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Tom. 2. pag. 226.

de Peiresc

falfifie des paffages pour le décrier. C'eft- lud fupereft, ut ipfius memoriam venera

ce que je vais faire voir dans la Remarque fuivante.

III.

Falfification de Mr. Baillet d'un paffage de laVie de Mr. de Peiresc, pour décrier Mr. de Saumiafe.

Onfieur BAILLET: Mr. Peirefc Mo avoit raison de dire que la France trouvoit de quoi fe confoler de la perte de Mr. de Saumaife dans l'acquifition qu'elle faifoit de Mr. Grotius: puifque celui-ci valoit bien le double de Saumaife en tout: ayant même plus d'un avantage fur le Prince des Savans Jofeph Scaliger.

MENAGE. Lorfque je lûs cet endroit la premiere fois, je crus que ce raifonnement, puifque celui-ci valoit bien le douVie de Mr. ble de Saumaife, étoit de Mr. de Peirefc: par Mr. de & quelque vénération que j'aye ue pour Gaffendi, la perfonne de Mr. Grotius; quelque admiration que j'aye pour fes Ouvrages; quelque obligation que j'aye à fa mémoire à caufe de l'amitié particuliére dont il m'a honoré; je trouvois étrange que Mr. de Peiresc l'eût comparé avec tant d'avantage à Mr. de Saumaife. Je trouvois même qu'il y avoit quelque efpéce d'ingratitude du côté de Mr. de Peirefc: fachant la vénération & la tendreffe que Monfieur de Saumaife avoit pour lui; ce qui paroît par ces paroles que Mr. de Saumaife écrivit à Meffieurs du Puy fur la mort de Mr. de Peiresc: Impar fum animo firmando qui animo planè defpondeo, Studiáque nullo habeo loco, ex quo ille non fupereft, qui illorum fautor promotorque erat. Ac temperaretur quidem defiderium, fi licuiffet fuperftiti teftatum facere affectum, quem ob collata beneficia merito jure conceperam. Nunc autem eft mihi moriendum ingrato, quando ille eft grati animi fignificationi præmortuus. Quod poffum, il

tione profequar, & fcriptis meis ea transmittam teftimonia in pofteros, que incomparabilis virtus, meritáque nunquam fatis aftimanda depofcunt ab homine qui illum, dum vixit, Jufpexit; pluraque ab illo beneficia, quàm abs quoquam mortalium tu lit. Sed dicere plura non poffum, quin effluam totus in lachrymas: & neceffe eft ftylum hic abrumpam. Mais comme je ne me fie que de bonne forte aux citations de Mr. Baillet, ayant été voir l'endroit de la Vie de Mr. de Peiresc, où je croyois qu'il fût parlé de ce Jugement de Mr. de Peiresc touchant Mr. Grotius & Mr. de Saumaife, je trouvai qu'il n'y étoit du tout point parlé de Mr. de Saumaife. Et je n'y trouvai autre chofe, finon que la France avoit de quoi fe confoler de la perte qu'elle avoit faite de Scaliger par l'acquifition qu'elle fefoit de Mr. Grotius. Tanti Grotium ducebat, ut in vicem Scaligeri affertum Gallia diceret. Qui eft à peu-près ce qu'a dit depuis Mr.de la Peyraréde:

Gallia Scaligerum dederas malefana Batavis:
Grotiaden reddit terra Batava tibi.
Ingratam expertus patriam venerandus uter-
que eft.

Felix mutato crevit uterque folo.

Voilà comme Mr. Baillet corromp les paffages, pour décrier les perfonnes qu'il n'aime pas. Il a de-même falfifié un pasfage de Jonfius pour décrier mes Commentaires fur les Vies, & fur les Sectes des Philofophes de Diogéne Laërce, comme je le fais voir au Chap. 22. de ces Remarques. Mais pour revenir à la comparaifon de Mr. Grotius avec Mr. de Saumaife (1), ces deux grands hommes font comparables en ce qu'ils font incomparables, chacun en fon efpéce. Pares magis quam fimiles.

