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ne offendatur. Scaliger fupprima ces vers dans l'Edition poftérieure de fon Varron (1). Muret les a fait imprimer dans le Recueil de fes Poëfies de l'édition d'Alde de 1575. Et il les a fait imprimer avec cette Note: Cùm veteris Comici Graci Philemonis fententiam à Plutarcho & à Stobeo acceptam, animi cauffâ exprimere tentaffem, & dicendi genere, & numero, veterum Latinorum fimillimo: placuit etiam experiri, nunquid eandem comicè explicare poffem. Vifum eft utrumque non infeliciter fucceffiffe. Per jocum itaque prioribus verfibus Attii, pofterioribus Trabea nomen afcripfi, ut experirer aliorum judicia, & viderem num quis in eis ineffet vetuftatis fapor. Nemo repertus eft qui non ea pro veteribus acceperit. Unus etiam, & eruditione & judicio acerrimo praditus, repertus eft, qui ea à me accepta pro veteribus publicaret. Ne quis igitur amplius fallatur, & rem totam detegendam, &carmina ipfa hîc fubjicienda duxi,

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Je remarquerai ici en paffant, que Nicolaus Serarius dans fes Notes fur l'Epitre 99. de Boniface Archevêque de Mayence, page 325. a auffi allégué ce vers de Muret, Auro parande lacruma contra forent, comme étant de l'Harpacé de Trabéa.

Mr. Baillet qui n'eit qu'un Copifte de faifeurs d'Eloges, a pris de l'Eloge de Muret fait par Janus Nicius Erythræus ce qu'il dit ici que ces vers de Muret étoient une Epigramme. C'eft auffi du même faifeur d'Eloges qu'il a copié l'Epigramme de Scaliger. Car Janus Nicius Erythræus a répréfenté cette Epigramme de la même façon que Monfieur Baillet. Dans le Recueil des Poëfies de Scaliger fait par Scrivérius fur les Originaux de Scaliger, elle eft de cette façon, qui est meilleure:

Qui rigida flammas evaferat antè Tolofa,

Rumetus, fumos vendidit ille mihi,

Mais Monfieur Baillet a ajoûté de fon chef que l'allufion étoit froide. Monfieur Baillet juge des vers comme un aveugle des couleurs. Et il ne peut pas en bien juger, n'en ayant jamais fait. Il n'appartient qu'aux Poetes de juger des Poëtes. Voyez ci-dessous le chapitre 85. de ces Remarques. Cette Epigramme eft trèsbelle: & elle a reçu une approbation univerfelle de tous les connoiffeurs. Ce que Monfieur Baillet dit enfuite, qu'on préparoit à Touloufe un fupplice à Muret, m'oblige de raconter ici cette facheufe Hiftoire de Muret.

Ce Fre

Muret aimoit un jeune garçon de Dijon, qui avoit été fon Ecolier, nommé François Menge Fremiot. C'eft le nom qu'on lui donne fous l'Epigramme qu'il a faite miot, dans (1) fur le portrait de Muret, inféré à la une de fes tête du Commentaire de Muret fur le Epigrammes qu'il a premier Livre des Amours de Ronfard. adrefe Dans le Delicie Poëtarum Gallorum, où Muret, apJuvenilia de Muret, où il y a deux de font les Poëfies de ce Fremiot, & dans le pelle Muret fon préfes Epigrammes, il eft appelé L. Memmius Fremiotus. Et il eft appelé de mê

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cepteur.

