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Malgré l'Envie & l'Ignorance,
C'est toi qui fous le nom d'Armand,
Pris le foin d'embellir la France
De fon plus durable ornement.
Tu t'élevas un Sanctuaire
Où loin du profane vulgaire,'
Tes nourriffons furent admis;
Et réunis par cette grace,
Merveille inoüie au Parnaffe,

Les rivaux devinrent amis.

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Depuis plus de quatorze luftres,
Que j'y vois de Héros divers!
Quelle foule de noms illuftres
Demandent place dans mes vers!
D'un poids égal dans la balance
Leurs travaux, pour la préférence,
Tinrent les efprits fufpendus;
Et le mien incertain encore,
En les admirant tous, ignore
Ceux qu'il doit admirer le plus.

Les uns à qui Clio révele
Les faits obfcurs & reculés,
Nous tracent l'image fidelle
De tous les Siècles écoulés.
Des Etats la fombre origine,
Les progrès, l'éclat, la ruïne,
Repaffent encore fous nos yeux;
Et préfens à tout, nous y fommes
Contemporains de tous les hommes.
Et citoyens de tous les lieux.

Les Hiftoriens.

Les autres du fecours des fables,

Apuyant leurs instructions,

Ont orné les faits mémorables

D'ingénieufes fictions.

Notre âge retrouve un Homere,
Dans ce Poëme falutaire,
Par la Vertu même inventé;
Les Nimphes de la double cime,
Ne l'affranchirent de la rime
Qu'en faveur de la vérité.

I es Poëtes épiques.

Télé

maque.

Corneil. Des deux Souverains de la fcene Racine. L'afpect a frapé mes efprits;

le.

Les Co

miques.

C'eft fur leurs pas que Melpomene
Conduit fes plus chers favoris:
L'un plus pur, l'autre plus fublime,
Tous deux partagent notre eftime,
Par un mérite différent;

Tour à tour, ils nous font entendre
Ce que le cœur a de plus tendre,
Ce que l'efprit a de plus grand.

D'un art encor plus difficile,
Mais du peuple moins refpecté,
Souvent plus d'une main habile
Nous a fait fentir la beauté.
Peintres de l'humaine folie,
C'est vous qui prêtez à Thalie
Le mafque qui couvre fon front:
C'est vous dont l'heureux artifice,
En nous exposant notre vice,
Fait nos plaisirs de notre affront.

Un nouveau Spectacle m'appelle, Qui dans l'Italie inventé,

Ici, doit fervir de modele,

A ceux dont il fut imité.

J'y vois quelle gloire mérite

Cet Auteur dont le stile invite
La mufique à s'y marier :

Ses vers font riches, mais fans faste;
Et la matiere n'en eft vafte,

L'Ope

TA.

Qui

naut.

Que par l'art de la varier.

Mais écoutons; ce Berger jouë
Les plus amoureuses chansons ;
Du fameux Pafteur de Mantouë,
Il imite les tendres fons.

Un autre à des chanfons fi belles,
En oppofe de plus nouvelles,
Entre eux j'aime à me partager;
Et Pan l'inventeur de la flute,
Arbitre de cette difpute,
N'ofe, lui-même, les juger.

Segrais.

La Fon

taine.

Au gré de ce nouvel Esope,
Les animaux prennent la voix ;.
Sous leurs difcours, il envelope
Des leçons même pour les Rois.
Une douceur fimple, élégante,
En riant, par tout y préfente
La nature & la verité.
De quelle grace il les anime!
Oui, peut-être que le fublime
Cede à cette naïveté.

Ici, du Cenfeur du Parnaffe
Je ne crains point d'être repris:
Au poids dont fe fervoit Horace,
Il fçait pefer tous les écrits.
Il connoît, critique équitable,
Quel eft l'ornement convenable,
Que chaque auteur doit employer;
Et toi-même fils de Latone,
Dans les Preceptes qu'il nous donne,
Tu ne trouvas rien à rayer.

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