1. Rien n'eft plus vrai qu'en matière d'érudition Saumaise ne vouloit de comparaifon avec qui que ce foit. Une marque de fa delicatefle fur cet article eft que le Confeiller Sarrau fon intime ami lui aiant écrit ces mots dans une Lettre après la mort de Grotius. Solus ille (Grotius) de principatu literarum tecum contendere poffe videbatur, folus ergo jam regnas &c. peu s'en falut que Saumaise ne rompit en

IV.

tiérement avec lui. C'est ce que je reconnois par deux Lettres qu'il lui écrivit l'une du 30. O&obre, l'autre du 20. Novembre 1645. que j'ai luës manuscrites*, dans la derniére defquelles après avoir dé- Elles ont claré par une fausse modestie & au plus loin de fa depuis eté pensée, qu'il confent qu'on lui préfére Grotius, il publiées témoigne enfuite le peu d'eftime qu'il en fait foit par Crepour la Théologie, foit pour la Philofophie, foit nius.

pour

IV.

Refutation de la Critique de Mr. Baillet, au fujet d'un de mes Madrigaux Italiens.

Onfieur BAILLET. Mr. Ménage Μ Mafait une

a fait une componction à Dieu: où il témoigne en termes tout-à-fait touchans reconnoitre fes fautes. Il condamne fes engagemens: & fur tout, l'infidélité avec laquelle il dit qu'il avoit abandonné Dieu pour Philis. Il pleure avec des gémillemens & des foupirs, mêlés de fanglots, ce qu'il appelle fes defordres: & il s'en accuse de la meilleure grace du monde. Car quoi qu'il ne prétende nullement s'excuser, il espére que Dieu aura pourtant la bonté de l'excufer: d'autant plus volontiers que ce Divin Créateur fembloit avoir contribué à le faire tomber dans le piége, en créant fa Philis fi belle fi aimable. C'eft franchement vouloir nous perfuader que Dieu est un peu caufe du mal dont il s'accufe. Et un trait fi peu attendu, nous fait affez connoître combien les Poetes, que le zéle emporte font quelquefois dignes de compassion: combien ils ont besoin d'indulgence dans leurs meilleures intentions, comme dans les plus mauvaises.

MENAGE. Voici le Madrigal dont eft queftion.

Oime! pavento e tremo

Il tribunale tuo giusto e fupremo,
Padre del Ciel; che da' ftellanti chioftri
L'interno miri de gli affetti noflri.
Per terrena beltà, caduca, e frale,
La tua celefte, eterna, ed immertále,
Infelice obliai.

Te, per Filli, lafciai.

Per lei; quantunque dura;

Arfi; il confeffo; nell' età fiorita;
Arfi; nol niego; nell' età masura.
Offortunata vita!

pour la Jurifprudence, ne faifant nulle difficulté de le mettre fort au-deffous de Voffius le pére, & demeurant feulement d'accord que c'est un grand Poëte, qualité, à fon avis, de nulle confideration pour donner le premier rang dans l'empire des Lettres, & commune d'ailleurs à Grotius avec Heinfius & Barlaus, plus grands Poëtes encore, dit-il, au fentiment de bien des gens. Tout ce que je viens de

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Qu'est-ce qu'il y a à dire à ces vers? Ils ont été approuvez généralement de tous ceux qui les ont lûs: à la referve de nôtre Prédicateur fans Miffion :qui pour me décrier dans la Caballe des Dévots de Profeflion, m'accufe ici d'avoir dit que Dieu a contribué à me faire tomber dans le piége: d'avoir dit, que Dieu eft la caufe du mal que j'ai fait. Où eft-il dit dans ces vers que c'eft Dieu qui m'a fait tomber dans le piége? Que c'eft lui qui est caufe du mal que j'ai fait? Mais quand j'aurois dit que Dieu, pour avoir créé Philis fi parfaite, eft la caufe indirecte, de ma faute, feroit-ce une impiété? Il y a cinquante ou foixante ans, qu'on chante à Paris & à la Cour, dans les compagnies des perfonnes les plus vertueufes de l'un & de l'autre Sexe, des vers qui difent une chofe femblable en termes exprès. Les voici:

Si c'eft un crime de l'aimer,
On n'en doit justement blâmer
Que les beautez qui font en elle.
La faute en eft aux Dieux
Qui la firent fi belle,

Et non pas à mes yeux.