Eol, so, me dans le Commentaire de Muret fur Catulle. Ac memini equidem, L. Memmium Fremiotum, nobiliffimum, fummo que ingenio præditum adolefcentem, cùm boc carmen una evolveremus, mihi dicere, &c. Ce qui me fait croire, qu'il s'appeloit Louis, ou Luc, ou Lambert Menge Frem ot. Je remarquerai ici en pallant que Monfieur Baillet à ômis ce Fremiot dans fa Lifte des Poëtes de France qui ont fait des vers Latins. Je veux croire que Muret aimoit ce jeune garçon d'un amour honnête. Cependant il fut accufé de l'aimer d'un amour deshonnête. Ce qui paroît par cet Extrait du fegond volume des Regîtres Journaux de la Ville de Toulouse: Cette année (3554) Marc Antoine Muret, Limofin, qui a laifje fes doctes Livres à la postérité; & du depuis à Rome Orateur du Pape; fut brûlé en effigie avec un Memmius Fremiot, de Dijon, pour être Huguenot Sodomite: en la place St. George: par fentence des Capitoux, confirmée par arrêt. Il n'y a point d'apparence que cette Sentence des Capitoux de Touloufe ait été confirmée par Arrêt du Parlement de Touloufe. Car ayant été donnée par contumace, & ordonnant le plus févere des fupplices, il ne peut pas y en avoir û appel à minima de la part du Procureur du Roi. J'ai appris de Monfieur Baluze qu'il avoit appris de Montieur de Cafeneuve, qu'un Confeiller du Parlement de Toulouse, ami & adinirateur de Muret, fut chez lui pour lui donner avis des pourfuites qu'on féfoit contre lui, & que ne l'ayant point trouvé, il lui écrivit ce vers, Heu fuge crudeles terras, fuge littus avarum. Muret fur cet avis s'enfuit de Touloufe, & s'en alla en Italie. Cafaubon dans fes Animadverfions fur Athénée Livre x. ch. 1. fait mention de cette fuite & de ce voyage, en ces termes: Accepimus etiam à viris fide dignis, vifas manifeftò aures movere, (il parle des hommes à qui les oreilles remuent) viro cuidam eruditiffimo, cùm per Allobrogam fines tranfiens, vivicomburii periculum fibi à Magiftratu imminere intellexiffet: quòd diceretur nefandi crimi

2. Je ne fai dans quelle édition des Amours de Ronfard M. Ménage a trouve ce François Fremiot. Il y a dans toutes celles que j'ai vues L. Memmii Fremioti excepté dans celle de 1619. in 12. Tom. VII.

Muret ap.

fon parent

dans fon

is reus Tolofa in Italiam fugere. J'apprens d'Antoine du Verdier de Vauprivas dans fa Frofopographie Livre VIII. que Muret fut à Paris avant que d'ailer en Italie & qu'il y fut tait prifonnier au fujet du même crime. Voici fes termes; Marc Antoiae Muret, Citoyen Romain, natif, en Limofin, grand Orateur & Poite, ainfi que Jes Oeuvres témoignent, étoit Coufin de Jean Dorat, Poete du Roi. Après avoir donné à la France l'odeur de fon érudi- pele Dorat tion, & efpérant de grands fruits, fut accafé d'une abomination: dont il fut prifon- Ode Latine nier au Châtelet à Paris, & tenu fort é- à Dorat. troitement dans un cachat. Là, fentant le ver de fa confcience, & craignant une mort honteuse; encore qu'il devoit davantage craindre le jugement de Dieu, & la mort éternelle; il fe délibére de fe laiffer mourir de faim. Dorat me le contant, difoit, les Grecs appelent cela axonaprεpεiv. Toute fois Dieu eut pitié de fon ame, & ne le voulut perdre. Ses amis s'employerent. Son favoir, l'espérance qu'on avoit qu'il feroit quelque fruit, & fe repentiroit, fit qu'on trouva moyen de l'oter de là: Mais il lui fallut abandonner le Royaume. Il prend Jon chemin en Italie: où étant, en une Ville de Lombardie, il tomba malade. Il étoit affez mal vétu, pour ce qu'il s'étoit déguifé. Avec cela, il avoit un visage asfez groffier, couperofé: tellement qu'on n'eût jamais jugé que ce corps dans fes baillons út logé un fi bel efprit. Il fait appeler le Médecin. Ce Médecin l'ayant quelque peu traité, trouvant fa maladie douteuse, dit qu'il falloit confulter avec un autre; un autre vient. Ils confultent librement en fa préfence, & en Latin, pour ce qu'ils n'eusfent crû que François ût entendu Latin, étant fi mal de conche. Il ne perdoit pas un feul mot de ce qu'ils difoient. Après avoir long-tems debatu fur un reméde non ufité, l'un fe met à dire, faciamus periculum in corpore vili: & prenant cette résolution de faire une expérience fur ce corps abjet, le congé prins par les Médecins, avec quelque promeffe de bon reméde; & lui ayant donné l'ordre de fon régime; le compagnon qui favoit bien autant de Latin comme eux, se

leve

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pas Sici

Corfe. Vo

leve, paye fon hôte, & s'en va. Ayant fait quelques lieuès, l'appréhension de fe mettre entre les mains des Médecins, le guérit. Il arriva à Padoně, où il trouva, Il n'étoit ainfi que lui-même écrit, un jeune Ecolier Sicilien, qui n'avoit pas grande doctrine, lien, il étoit mais faifoit des merveilles par l'art de méyez Muret moire. Il regretoit que cet Ecolier n'emdans fes di- ploidt fon art à chofes utiles, & que luiyerles Le-même ne le fût. Il se fit tant son ami qu'il le lui apprit: & dit en avoir été foulagé grandement, quand il falloit haranguer. Dela il vient à Rome: où fa doctrine fut recueillie des Cardinaux, & du Pape même, &c.

