La trompette frappe les airs.
Que vois-je! elle me développe
Les fecrets du vafte univers.
* Les Cieux, les Mers, le noir Cocytę, L'Elysée où la paix habite, A fon gré s'offrent à mes yeux. *Sa voix enfante les miracles, Et pour triompher des obstacles, Difpofe du pouvoir des Dieux.
Sous ces mystérieux prodiges, Mufe, tu caches tes leçons;
Tu nous inftruis, tu nous corriges, Par tes héroïques chansons. L'homme trop ami du menfonge, fouvent féduit par un vain fonge, Du vrai ne fent pas la beauté; Mais malgré ce penchant coupable, Tu fçais fous l'appas de la Fable, Lui faire aimer la verité,
Melpomene * les * les yeux en larmes,
gédie De cris touchans vient me frappers
Quel art me fait trouver des charmes Aux pleurs que je fens m'échapper a La pitié la fuit gémiffante, La terreur toûjours ménaçante, La foûtient d'un air éperdu. Quel infortuné faut-il plaindre?
Ciel quel eft le fang qui doit teindre Le fer qu'elle tient fufpendu..
médie. Me détournent de ces horreurs :
D'un fiècle en proye à la folie Tu peins les ridicules mœurs. Impofteurs, Avares, Prodigues, Tout craint tes naïves intrigues; On s'entend, on fe voit agir.
Tu bleffes, tu plais tout enfemble,
Et d'un masque qui nous reffemble, Ton art nous fait rire & rougir.
Quelle autre avec plus d'amertume,
Ajoûte les noms aux portraits?
Le fiel découle de fa plume,
La colere aiguife fes traits. Je la vois qui pleine d'audace, Chaffant mille auteurs du Parnaffe, De lauriers dépouille leur front; Et ce revers les laiffe en proye Au ris, à la maligne joyė
Plus cruelle encore que l'affront.
Qu'entens-je ? Euterpe au pied d'un hêtre, Chantant les troupeaux, les jardins, Du fon d'une flûte champêtre, Réveille les échos voisins.
* Deux Bergers que fa voix enchante Des biens tranquiles qu'elle chante, Viennent étudier le prix;
Et tous deux ofent après elle,
Sur une mufette fidelle,
Redire ce qu'ils ont appris.
Mais ici fous des cyprès fombres, Une Nymphe l'œil égaré,
Redemande au Tiran des ombres Un amant trop tôt expiré. Querellant la Parque perfide, Le pâle chagrin qui la guide, Lui creufe un tombeau fous fes pas. L'Amour approuve fes allarmes, Et vainqueur tendre, il plaint des larmes Qui fans lui ne couleroient pas..
Eode Quelle Mufe de fleurs nouvelles Qu'affemble un choix ingénieux, Fait des guirlandes immortelles, Ornement des Rois & des Dieux Elle chante au gré de fon zele, Le fils enjoüé de Sémele, Où l'aveugle fils de Vénus; Et quelquefois dans les allarmes, Elle ofe pour le Dieu des armes, Négliger l'Amour & Bacchus.
C'est Polhimnie; à tant de graces, Qui peut méconnoître tes chants ? Autrefois fous le nom d'Horace Tu fis tes airs les plus touchants. Aujourd'hui le Dieu qui m'infpire, A daigné me prêter ta lyre Pour célébrer le double-mont. Si j'en ai foutenu la gloire, Muse, viens payer ma victoire, d'un laurier digne de mon front.
C'est fait; pour prix de mon audace, J'entens qu'on décerne à mon nom Tous les honneurs de ce Parnafle Dont* PONTCHARTRAIN eft l'Apollon. Des loix fouverain interprete
Toi de qui la fageffe prête
Aux Muses, l'appui de Thémis ; Phœbus veut que fous tes aufpices, Je confacre ici les prémices* Des triomphes qu'il m'a promis.
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