fe ludos oftenfurum dixerat
Non antè vifos, & diem condixerat;

Con

C'eft ce que M. Ménage a lui-même remarqué dans fes modi di dire Italiani, mais il n'a pas remarqué que dans ces vers de Saumaite fur lefquels il fe récrie, celui ci, Quæ funt candata, n'eft pas fans défaut. Caudatus n'eft pas Latin,

Conveniunt omnes Cercopitheci Simia:
Clurina pecudes: omne genus Cercopium : ·
Que funt caudata: qua fine caudis ambulant:
Similes hominibus beftiae turpiffima.
Tunc fimiorum coetus cùm effet maximus,
Erat inter illos ingens exfpectatio,
Quidnam editurus & miri novi foret
Tam grandium minator ille Simius. .
Ergo ut promiffis faceret & dictis fidem,
Proceram cùm legiffet in campo arborem,
Quam vidit unam celfiorem cateris,
Hanc fubito afcenfu aggreffus petere protinus,
Altum arrependo ut arriperet faftigium;
Sperans fe & calum poffe fic contendere.
Verùm cùm magno nifu, magnis viribus,
Sudans, laborans, aftuans, ut fcanderet,
Summum ad cacumen jam venisset arboris,.
Ac fe videret non posse ultra progredi,.
Culum oflentare cœpit turpes nates, .
Derifuique fpectatoribus fuit.

Ce diftique Grec qu'il fit fur le même fujet, ne fent pas moins l'Antiquité:

Κέρκος ἐπείραζεν Μεσῶν ὄρος ἐισαναβαίνειν. ».

Μᾶσαι τοῖς δικρόοις καὶ πεσὶν ἐξέβαλον. Ces deux diftiques, qu'il fit pour fon Epitaphe, étant dangereufement malade à Heidelberg, âgé de 19. ans, & qu'il dicta à Mr. de la Miltiere (1), qui me les a communiquez, font du même caractére:

Cujus fpes nondum tota, nec fama sub auras-
Venerat, hoc condor marmore Salmafius.
Μᾶται ἐκλαύσαντο, καὶ ἐνθάδε νεκρὸν ἔθεντο,

Πολλὴν τὴν σφετέρην ἐλπίδα, Σαλμάσιον. J'ai des Hendécafyllabes de lui, qui font aufft du même caractére. Et Mr. de Bal

1. 11 fignoit de la Milletiére & je le trouve ainfi par tout.

2. Je ne puis croire que Bucanan ait jamais é crit meum pectora, l'inadvertance ne va pas jufquelà, fur tout en vers où il faut néceffairement de la méditation. Il avoit fans doute écrit,

Illa mihi rudibus fuccendit peltora flammis. &c'eft ainsi qu'on le voit imprimé dans le Livre

zac dans une de fes Lettres à Mr. Chape-> lain, qui eft la 4. du Livre 23. fait mention d'un diftique, que Mr. de Saumaife avoit fait à fa louange. Je remarque toutes ces chofes, parce que Mr. Baillet parlant des vers que Mr. de Saumaife a fais fur les Poëfies de Mr. Huygens, femble en parler, comme fi Mr. de Saumaife. n'avoit jamais fait que ces vers-là.

A l'égard des Solécifmes que le Pere. Vavaffeur dit avoir trouvez dans les écrits. de Mr. de Saumaife, fi Mr. de Saumaife la même façon que Bucanan a dit dans fon. en a fait, ç'a été par inadvertance: & de Defiderium Lutetia,

Illa meum rudibus fuccendit pectora flam mis (2).

Et à l'égard de fon Livre de l'Aliénation du Prelt, fon opinion étant celle de Charles du Moulin, le plus grand Jurisconfulte des Avocats de fon tems, & dont les opinions, felon la penfée' du Préfident de Thou, valoient des arrêts, il ne doit pas être traité, au fujet de ce Livre, d'un très-mauvais Jurifconfulte, comme l'appelle Mr. Baillet.

Mais où eft le Jugement de Mr. Baillet, de juger de Mr. de Saumaife fur le témoignage de fes Adverfaires? Mr. de Saumaife écrivant contre le Pere Pétau, dit que c'eft un ignorant. Mr. Baillet ira-t-il conclure delà que le Pere Pétau eft un ignorant? Je renvoye là-deffus Mr. Baillet à fon Traité des Préjugez.

Mais Mr. Baillet ne fe contente pas . d'accufer Mr. de Saumaife d'ignorance, il le fait accufer de vanité, d'orgueil, de présomption, de malignité, d'envie, de haine, de tyrannie, de médifance, d'injuftice, de malhonnêteté, de furie, d'incivilité, de barbarie. Et il ne fe contente pas d'avoir recueilli toutes ces injures con

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tre Mr. de Saumaife, il veut encore faire croire qu'il eft damné, pour n'avoir pas voulu pardonner en mourant à fes ennemis. Et ce qui eft d'extraordinaire, dit-il, c'est que cet illuftre Chrétien fut affez malheureux pour n'avoir pas voulu, même à la mort, relácher quoique ce foit de la bai ne implacable qu'il avoit injustement conçue contre quelques-uns. C'est-ce qu'on peut voir dans Monfieur Spizelius Proteftant. Et fes Panegyriftes mêmes n'ont pu pallier une fin fi pitoyable, & fi conforme à sa vie & à fes écrits.