çons.

Etant à Padoue & à Venife, on prétend qu'il lui arriva une autre affaire de la même nature. Scaliger dans fon fegond Scaligérana en parle en ces termes: Muretus fugit Tolofa: venit Venetias: fed quia prime nobilitatis filios volebat comprimere, ideo fugit Romam, &c. On ne l'a pas voulu endurer à Venife ob pæderaftiam. Lambin dans une de fes Lettres à Muret, imprimée dans l'Epiftolæ Clarorum virorum, en parle à peu près en mêmes termes. Voici l'endroit de cette Lettre qui regarde cette particularité Muretus nofter, inquam, quid agit? Ut valet? Nibilne novi fcribit, quod alios delectet, ipfum laudibus aternis illuftret? Ille verò, inquit, Patavio dies aliquot abfuit: quam ob caufam, nefcio: nifi quòd Patavii diffeminatus eft

T. 1. On n'a pas eu trop bonne opinion de la religion de Muret, jufque-là que Campanelle lui attribuoit le fameux Livre de tribus impoftoribus. Je me fouviens du moins l'avoir lu ainfi dans un petit Recueil in-12. d'Obfervations Critiques d'Henri Ernstius, ne fachant point d'ailleurs fi Campanelle rapporte rien de tel en quelque endroit de les Oeuvres. C'eft à mon avis une chimére que ce Livre comme je le ferai bientôt voir dans un Difcours où j'épuife cette matiére.

2. Muret ne fe plaint pas d'une Lettre feule fuppofée, mais de plufieurs, & après avoir remarque que c'eft de Lambin dont il entend parler dans celle qu'il écrit à Nicot, il n'eft pas malaifé de conclurre que ces Lettres prétendues fuppofées ne font autres que celles qui avoient paru dix-huit ans auparavant fous le nom de Muret à Lambin parmi les Epiftola clarorum virorum imprimées à Lion chez Antoine Gryphe in-8. l'an 1561. Une preuve convaincante de cela eft qu'elles ne fe trouvent point par mi les autres Lettres de Muret; auffi avoit-il rai fon, de les defavouër, elles lui faifoient d'autant moins d'honneur qu'elles étoient jointes, & fervoient de réponses à certaines Lettres de Lambin d'où l'on tiroit de puiffantes inductions contre lui fur le panchant qu'il avoit au vice dont il a été tant

ab invidis (opinor) hominibus rumor de eo non bellus. non bellus. Itaque nobiles Veneti pudentes & boni, qui cum eo vivebant, recepiffe fe ad fuos dicuntur. Muretus autem cum paucis poft diebus illos confecutus effet, boc confilio ut fe purgaret, atque aliquantum temporis dum rumor ille defervefceret, Venetiis confediffet, Patavium rediit, triftis ac demiljus diciturque prioribus ædibus, in quibus laxissimè habitabat, reliétis, alias anguftiores conduxiffe. Hæc cùm audiffem, valdeque ea auditione perturbatus, & propemodum exanimatus, obftupuiffem. & vix tandem me collegiem, quafivi certone fciret tuos abs te difceffiffe: negavit ille fe certò fcire: eorum que diceret, rumorem effe nuncium; præterea neminem: hoc unum fe exploratorem habere, te Venetias profectum effe,ibique dies aliquot cons titiffe: deinde Patavium reverfum effe: ades tuas non câ, quâ antè frequentiâ celebrari. Hæc mihi Theologus ille: quæ me planè perculerunt atque afflixerunt: neque extollar aut recreabor priùs quàm ex tuis litteris quid acciderit novi, cognovero. Quamobrem, fi me amas, fac ut de toto boc rumore diligenter ad me fcribas: ut fi verus fit, quod Dii immortales omen avertant, nos subveniamus : fin falfus; quod fpero & opto; curâ metuque liberemur & gaudeamus. Et ce qui fuit. Muret répondant à cette Lettre, dit à Lambin: Primùm de iis quæ iftuc allata funt, metu

