Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Moins haute, & non moins inftructive, L'Anatomie en fes emplois,

Du corps où notre ame eft captive,
Examine toutes les loix.

Elle fuit ce fecret Méandre

Que la nature y fçut répandre,
Dans tous les détours de fon lit.
En fa recherche ofons la fuivre ;
Eh! n'eft-il pas honteux de vivre,
A qui ne fçait pas comme il vit?

Mais belas! que de maux nous cause

Ce corps fi fouvent abbatu!

Quel arr à fes douleurs oppofe

Des plantes l'obfcure vertu?
La Botanique fecourable
Va d'un regard infatigable;
Obferver leur diverfité;

Et toûjours fçavamment furprise,
De la main qui les organise,
Adore la fécondité.

Je vois la Chimie attachée A fervir encore fon deffein; De la Nature trop cachée, Seule, elle fçait ouvrir le sein: Voit par quels fecrets affemblages, Elle a varié fes ouvrages, Animaux, plantes, minéraux; Et fçait en mille expériences, Faire à fon gré, les alliances Et les divorces des métaux.

Sçavantes Sœurs, foyez fidelles A ce que préfagent mes vers: Par vous de cent beautez nouvelles, Les Arts vont orner l'univers. Par les foins que vous allez prendre, Nous allons bien-tôt voir s'étendre Nos jours trop prompts à s'écouler ; Et déja fur la fombre rive, Atropos en eft plus oifive, Lachéfis a plus à filer.

L'HOM M E.

ODE

A MONSIEUR

DE FIE U BE T.

MON cœur d'une guerre fatalle

Soûtiendra-t-il toûjours l'effort?

Remplira-t-elle l'intervalle

De ma naiflance & de ma mort?
Pour trouver ce calme agréable,
Des Dieux partage inaltérable,
Tous mes emprellemens font vains.
En ont-ils feuls la joüiffance?
Et le défir & l'efpérance

Sont-ils tous les biens des humains?

v

Oui, d'une vie infortunée
Subiffons le joug rigoureux :
C'eft l'arreft de la destinée,
Qu'ici l'homme foit malheureux.
L'espoir impofteur qui l'enflâme
Ne fert qu'à mieux fermer son aine
A l'heureufe tranquilité.

C'est pour fouffrir, qu'il fent, qu'il penfe ; Jamais le Ciel ne lui difpenfe

Ni lumiere, ni volupté

Impatient de tout connoître,
Et fe flattant d'y parvenir,
L'efprit veut pénétrer fon être,
Son principe & fon avenir;
Sans ceffe il s'efforce, il s'anime;
Pour fonder ce profond abîme,
11 épuife tout fon pouvoir:
C'eft vainement qu'il s'inquiette,
Il fent qu'une force fecrette.
Lui deffend de fe concevoir.

Mais cet obftacle qui nous trouble, Lui-même ne peut nous guérir: Plus la nuit jalouse redouble, Plus nos yeux tâchent de s'ouvrir. D'une ignorance curieuse Notre ame efclave ambitieufe Cherche encore à fe pénétrer. Vaincuë, elle ne peut fe rendre, Et ne fçauroit ni fe comprendre, Ni confentir à s'ignorer.

Volupté, douce enchanteresse, Fais enfin ceffer ce tourment: Qu'une délicieuse yvreffe

Répare notre aveuglement.

A nos vœux ne fois plus rebelle ;
Et du cœur humain qui t'appelle,
Daigne pour jamais te faifir.
Eloignes-en tout autre maître;
Que l'ambition de connoître,
Cede à la douceur du plaifir.

« AnteriorContinuar »