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C'eft Themis ; oui, c'est elle-même.

Orné de l'éclat le plus beau

Son front porte ce diadême

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Que l'Erreur prend pour un bandeau.
Pour elle la Nuit eft fans ombre,
Et le cœur même le plus fombre
A fon œil ne peut échapper;
Il veille à tout ce qu'elle pefe,
Et la feule Raifon l'appaife
Ou la détermine à frapper.

Devant elle font les Annalles
Des Oracles qu'elle à tracez,
De faux fens, de glofes venales
Par la Raifon débaraffez:
Les Loix, appui de l'innocence
Frein redouté de la licence,
Sages Limites de nos droits;
Du repos fources délectables,
Au foible, au puissant refpectables,
Souveraines même des Rois.

Juftice, voilà donc ton temple! Injuftes, coupables, tremblez; Tous ces Sages que je contemple Sont fes miniftres aflemblez. Au gré de Thémis implorée, L'orphelin, la veuve éplorée Vont d'épouiller l'ufurpateur; Et l'Innocence enfin paifible, Va la voir d'un glaive infaillible Frapper fon calomniateur.

Mais quelle lumiere imprévue Etonne mes yeux défillez !

Dois-je m'en fier à ma vûë?

Des lieux fi Saints font-ils foüillez ?

J'ai crû voir entre ces miniftres

Se placer des guides finiftres:
L'Egard & la Prévention,

Que fuivent l'aveugle Ignorance,
La pareffeufe Indifférence
Et la perfide Ambition.

Juges, plus jaloux de vos titres Que du devoir de vos emplois, Prendrez-vous de fi faux arbitres Pour les interpretes des Loix ? Quand la Raifon veut vous conduire Votre erreur pour vous mieux féduire, Ereint fon importun Aambeau. Haine, Amitié, tout vous impofe; Tel même dont l'amour difpofe Voit tout à travers fon bandeau,

Quoi! notre vie & nos fortunes
Dépendent - elles de leur voix 2
De quelles frayeurs importunes
Me faifit tont ce que je vois!
Mais non, des Juges vénérables,
Aux paffions invulnérables,
Sont les remparts de l'Equité;
Eux dont la fage indépendance,
Dont le fçavoir & la prudence
Arme & regle l'intégrité,

En vain l'Erreur impérieufe
Brigue ici d'injuftes fuccès;
Vigilance laborieufe

Vous lui deffendez tout accès.
Si l'injuftice couronnée
Voit l'innocence foupçonnée
Tomber quelquefois fous les coups,
C'eft le trifte deftin des hommes;
Foibles, imparfaits que nous fommes,
Il n'eft rien de pur parmi nous.

LA LOUANGE.

A

ODE

A MONSIEUR L'ABBE

DE CAUMARTIN.
UTEURS, quel motif nous infpire,
Et dans l'art dangereux d'écrire
Quelle fin nous propofons-nous ?
C'est la loüange, c'est l'eftime;
Nul interêt ne nous anime
Si vivement qu'un prix fi doux.

Que le public de fes fuffrages
Honore à l'envi nos ouvrages,
Contents de les voir encenfer,
Malgré l'indigence importune,
Nous pardonnons à la Fortune.
De ne les pas récompenfer.

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