omni

accufé. Lambin étant à Lion dans le tems qu'Antoine Gryphe faifoit imprimer un Recueil d'Epitres d'hommes illuftres, lui en fournit bon nombre des fiennes parmi lesquelles étoient celles-ci de Muret. 11 n'y a pas d'apparence qu'elles ayent été fuppofees. Ce qu'on peut dire de plus vraisemblable, eft que Lambin ne fut pas fâché de trouver cette occafion de fe venger de Muret. Ils avoient été les meilleurs amis du monde, & fur ce pié là ils fe communiquoient toutes chofes. Lambin dans le deffein où il étoit de publier fes Commentaires fur Horace avoit fait part à Muret de fes explications fur plufieurs endroits difficiles de ce Poëte. Muret, à ce que prétent Lambin, employa dans fes diverfes leçons, auxquelles il travailloit alors, la plupart de ces explications telles qu'elles lui avoient été communiquées, & pour s'en approprier tout l'honneur fe hâta de faire imprimer fon Livre. Lambin ne pouvant fouffrir une telle fupercherie en fit des reproches très-aigres à fon ami dans une longue Lettre qu'il lui écrivit là deflus, où entre autres traits piquans celui-ci mérite d'être remarqué. Dans le 21. chap. du 8. Livre des diverfes Leçons de Muret il eft dit que les femmes favantes font ordinairement lubriques; furquoi Lambin le relevant: je voudrois dit-il, que vous ne vous fuffiez pas arifé de traiter

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omni te libero. Ego Patavio pedem non movi: nifi quod nuper negotiorum caufâ, Venetias profectus fum. Mei omnes adhuc mecum funt: nifi quod tres, cùm febri correpti effent, ad fuos fe contulerunt, ut ibi meliùs curarentur. Na ego, mi Lambine, fingulari quodam fum ad invidiam fato. Nam quid mirum eft iftuc perveniffe falfos quofdam de me rumufculos, cùm Venetiis, hoc eft, in ea urbe in qua hæc quàm vana effent, oculis videri poterat, eadem illa iftuc allata effe fcribis, diffeminata funt. La réponse de Lambin à cette Lettre de Muret eft imprimée dans le Recueil des Lettres de Muret à Lambin, & de Lambin à Muret, & dans l'Epiftole Clarorum virorum. Muret fut enfuite à Rome, où il fut fait Citoyen Romain: ce qui donna occafion à Beze de faire contre lui une Epigramme, où il dit, que Muret, pour le crime de non-conformité fut chaffé de France, & enfuite de Venife, & que pour ce même crime il fut fait à Rome Citoyen Romain. Tout cela foit dit fans offenfer la mémoire de Muret; pour laquelle j'ai toute forte de vénération: ayant appris du Jéfuite Bencius, que les neuf dernieres années de fa vie il étoit d'une dévotion fi fervente qu'il pleuroit en difant la Meffe. Novem jam funt anni, Auditores, cùm facris eft initiatus M. Antonius, ac facerdos factus: ex quo tempore tam fæpè, tam religiosè, tam fanctè fecit

rem divinam, ut inter facrificandum nec lacrimas teneret ipfe & eafdem etiam auditoribus excuteret. Ce qui détruit ce qui eft dit de lui dans le premier Scaligerana: qui fi tam bene crederet in Deum, quàm optimè perfuaderet effe credendum, bonus effet Chriftianus (1). Je reviens à la Lettre de Lambin à Muret. Muret & Lambin qui étoient amis à n'être qu'une même chofe, fe brouillerent enfin car c'eft de Lambin qu'il faut entendre ces paroles de la Lettre de Muret à Nicot: Hoc autem aquiore animo paffus fum exftare aliquas Epiftolas meas, quòd quædam jam multis abhinc annis editæ funt pro meis, de quibus fcribendis ego ne per fomnium quidem unquam cogitavi. Confinxerat eas is ipfe qui tamquam à me ad fe miffas divulgaverat: bomo eruditus ille quidem, fed improbus & naturâ nocendi ac malefaciendi cupidus: cùm plurima && maxima officia, quibus à me affectus erat, fummis injuriis compenfare vellet. Qua de re olim à me graviter objurgatus, multis cum lacrimis à me veniam petiit: laqueo digna commififfe fasfus: cùm ei fermoni Hadrianus Turnebus & Joannes Auratus præfentes effent. Les Lettres que Lambin & Muret fe font écrites, ont été imprimées en un petit volume à part. Je n'y trouve rien qui puiffe fe rapporter à ce que dit ici Muret: & je ne fai ce que c'eft que cette Lettre fuppofée par Lambin à Muret.(2).

