Non, que cet inftinct que je loüe, Nous prépare un solide bien : Même en la cherchant, je l'avoue, Cette immortalité n'eft rien. De ce que cette enchantereffe Peut arracher à la pareffe, Nos neveux eux feuls jouiront.. Rien ne nous fuit qu'un fon frivole: Qu'importe ! un grand cœur s'en confole Par le fruit qu'ils en tireront. Vous, hardis fcrutateurs des chofes, Peuple idolâtre du fçavoir, Qui voulez dans le fein des causes Le fage qui par connoiffance fe livre à cet instinct flatteur, S'affocie à la Providence, Sur le deffein du Créateur. Pour fervir la race future, C'est l'aiguillon que la nature A mis en nous pour nous preffer. Ne foyons pas plus prudents qu'elle, Et que notre raison rebelle Ne cherche plus à l'émouffer, Souverain arbitre du monde, Quelle eft ta grandeur ! Je la vois Dans la fimplicité féconde De tes invariables loix. Si du mouvement la loy fage De tous les corps foûtient l'ouvrage, Que par cet instinct immuable Dont tu fçais mouvoir les efprits. UE L eft ce mortel que j'obferve? Q'humble vertu lui fert d'appui: A fes côtés marche Minerve: Mais quel prodige! fur fes traces, Prête l'oreille à mon audace, Que tes foins ont fait refleurir. Uranie aux célestes voutes Elevant fes hardis regards, Que tiennent les aftres épars i Prévoit quel corps dans leur carriere Sçait leur distance, leur mesure, Et tous កុ La La Geométrie eft le guide De fa regle & de fon compas. Met le fceau de la verité. Mieux qu'elle encore l'exacte Algebre, Ce grand art aux magiques traits, Auffi négligé que célebre, Pénetre les plus hauts fecrets. La Verité, des yeux vulgaires A beau reculer ses mysteres, Il s'obftine à les dévoiler; Et par un artifice extrême En l'interrogeant elle-même, Il la force à fe déceler. Tom. I. H |