Le vieux Boiffet fit fur ces paroles un air merveilleux: & je me fouviens que Lambert le chantant un jour devant Mr.

le

rapporter fe trouve à la lettre dans cette Epitre de Saumaife, qui n'accordoit, comme il eft aifé de voir, la préférence à Voffius qu'afin de la retenir pour lui-même, fachant bien qu'il auroit toûjours inconteftablement l'avantage fur celui-là, au lieu qu'à l'égard de M. Grotius la chofe feroit affez problématique,

le Gardinal de Retz, alors Coadjuteur de Paris, Mr. le Cardinal de Retz le lui fit répéter plufieurs fois : ce qu'il n'uft pas fait, s'il uft jugé ces paroles impies. Et je me fouviens encore que Mr. le Cardinal de Retz me dit en ce tems-là que ces vers étoient du Poëte de Lingendes. Mr. de Charleval m'a depuis confirmé la même chose. Et ce Poëte étoit un homme de beaucoup de vertu, & digne parant du Pere de Lingendes Prêtre de la Compagnie de Jefus, & de Mr. de Lingendes Evêque de Macon. Il eft au-refte à remarquer, que le mot de Dieux; même parmi les Auteurs Chrétiens, tant Profateurs que Poëtes; fignifie Dieu. Mr. de la Lane dans fon Eglogue fur la premiere de mes Eglogues:

Les Dieux juftes & bons ont mis vôtre A

marante

Au-deffus des flambeaux de la voute éclairante.

Lambin dans une de fes Lettres à Muret: Quod Dii immortales omen avertant. Léonard d'Arezzo dans une des fiennes au Pogge: 0 Dii immortales, pudeat me levitatem hominis referre. Le Cardinal du Perron dans fa Confeffion Amoureufe a dit quelque chofe de femblable à ce que j'ai dit dans la conclufion de mon Madrigal. Voici l'endroit :

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Mon Madrigal n'eft donc criminel que
dans le Livre de Mr. Baillet. Monfieur
Baillet, au refte, demeurant d'accord,
comme il fait, que mon intention eft bon-
ne, quand même il y auroit quelque cho-
fe à dire à mon expreffion, il n'a pas dû
me diffamer pour cela; puifque Dieu en-
tent le langage du cœur: qui eft ce que
j'ai dit dans mon Madrigal:

Padre del Ciel, che da' ftellanti chiofiri
L'interno miri de gli affetti noftri.

Pour les vaines douceurs d'un vain conten- & la Critique de Mr. Baillet ne s'accorde

tement

(Il parle à Dieu.)

J'ai peché, j'ai parlé, j'ai fait injuftement. Mon penfer, ma parole, & mon effet m'accufe.

Mais las! tous ces penfers, ces propos, &
ces faits,

Procédent d'un fujet qui parmi mes forfaits
Sans fa déloyauté me ferviroit d'excufe.

Bertaut Evêque de Sais, a dit auffi a peu-près la même chofe dans ce Sonnet à Dieu:

De poftpofer ta gloire aux loix de fon fervice: De n'avoir dans le cœur rien que fon nom écrit,

Liv...

pas en cet endroit avec la charité Chrétienne. Mais elle ne s'accorde pas nonplus avec fes Jugemens des Savans fur les principaux Ouvrages des Auteurs; aucun Ecrivain n'ayant formé cette accufation contre mon Madrigal. Et en cet endroit, comme en plufieurs autres où Mr. Baillet me critique, Mr. Baillet ne s'eft pas fouvenu du précepte de Pline le Jeune: Primum ego officium Scriptoris exiftimo, ut Epist. . titulum fuum legat: atque identidem interroget fe quid coperit fcribere. Il a abandonné le titre de fon Livre. Et en cela, il n'eft pas à blâmer: ce deffein de ramasfer toutes les injures, toutes les médifances, & toutes les calomnies des Auteurs contre les Auteurs, étant un étrange desfein pour un homme qui fe pique de dévotion.

V.

-

V.

-BAILLE

Ignorance de Mr. Baillet dans la Langue
Grecque, dans la Latine, & dans
PHiftoire des Livres d'Hippocrate.

Onfieur BAILLET qui fait profes

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J'avois dit à Monfieur l'Abbé de Santeuil d'avertir fon ami Mr. Baillet de cette bévue. Il l'en a averti: & Monfieur Bail

Mion de parler de tous les Auteurs let l'a corrigée dans fon premier Tome

Grecs & Latins, fait peu de Grec; & il ne fait guére davantage de Latin.

