CRITIQUE 46GES cherche les regles d'une Poëti- des Modernes. Sciences TOME I. A PARIS, des Augustins. M. DCCXV. iij 等等等等等洋亲 PREFACE. A a VANT que d'exposer au Lecteur la Critique de l'Iliade, je crois qu'il est à propos de bien marquer ici quel est le but de mon entreprise. Ma vûë principale est de faire passer jusqu'aux belles lettres cet esprit de Philosophie , qui depuis un siécle a fait faire tant de pro. grés aux Sciences naturelles. J'entens par Philosophie une fuperiorité de raison qui nous fait rapporter chaque chose à ses principes propres naturels, indépendamment de l'opinion qu'en ont et les autres hommes. En ce sens la Philosophie n’indique plus certaines sciences particulieres, comme la Morale, la Physique , ou la Métaphysique, qui sont affez indiquées par leurs noms mêmes elle adroit un peu plus de rapport avec la Logique; cependant elle luy est encore supérieure , en ce que la Logique ne consiste proprement qu'à bien tirer les å ry و consequences d'un principe quel qu'il soit , au lieu que la Philosophie écarte tous les préjugez pour aller jusqu'au vrai principe de la question. Mi Despreaux, par exemple, en ses réflexions sur Longin a, dit : l'antique á conftante admiration qu'on a e úë pour un Ouvrage de belles lettres , est une preuve sure ó infaillible, qu'on doit l'admirer.; on a anciennement & constamment admiré les Poëmes d'Homére ; on doit donc les adınirer encore aujourd'hui : voilà de la Logique: Mais, le principe propre & naturel par lequel on doit juger d'un Ouvrage de belles lettres n'est pas l'antique & conftante admiration qu'on a eûë pour cet ouvrage , c'est la conformité réelle qu'il doit avoir avec la droite raison & la belle nature: Voilà de la Philosophie, Je borne , autant qu'il est necellaire & qu'on le jugera à propos, mon principe de Philosophie aux connoissances humaines. Cependant, oserai-je le dire, s'il est bien pris & bien entendu, il s'é. tend jusqu'à IaReligion. Le principe pro. pre de la saine croyance sont les déci. lions de l'Eglise. Les articles de la Foy sont au-dessus de l'examen de mą raison,& l'autorité qui me les fait croire est 2 Ref. 7. d'une évidence qui la met au-dessus de tous mes doutes, Ma Philosophie me soumet donc à ma religion, & mon obéis fance est raisonnable a. C'est ainsi que certe lumiére, cette supériorité d'esprit qui dans ces derniers temps à détruit les systêmes anciens , & qui jette sur les nouveaux mêine un doute éclairé, sert à confirmer cette vérité ancienne & nouvelle , que tout annonce & que tout démontre, Le Philosophe ne confond donc point une science avec une autre : il laisse chaque chose dans son espece, & il ne prend que dans cette espece les regles particulieres sur lesquelles il veut juger de chaque chose. Il se pourroit faire qu’un Physicien de profesion, accoûtumé à la recherche de la vérité pure, & à l'exactitude de ses expériences, méprisât les fictions & les graces de la Poënie, ou du moins voulut y introduire un ordre & une précision qui la desséche. roit sans doute : mais le Philophe , sçachant que la Poësie doit plaire à l'imagination, admet en ce genre d'Ouvrage des fictions, des prosopopées , & d'au. tres ornements qu'il excluëroit d'un 2 Rationabile obsequium veftrum. ad Rom. 12. L. |