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fon égard; outre ce qu'il a écrit à Nicot, il a laiffe d'autres marques de fon reffentiment dans trois de les Lettres à Giphanius ennemi juré de Lambin, en l'une defquelles il dit qu'il ne tient qu'à lui de convaincre ce dernier d'impudence & de perfidie en publiant les Lettres qu'il lui avoit écrites pour le remercier des Obfervations dont il lui étoit redevable, & qu'il avoit depuis réclamees fi effrontément fur celui qui en étoit l'inventeur. Je garde, ajoutetil, ces Lettres foigneufement, non pas pour les publier, la chofe n'en vaut pas la peine, je les garde feulement pour les faire voir à mes amis dans l'occasion. Er eas literas diligenter adfervo, non ut

un pareil chapitre, on diroit que vous ne favez pas jufqu'où va la colére des femmes, cependant, ne vous en déplaife, l'avanture d'Orphée devoit un peu vous faire fage là-deffus, & vous apprendre à ne pas irriter une nation fi dangereuse. Vellem Ca. put XXI. de mulieribus eruditis & libidinofis admifere tibi non veniffet in mentem. Videris ignorare quam fit iracundum mulierum genus, atqui debebat te miserabilis Orphei cafus erudire,& à mulieribus irritandis deterre re. Muret n'eut garde de faire réponse à une Lettre de ce ftile-là, il fe tut, & n'en penfa pas moins. Quelque-tems après il vint à Paris, où Lambin & lui fe réconciliérent; mais que les circonftances de cette réconciliation ayent été telles que Muret les`edam, neque enim tanti effe duco, fed ut oftendam interrapporte, que Lambin lui ait demandé pardon la larme à l'oeil, avouant que ce qu'il avoit fait méritoit la corde, c'eft un fait dont je doute fort. Les témoins qu'il en allégue à Nicot me font du moins très-fufpects, l'un, qui étoit Turnébe, étant mort ily avoit quatorze ans, & l'autre, fon compatriote, & fon ami. Lambin qui étoit bon, comme en fait foi le premier Scaligerana, ne manqua point depuis cette reconciliation aux devoirs de l'amitié, parlant toûjours honorablement de Muret, auquel l'année suivante il dédia fon Commentaire fur le 4. Livre de Lucrece. Muret n'en usa pas de même à

dum amicis fi quando de me & Lambino fermo incidit. On remarquera cependant que parmi toutes ces plaintes de Muret il n'y a pas un feul mot touchant cette fuppofition dont il a depuis fait tant de bruit écrivant à Nicot, & de laquelle il ne s'eft avité de fe plaindre que fept ans après la mort de Lambin. Il y a auffi de l'apparence que ce que Ciofanus dans fes notes fur le 4. Livre des Métamorphofes d'Ovide a écrit pour Muret contre Lambin lui a été ins piré par le premier dont il étoit le difciple & l'admirateur.

Villeneu

Il me reste à remarquer que ce qu'a é crit Monsieur Baillet que Muret demeuroit à Agen en pention chez Jules Scaliger, n'eft pas véritable

Prémiérement i on en croit Jofeph Scaliger dans fon Confutatio Fabule Burdonum; car cet Ouvrage eft de Jofeph Scaliger; Muret n'a jamais demeuré à Agen. Les paroles de Jofeph Scaliger méritent d'être rapportées en ce lieu. Les voici: Muretus numquam triduum integrum Aginni degit, &c. Bencius, vir doctus amani ingenii, multa per conjecturam de Mureto dixit, tam incredibilia quàm à vero remota: cujufmodi illud, Muretum adolefcentulum Aginni docuiffe. Res

