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& les battent en toute occafion : & felon fa feconde vûe, les Grecs ne peu-. vent rien faire fans Achille; & lui feul peut les fauver de l'extremité où les Troiens les ont réduits en fon abfence, Comme de deux propofitions contradictoires, l'une eft vraie & l'autre fauffe; ainfi des deux vûes d'Homere, l'une eft raisonnable, & l'autre abfurde, La vûe raisonnable eft d'avoir rendu les Grecs fuperieurs aux Troiens: Par raport aux bienféances politiques, Homere étoit Grec, & devoit s'intereffer à la gloire de la Grece il s'y intereffe en effet, & Mc D. nous en avertit plus d'une fois Homere, dit-elle, a voulu' faire honneur à la Grece par le dénombrement de fes troupes. Dénombrement qui leur fera honte fans contredit s'ils font vaincus: il faut bien remarquer, encore b , que ce Poëte ne fait jamais commettre par les Grecs des actions fi lâches que celles qu'il donne aux Troiens. Homere, dit-elle enfin e, en parlant ́des ́ Capitaines qu'Hector a tuez, ne faitque les nommer, & paffe legerement par-def" Sus, pour ne pas arrêter l'esprit de fon

a 1.359.
b 2.503.
C 2. 507.

dit-elle

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lecteur fur les exploits de ce Troien pour diminuer la honte des Grecs ; il n'en a pas ufé de même quand il a parlé des exploits d'Agamemnon.Par raport au fond de la chofe, il eft contre toute vraifemblance qu'une Armée comme celle des Grecs, en retranchant même les foldats d'Achille ne puisse resister au peu de troupes qui défendoient Troie. Si l'on fuppute les Vaiffeaux marquez dans le dénombrement, au liv. 2. on en trouvera onze cens quatre-vingt-fix: Achille fur ce nombre n'en avoit que cinquante, ce qui n'y fait pas une grande diminution. Le Poëte n'a jugé à propos de marquer le nombre des hommes qui montoient chacun de ces Vaiffeaux, qu'à l'occafion des Vaiffeaux des Beotiens, & de ceux dePhiloctete,commandez en fon abfence par Medon les premiers portoient chacan 120 hommes & les feconds chacun 50. Par une fupputation aisée à faire on trouvera que. le nombre moien entre ces deux, donne une Armée d'environ cent mille hommes: Il eft vrai que le Siege dure depuis dix ans & qu'on a effuïé une pefte; mais nonobftant tout cela, Iris la messagere des Dieux en parlant de l'Armée Greque exiftante en la dixième année du Siege,aprés

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la

:

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la pefte, & les foldats d'Achille exclus; dit à Priam a: J'ai bien vû des « batailles, mais je n'ai jamais vû tant ce de peuples affemblez les Grecs en « auffi grand nombre que les feuilles «< des arbres, ou que le fable de la mer, « viennent vous attaquer fous vos mu- « railles. « Le Poëte foûtient la même idée toutes les fois que l'occasion se prefente d'en parler. A l'égard des Troiens Agamemnon b nous avertit qu'ils nous avertit qu'ils ne vont pas à la dixième partie des Grecs actuellement prefens; « mais, ajoûte-t-il, ils ont des Troupes de plufieurs Villes « qui leur ont envoié du fecours «. Le dénombrement qu'Homere fait de ces Troupes auxiliaires à la fin du liv. 2. n'eft prefque rien en comparaifon du dénombrement des Grecs qui a précédé mais d'ailleurs les Grecs étant maî. tres de tous les environs de Troie c & Hector lui-même n'ofant fortir dans la crainte qu'on avoit d'Achille d; les Alliez des Troiens, Infanterie & même Cavalerie, comme il eft marqué for

a 1. 2. p. 99.
bl. 2.p. Se.
C 3. 442.
d 2. 615.

II. Partie.

mellement au 1. 5. a, tenoient tous avec eux dans une Ville, dont au 1. 22. b Achille & Hector font le tour trois fois de fuite en courant à pied de toutes. leurs forces, Par rapport à cette fuppofition & à quelques autres inductions qu'on peut tirer d'Homere, auquel feulon doit s'en tenir pour la juftification de fes propres faits; il ne feroit jamais permis de porter l'Armée Troienne à dix mille hommes: mais fans la borner à ce nombre, il nous fuffit qu'Homere faffe dire par Ajax aux Grecs e;

Il nous eft plus glorieux de mourir » en cette journée, que de nous confu» mer fur nos Vaiffeaux en combattant »contre des Troupes qui nous font fi » inferieures; ce qui eft appuié par Me D. même: Des Ennemis fort inferieurs en nombre, dit-elle, en parlant des Troiens d

دو

On dira fans doute ici qu'une Garnifon fort petite foûtient quelquefois un long Siege contre une Armée trésnombreuse, j'en tombe d'accord; mais à proprement parler, il ne s'agit point a Uae Ville remplie déja de tant Cavalerie. P. 183.

b p. 261,

cl..15. p. 376. d I. 481.

de Siege dans la Guerre de Troie. On ne voit dans toute l'Iliade ni attaque ni affaut, & hors une tentative inutile de Patrocle exprimée en deux Vers au l. 16. jamais on n'approche des murs ni pour les battre ni pour les ef

calader tous les Combats fe donnent dans la plaine entre la Ville & la Mer : ou, pour mieux dire, l'idée du Siege que les Grecs devoient former autour de Troie, eft tranfportée toute entiere par un fort plaifant renversement au Siege que la Garnifon Troienne va mettre devant cette merveilleufe muraille qui renfermoit l'Armée Greque que les Troiens y forcent en quelque forte au 1. 12. On dira peut-être encore que l'avantage prétendu ou apparent des Troiens fur les Grecs, malgré l'inégalité de leur nombre, vient du fecours particulier que Jupiter donne aux premiers, pour venger Achille de l'injure d'Agamemnon mais cette réponse eft abfolument vaine puifque Jupiter en l'abfence même d'Achille donne auffi fouvent & plus fouvent du fecours aux Grecs qu'aux Troiens; foit par luimême, foit par Minerve qu'il leur envoie il ne rejette aucune des prieres a П 701.703. 4. i6. p. 44.

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