Qu'on maimât d'un amour extrême Tendre, délicat & conftant; Au milieu des délices même Je fçavois n'être pas content. Ce n'étoit que foupçons, que craintes Que dépits, regrets fuperflus. Je vis l'Amour; finis tes plaintes, Va, dit-il, tu n'aimeras plus. Il s'enfuit; de l'indifference J'éprouve auffi-tôt la langueur. Que tu choifis bien ta vangeance Amour, quand tu punis un cœur ! L'ennuy, la trifteffe inhumaine Ont pris la place des plaifirs: Pardon; prend pitié de ma peine, Viens; rend moi du moins des défirs, LES AGES A MOUR, c'est à toi que je livre Tu fais le charme de tout âge; Tout âge languit fans tes feux: Tendre, jaloux, conftant, volage, Pourveu qu'on aime, on eft heureux. Jeune autrefois, j'étois fidelle ; Ah! qu'alors je trouvois de goût Dans un feul fouris de ma belle, Dans un rien ! ce rien m'étoit tout. Plus mûr, nul objet ne m'arrête, Mais tous allument mes ardeurs ; Amour, de conquête en conquête Je voudrois domter tous les cœurs. 2003 L'âge avance toûjours, que faire ? Vieux, je veux encore m'enflammer. Quoi, dira-t-on, aimer fans plaire ? Oui, n'eft-ce donc rien que d'aimer ? LES VRAIS PLAISIRS. D ODE X V. ES favoris de la Victoire, Je fçai méprifer le renom; Je n'irai point, yvre de gloire, Affronter la mort pour un nom. Que d'autres encensent l'idole Pour l'efpoir d'un honneur frivole, Que de crainte toûjours faifie, Un thréfor qui ne fert de rien. Irois-je veiller fur un Livre, boire, Je ne fçais qu'aimer & que Les plaifirs qui font notre ouvrage Coûtent trop, font trop imparfaits; Je crois la nature plus fage, Je me tiens à ceux qu'elle a faits. |