ita habet. Marcus Antonius Muretus an

nos natus 18. Aginnum venit Julii falutandi caufa: unde digreffus ad Aufcios Novempopulaniæ fefe contulit: ubi in Collegio Archiepifcopali Ciceronem & Terentium docere cœpit: quo tempore Eclogas in laudem Cardinalis Armaniaci, & Tragediam fuam, Faliun Cæfarem, in illa urbe, edidit. Hinc profectus in oppidum Nitiobrigum, cui nomen Villanova, ditiffimi merve d'Agen. catoris de Brevant liberis præfectus, in Schola publica illius oppidi Autores Latinos interpretabatur. Anno autern ætatis fue 20. cum illis pueris difcipulis fuis Aginnum fecundò venit, Julium falutandi causfa; femel anteà vifum; fed fatis notum lit terarum commercio: eofque pueros cum Mureto, Jofephus meminit domi vidiffe fe, annos natum fex. Bis, aut ter, pofteà exceptus hofpitio à Julio: idque diem unum aut biduam tantùm : ingenii fui præstantiam, cujus fpecimen per litteras duntaxat dederat, colloquio familiari comprobavit. Ex illo, quia illum noffe propius contigerat, Julius amare eum cœpit, & eius dotes animai Senatoribus Burdegalenfis Curie per literas commendare: ut non aliter eum quàm filli nomine appellaret, quum Burdegalam, relicta Schola Villanovaná, profectus, ibi in und Claffium Gymnafii Aquitanici doceret, circiter annum Chrifti 1547. Neque ex eo unquam aut Aginnum repetivit, aut Julium pofteà vidit. Quomodo igitur Aginni, aut quando docere potuit; qui in tribus profectionibus vix fex feptem dies ibi fubftitit? Burdegala, Lutetiam; Lutetia, Tolofam petiit, ubi Juris Inftitutiones cùm exponeret, exercendi caufâ, ut tyronibus Juris mos eft, inde abire

Ce raifon

Roi &

la Reine

coactus Venetias fe contulit. Quare quæ Bencius de co retulit, quia ex conjecturá collegit, ea non folùm falfa, fed etiam interdum ridicula funt: Ut, quod ait; Regem Henricum && Catharinam Reginam Muretum publicè docentem audire voluiffe. Numquam enim in Athenæo Regio, sed in Gymnafiis docuit. Neque cauffe erat cur diceret eum Tolofe Juris Civilis primùm nement eft docendi facultatem, deinde etiam potefta mauvaiss tem accepiffe. Quod quid fit, non capio. Leone Hoc fcio, Ji ille, ut putat Bencius, facul pouvoient tatem & poteftatem Juris publicè inter- entendre pretandi Tolofe accepiffet, non opus illi fuis- Muret dans Se eam Afculo petere, ut Jus Rome publi- ges cè profiteretur. Quo tempore enim Ludovicus Rupipozaus Romæ fub Gregorio XIII. Chriftianiffimi Regis Legatus agebat, Muretum Afculum clam petiiffe && lauream Juris confecutum fuiffe tam multis notum, quàm mirum eft Bencium ignorasse, qui eo tempore Roma erat. Reliqua que finxit non pauca, libens omitto: video enim ab Jofepho certiora de Mureto peti poffe quàm ab illo, quo plura neminem de Mureto fcire nobis certo conftat.

Mais d'ailleurs, quand Muret auroit demeuré à Agen, & quand il y auroit régenté comme je l'ai crû autrefois, il ne s'enfuivroit pas qu'il y ût demeuré en penfion chez Jules Scaliger. J'ai écrit la Vie de Muret; & pour l'écrire, j'ai lû foigneufement tout ce qu'ont dit de lui, le Préfident de Thou, Sainte Marthe, la Croix du Maine, du Verdier, Bencius, Gabriel de Lurbe, & le Roffi; j'ai lû foigneufement tous fes Ouvrages: & je n'ai trouvé nulle part que dans Monfieur Baillet qu'il ût été en penfion à Agen chez Jules Scaliger. Et je puis affurer mes Lecteurs que Monfieur Baillet a été mal informé de cette particularité.

J'ai dit que j'avois crû autrefois que Muret avoit régenté à Agen. Voici les raifons fur lesquelles je me fondois. Bencius dans l'Oraifon Funébre de Muret, le dit en termes exprès. Ut primum imbutus eft litteris, quibus informari ad bu manitatem ætas puerilis folet, in patriâ fuâ Lemovici primum, deinde verò Aginni, ea docere incepit cùm effet adolefcentulus, aut potiùs puer, que nunc quidem communi more atque ufitato, ea ætate fi quis difceret, in fumma laude poneremus, quippe ut ingenio doctrinam, fic etiam usu præcurrebat

ata

Colle

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