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Par lui, la Muse satyrique
En nos jours, parut fans défaut;
Par d'autres le panegyrique
Ne s'eft pas élevé moins haut.
Art pénible! prodige étrange!
Ils nous plûrent par la louange,
Source ordinaire de l'ennui;
La Satyre eût bien moins de peine
A charmer la malice humaine,
Avide des affronts d'autrui.

LesPa

negri •

fies.

Quel agrément, quelle harmonie,

Dans ces écrits ingénieux,
Où l'Hyperbole & l'Ironię
Difputent à qui plaira mieux!

Ces difcours privés qu'on s'adreffe,
Tribut d'eftime & de tendreffe,
Y brillent des plus heureux traits.
Par une feconde préfence,
C'est ainsi qu'en trompant
On en fufpendoit les regrets.

l'absence,

Lettres de Bal

Zac & de Voi.

iure.

Les Vers, les éloquens ouvrages
M'enyvroient de leur doux poifon :
J'en oubliois presque ces Sages
Les Amis de l'exacte raifon.

Philofo- Sur mille erreurs, fruits de l'enfance,
Sur la nature & fa puiffance,

phes.

Ils s'efforcent d'ouvrir nos yeux;
Et tel d'entre eux, avec les Graces,
Nous fait parcourir fur les traces,
Tout l'efpace effrayant des Cieux.

Les Ici, trop de clarté me bleffe
Theolo- Je vois ces efprits dont l'ardeur
giens.]
Va de la Divine fageffe,
Sonder l'immenfe profondeur.
Confidens du fouverain être,
Ils fçavent par tout le connoître,
Du joug des fens débaraffés.

Ces Dieux dont j'ornois ma matiere,
Devant cette pure lumiere,
Sont des phantômes éclipfés.

Long-temps l'Antiquité fçavante
Nous recela mille écrivains;

Mais des beautés qu'elle nous vante,
Nous avons lieu d'être auffi vains.
Les Plines & les Démofthenes,
Les travaux de Rome & d'Athenes,
Deviennent nos propres travaux ;
Et ceux qui nous les interpretent,
Sont moins, par l'éclat qu'ils leur prestent,
Leurs Traducteurs que leurs Rivaux.

Les

Tradu

teurs.

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Ariftote fous un nuage, Cachant un fens trop peu rendu,

Même en parlant notre langage,

N'étoit pas encore entendu ;
Mais un Oedipe infatigable
Nous a de ce Sphinx refpectable,
Découvert le fens le plus beau :
Sur les obfcurités antiques,
Ses laborieufes Critiques

Ont cent fois porté le flambeau.

Après tant d'œuvres renommées,
Dont notre fiecle eft anobli,

La langue qui les a formées,
Peut-elle redouter l'oubli ?
Non, fur cette langue chérie,
L'Ignorance & la Barbaric
Ne verferont point leur poifon,
Et tous les peuples d'âge en âge,
Y refpecteront l'affemblage.
Des Graces & de la Raifon.

Le Di

re ir la

Soûtenez-nous, rapides Aigles,

consi- Pour nous voir prendre votre eff Gram. A l'exemple ajoûté des regles,

mare. Qui le facilitent encor.

D'une langue en vos mains fertile,
Fixez l'ufage difficile;

Travail toûjours trop peu vanté!
D'autant plus digne de mémoire,
Qu'on y femble immoler fa gloire.
A la publique utilité.

Vous, que diftingue la naiffance,
Ou l'éclat d'un illuftre rang,
Soyez jaloux de la feance
Qu'ici le feul mérite prend.
Venez-y proteger Minerve;
Le prix qu'elle vous en réserve,
Eft un nom vainqueur du trépas,
Loin les diftinctions ferviles!
Il est beau qu'avec les Virgiles,
Se confondent les Mécénas.

Jouis, Affemblée immortelle,
D'honneurs tous les jours augmentés;
Et fois la fource & le modele
Des fçavantes Societés.

Sans perdre l'éclat dont tu brilles,
Tendre mere, prête à tes filles
Des ornemens & des appuis.
C'est ton exemple qui les fonde;
Et les derniers âges du monde
T'en devront encore les fruits.

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