Il dit à la page 398. du fecond Tome de les Jugemens des Savans: On a de la traduction de Jules Scaliger le Livre d'Hippocrate des Infomnies. Il dit la même chofe à la page 61. de ce même Tome.

Mr. Baillet me permettra de lui dire, qu'Hippocrate n'a point fait de Livre des Infomnies. Le Livre d'Hippocrate que Jules Scaliger a traduit, eft intitulé Tepi EVURVINU: c'est-à-dire, des Songes. Evúz VLOV fignifie Songe; qui eft un mot compofé du fubftantif Uvos qui fignifie Sommeil, d'où Somnus; & de la particule

qui fignifie dans. Et les Grecs ont ainfi appelé le fonge parce qu'il fe fait dans le fommeil. Infomnia, au plurier, fignifie Longes. Virgile;

Que me fufpenfam infomnia terrent:

Et infomnia, au fingulier, fignifie infomnie. Mr. Baillet qui ignoroit la différence de ces mots, & qui n'avoit lû que le Titre Latin de Infomniis de ce Livre d'Hippocrate, a traduit ce titre par ces mots François des Infomnies.

Quels jugemens peut-on attendre fur les Auteurs Grecs & Latins d'un Critique. qui fait fi peu de Grec & de Latin? Mais comment nôtre Ariftarque pourra-t-il juger des anciens Médecins Grecs; de Galien, d'Arétée, d'Aêtius; étant fi étranger dans la lecture d'Hippocrate, le Prince des Médecins, qu'il ne fait pas même le Titre de fes Livres.

Il est au reste à remarquer que ce Juge Souverain de tous les Auteurs juge fur l'étiquette du Sac. Je veux dire, qu'il ne lit que les Préfaces, & les Tables des Livres, avec les Eloges & les Vies des Au

des Jugemens des Poëtes. Mais il eft toujours vrai de dire, que lors que Mr. Baillet a publié fes quatre premiers volu mes, il ne favoit ce que vouloit dire évízviov en Grec, & infomnium en Latin, & qu'il n'avoit aucune connoiffance des titres des Livres d'Hippocrate.

VI.

Ignorance de Mr. Baillet dans la Langue
Grecque, dans la Chronologie, & dans
'Hiftoire des Philofophes.

Onfieur BAILLET dit à la page

M141. de fon premier Tome: Cor fippe n'étoit proprement que le Singe d'Epi-1 cure pour ses compofitions, & le Parafite de fes Livres, comme l'appeloit Carnéade. Car il affectoit de faire && d'écrire tout ce qu'il voyoit faire écrire à Epicure. C'est pourquoi il le copioit fonvent; & quand il le vouloit furpaffer, il alloit mendier divers paffages des autres Philofophes. Ce qui a fait dire à Zénon & à Ariftote, que tous fes Livres étoient pleins de témoignages S de paroles d'autrui.

Cette faute eft épouvantable. Car outre qu'elle fait voir l'ignorance de Mr. Baillet dans la Langue Grecque, elle le convainc d'une ignorance extrême dans l'Hiftoire des Philofophes, & dans la Chronologie. Ariftote n'a pû parler des Livres de Chryfippe (1). Il étoit mort avant que Chryfippe fût au monde. Aristote mourut l'an troifiéme de la cent quatorziéme Olympiade; & Chryfippe mourut dans la cent quarante - troitiéme. Mr. Baillet cite pour la confirmation de fon opinion Diogéne Laerce dans la Vie d'Epicure, à la page 273. de l'Edition d'Angleterre. Mr. Baillet n'a point

| 1. Il n'y a guére d'apparence non plus que Zé- fippe n'avoit encore que dix-sept ans. non en ait pu parler, puisqu'il mourut que Chry

