Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Non, que cet inftinct que je loüe, Nous prépare un solide bien : Même en la cherchant, je l'avoue, Cette immortalité n'eft rien. De ce que cette enchantereffe Peut arracher à la pareffe, Nos neveux eux feuls jouiront.. Rien ne nous fuit qu'un fon frivole: Qu'importe ! un grand cœur s'en confole Par le fruit qu'ils en tireront.

Vous, hardis fcrutateurs des chofes, Peuple idolâtre du fçavoir,

Qui voulez dans le fein des causes
Tout approfondir & tout voir.
La vérité vous le révele;
L'ardeur d'une gloire immortelle
N'eft qu'une aveugle impreffion;
Mais pour agir avec courage,
Elle-même, elle vous engage
De vous rendre à l'illufion.

Le fage qui par connoiffance fe livre à cet instinct flatteur, S'affocie à la Providence, Sur le deffein du Créateur. Pour fervir la race future, C'est l'aiguillon que la nature A mis en nous pour nous preffer. Ne foyons pas plus prudents qu'elle, Et que notre raison rebelle

Ne cherche plus à l'émouffer,

Souverain arbitre du monde, Quelle eft ta grandeur ! Je la vois Dans la fimplicité féconde

De tes invariables loix.

Si du mouvement la loy fage

De tous les corps foûtient l'ouvrage,
Dans l'ordre que tu lui preferis;
La focieté n'eft durable

Que par cet instinct immuable

Dont tu fçais mouvoir les efprits.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

UE L eft ce mortel que j'obferve?

Q'humble vertu lui fert d'appui:

A fes côtés marche Minerve:
L'Ignorance fuit devant lui.

Mais quel prodige! fur fes traces,
Le Sçavoir raffemble les Graces,
Lui qui fi fouvent les bannit;
Ah! je fçais qui je vois paroître :
Pourrois-je encore le méconnoître ?
C'eft BIGNON qui les réunit,

Prête l'oreille à mon audace,
D'un regard viens me fecourir :
J'ofe célébrer ce Parnaffe

Que tes foins ont fait refleurir.
J'y vois l'adroite Mécanique ;
Ingénieufe, elle s'applique
A mille prodiges nouveaux;
Elle force tous les obstacles,
Et fait fervir à fes miracles
L'air, le feu, le vent, & les eaux.

Uranie aux célestes voutes

Elevant fes hardis regards,
Parcourt les inégales routes,

Que tiennent les aftres épars i

Prévoit quel corps dans leur carriere
Doit nous dérober leur lumiere,
Et nous en prédit les inftans:

[ocr errors]

Sçait leur distance, leur mesure,
les rangs que la nature
Leur a prefcrits dans tous les tems.

Et tous

កុ

La

La Geométrie eft le guide
Qui fans ceffe éclairant leurs pas,
Leur prête le fecours folide

De fa regle & de fon compas.
Ses fœurs avec elle infaillibles,
Bien-tôt dans leurs fentiers pénibles,
S'égareroient fans fa clarté.
Toutes les démarches font fûres,
Et fa main à nos conjectures,

Met le fceau de la verité.

Mieux qu'elle encore l'exacte Algebre, Ce grand art aux magiques traits, Auffi négligé que célebre, Pénetre les plus hauts fecrets. La Verité, des yeux vulgaires A beau reculer ses mysteres, Il s'obftine à les dévoiler;

Et

par un artifice extrême En l'interrogeant elle-même, Il la force à fe déceler.

Tom. I.

H

« AnteriorContinuar »