Cette particularité touchant la mort de Mr. de Saumaife eft une pure médifance & une pure calomnie, qui eft détruite dans la Vie de Mr. de Saumaife faite par Mr. de la Mâre Confeiller au Parlement de Dijon, homme d'une probité égale à fa grande érudition (3).

dans fa converfation que dans fes écrits: car dans fes écrits la vafte étandue de fon érudition lui fefoit dire des chofes hors la chofe: & dans fa converfation fa mémoire ne lui répréfantant que ce qui étoit du fujet, il ne fefoit point de digreffions: qui eft le défaut qu'on a remarqué dans fes Ouvrages.

C'étoit d'ailleurs un homme de bonnes mœurs, & qui avoit de bons fentiments de la Religion dans fa Religion. Voici ce qu'il dit de lui dans fa Préface fur Simplicius. Id fanè femper ftudui laboravique, ut non folùm à Stoicorum libris, fed etiam à quibufcunque, melior, fi poffem, exirem potiùs quàm doctior. Quid fecerim, aut quantum profecerim, aliorum efto judicium. Malo id ex operibus meis, fi talia alla funt, æftimari, quàm verbis venditari. Non aufim profecto id de me profiteri, me hæc ipfa Mr. de Balzac en a ufé plus Chrétien- eorum fcripta, quæ illuftrare fum conatus, nement que Mr. Baillet. Voici comme il cum voluptate pervolutaffe. Cruciavit hoc parle de la mort de Mr. de Saumaife, me fæpe in illis evolvendis, cùm viderem mort dans la Religion prétandue Réfor- tot me adhuc vitiis fcatere; eaque amare; mée: Bien-loin de damner Mr. de Saumai hominem meliore Chrifti difciplina imbufe dans mes vers, je veux croire d'abord tum; que homines Chrifti ignari, & folo. qu'il eft mort de la mort des Juftes. Je naturali lumine præditi, tantopere averfati. veux croire enfuite, qu'il ne se peut pas funt: ut non contenti eorum odium intra fe. qu'un fi grand nombre de qualitez, natu- concepiffe, etiam odiofa porrò aliis ac invirelles & acquifes; que tant de richeffes, fa reddere efficaciffimo fermone tentaverint.. Salmafi- tant de dons du Ciel, ayent été la proye Pudebat in fchola Chrifti natura && educa& denne meurn le butin de l'Enfer: qu'il n'y a point d'ap tum; qui non minus fevera fuis ad emenafers, que parance qu'un même homme qui éclaire ici dationem vitæ mandavit; & in Stoicorum toute la Terre, foit là bas dans les Tene- fcriptis fic verfatum, ut ea vel poffit emendius fupero bres. C'eft dans la derniere Lettre à Mr. dare, tironem tamen adhuc in utraque miSplender in ree jabar? Conrart. litia deprehendi; necdum poffe ea præftare. ad que fuifmet ipfe viribus fultus adfpiravit unus homuncio, Chrifti nefcius, corpo-. re mutilus, conditione fervus, & Irus paupertate.

nex obruat

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C'étoit au refte un très-honnête homme que Mr. de Saumaife. Il étoit civil, obligeant officieux. Et c'étoit un des hommes du monde dont la converfation étoit la plus agréable: car il avoit une grande lecture: & il fe fouvenoit de tout ce qu'il avoit lû: & il le débitoit élégamment. Et il étoit même plus agréable

faflent des Solécifmes de pure ignorance. Sciop-
pius en a trouvé plufieurs de tels dans Scaliger, dans
Lipfe, dans Cafaubon, dans M. de Thou, dans
Strada &c.

¶3. Sans renvoier à cette Vie qui n'eft pas enco-
re imprimée, & qui peut-être ne le fera jamais, on
pouvoir recourir à la 54. page de la Préface qu'An-
ton. Clementius a mife au devant des Epitres de
Saumaife. Voici l'endroit. Injunxit uxori ut qisa habebat
dami fcripta jam confecta & fepofita in quadam arca adver
fus maximes vires dudum prælo parata, omnia ac finzula

Mais Mr. Baillet ne fe contente pas de recueillir tout le mal que les Adverfaires, ou les Ennemis de Mr. de Saumaife ontdit de Mr. de Saumaife; il en invante; il

fal

flammis traderet, ne, fi forte in aliorum manus devenirent,
in publicum erumperent,& magnorum virorum famam
perderent, cum iis graviffimos eorum errores confutaffet.
Madame Saumaife obéit à ces ordres, comme il pa-
roit par les reproches que lui en fait la Reine de
Suede dans une Lettre qu'elle lui écrivit. Il n'eft.
refté en effet de tous ces écrits que l'Apologie con-
tre Milton, & cela apparemment à caufe du Roi
d'Angleterre, de la defenfe duquel auffi bien quer
de celle de Saumaife il s'agifloit en cet Ouvrage.

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