10

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T lû le Grec de cet endroit de Laerce; car il n'entent pas affez le Grec pour entendre un fi long paffage Grec: mais en ayant lû la verfion d'Aldobrandus; que voici: Epicuri multam fcriptionem Chryfippus amulatus eft: quemadmodum Carneades ait, parafitum ejus librorum ipfum appellans: fi quid enim Epicurus fcriberet, tantumdem fcribere Chryfippus ob amulationem ftudebat: quocirca eadem fæpe & ea quæ fibi in mentem illico veniebant, &feftinatione parum emendata: teftimoniaque tot infunt, ut eis folis libri referti fint, quemadmodum & apud Zenonem & apad Ariftotelem invenire licet; & l'ayant luë ponctuée de la forte que je viens de la représenter, & telle qu'elle eft imprimée dans l'édition d'Angleterre; il a crû que ce que difoit Laerce de Chryfippe, avoit été rémarqué par Zénon & par Ariftote; & ces mots, quemadmodum & apud Zenonem & apud Ariftotelem invenire licet, veulent dire que ce défaut de rapporter trop de témoignages dans des Traitez Philofophiques, qu'on blâmoit dans les é crits de Chryfippe, fe rencontroit auffi dans ceux de Zénon & d'Ariftote: ce que j'ai expliqué amplement dans la Note que j'ai faite fur ce paffage.

Voilà le Critique, qui a entrepris de juger de tous les Savans; & qui traite Mr. de Saumaife d'ignorant en toute forte de Sciences: En.cor Zenodoti, en jecur Cra

tetis.

J'avois dit au même Monfieur de Santeuil d'avertir fon ami de cette faute horrible. Mais foit qu'il ne l'en ait pas averti, ou foit que Mr. Baillet ait négligé ma rémarque, Mr. Baillet n'a pas corrigé cette faute dans fes Rétractations.

VIL

Ignorance de Mr. Baillet dans la Langue Latine. Faute de Jugement de Mr. Baillet.

Onfieur BAILLET eft un grand li

l'Ordre Militaire de S. Jean; dans lequel Eloge cet Auteur étoit appellé Magnus Comicus, à caufe d'un nombre prodig eux de Comédies qu'il a faites: il en a fait dix-huit cens; fi on en croit Nicolas Antonio, Auteur de la Bibliothéque des Ecrivains Efpagnols; & plus de quatre cens Autos Sacramentales. On appelle ainfi en Efpagne ces Piéces Dramatiques qu'on récite le jour de la fête du S. Sacrement. Mr. Baillet, ayant lu, dis-je, quelque Eloge Latin où Lopé de Véga étoit appelé Magnus Comicus, il a cru que ce mot Comicus fignifioit un Comédien. Et dans cette créance, il l'a appelé le plus grand Comédien de la terre. C'est à la page 28. de fa Préface fur les Poëtes, au fujet d'une grande invective qu'il fait contre moi, parce que j'ai fait des vers de galanterie. Voici fes termes: Nous pourrions en dire autant du fameux Docteur, Frere Lupe de Vega, Religieux Espagnol, le plus grand Comédien de la terre: qui ne fe defit peut-être pas entiérement de fes babitudes: mais qui tâcha du moins de les regler, ou de les réformer par des Ouvrages de pieté. Je pardonne à Mr. Baillet d'avoir ignoré que Comoedus fignifie un Comédien, & que Comicus, fubftantif, fignifie un Poëte Comique. Mais je ne lui pardonne pas la faute de Jugement qu'il a faite, en fefant monter fur le Theatre un Religieux Mr. Baillet du Tiers Ordre de S. François, un Doc- donne tou teur, un Prêtre, un Gentilhomine, & tes ces quaun Chevalier de Malte.

Voilà l'homme qui eft venu juger les vivans & les morts. Il n'eft point vrai, au refte, que Lopé de Véga ait été Religieux. Il ett vrai que Nicolas Antonio dit de lui, Tertii quoque Ordinis Sancti Francifci Regulam profeffus. Mais cela ne veut pas dire qu'il ait été Religieux du Tiers Ordre de S. François, mais ce qu'on appelle en Espagnol Tercero. C'est-à-dire, de la Congregation de S. François. Efpagne la plupart des gens mariez & de qualité, font de cette Congregation. Et quand Lopé a pris, au titre de quelques

En

Mfeur d'Eloges, comme je l'ai déja uns de fes Livres, la qualité de Frcyle,

remarqué. Ayant lû quelque Eloge Latin de Lopé de Véga Carpio, Gentilhomme Efpagnol, Prêtre, & de la Congrégation de S. François, & Eccléfiaftique de

cela ne veut pas dire Frayle: qui eft le nom qu'on donne aux Moines en Efpagne: mais un Eccléfiaftique d'un Ordre Militaire. Lopé de Véga étoit Eccléfias

tique

1. Nous ne mettions point autrefois l'article devant les noms propres Italiens, & cette coutume

litez à Lo

pé de Vég. 1

s'eft

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