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courant général du pôle sud, qui va droit au nord. Dans cette direction, ce courant austral passe presque toujours d'un lieu plus large dans un lieu plus étroit, s'engageant d'abord entre le cap Horn et le cap de Bonne-Espérance, et remontant jusqué dans les baies et méditerranées du nord, il pousse à la fois devant lui tout le volume des eaux de l'océan Atlantique, sans permettre qu'aucune colonne s'en échappe à droite ou à gauche. Cependant, s'il rencontroit dans sa route quelque cap ou détroit qui s'opposât à son cours, il ne faut pas douter qu'il n'y formât un contre-courant latéral, ou des marées qui iroient en sens contraire. C'est aussi l'effet qu'il produit au cap Saint-Augustin en Amérique, et au dessus du golfe de Guinée, vers le dixième degré de latitude nord en Afrique ; c'est-à-dire, aux deux endroits où ces deux parties du monde se rapprochent d'avantage : car dans l'été du pôle sud, les courans et les marées, loin de se porter au nord au-dessous de ces deux points, retournent au sud du côté de l'Amérique, et courent vers l'est du côté de l'Afrique, tout le long du golfe de Guinée, contre toutes les lois du systême lunaire.

Je pourrois remplir un volume de nouvelles preuves en faveur de la fonte alternative des glaces polaires, et de l'alongement de la terre aux pôles, qui sont des conséquences l'une de l'autre ; mais j'en ai cité dans mes volumes précédens plus qu'il n'en faut pour constater ces vérités. Le silence même des Académies sur des objets si importans, est une preuve qu'elles n'ont rien à m'objecter. Si j'avois eu tort en relevant l'étrange erreur par laquelle elles. ont conclu que les pôles de la terre étoient aplatís, d'après des opérations géométriques qui montrent évidemment qu'il sont alongés, elles n'auroient pas manqué de journaux, qui leur sont dévoués la plupart, pour réprimer la voix d'un solitaire. Je n'en ai trouvé qu'un seul qui ait ose me donner la sienne. Parmi tant de puissances littéraires qui se disputent l'empire des opinions, et qui croisent sur leurs mers orageuses en tâchant de coulerà fond tout ce qui ne sert pas sous leurs drapeaux, un journaliste étranger a arboré en ma faveur le paevillon de l'insurgence. C'est celui de Deux-Ponts que je nomme, suivant ma coutume de reconnoître publiquement des services particuliers, quoique celui

-ci ait été rendu à la vérité bien plus qu'à moi, qui suis personnellement inconnu à cet écrivain, si estimable par son impartialité.

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D'un autre côté, si les Academies ne se sont pas expliquées, il faut considédérer l'embarras où elles se trouvent de se rétracter publiquement d'une inconséquence géon étrique déja si ancienne et si répandue. Elles ne peuvent approuver mes résultats sans condamner les leurs, et elles ne peuvent condamner les miens, parce que leurs propres travaux les justifient. Je n'ai point été moimême moins embarrassé, lorsqu'en publiant mes observations je me suis vu dans l'alternative de choisir entre leur estime et leur amitié; mais j'ai été entraîné par le sentiment de la vérité, qui doit l'emporter sur tous les ménagemens politiques L'intérêt de ma réputation, je l'avoue, y est aussi entré pour quelque chose, mais pour la moindre part. L'utilité publique a été mon principal objet. Je n'ai employé ni le ridicule, ni l'enthousiasme, contre des hommes fameux surpris dans l'erreur. Je ne me suis point enivré de ma propre raison. Je me suis approché d'eux comme je me serois approché de Platon endormi sur le bord

d'un précipice; craignant leur réveil, et encore plus leur assoupissement. Je n'ai point rapporté leur aveuglement à quelque défaut de lumière, dont le reproche est si sensible aux savans; mais à l'éblouissement des systêmes, et surtout, à l'influence de l'éducation et des habitudes morales, qui voilent notre raison de tant de préjugés. J'ai donné dans l'avis de mon premier volume l'origine de cette erreur, que Neuwton a le premier mise en avant, et sa réfutation géométrique dans l'explication des figures à la fin du troisième.

J'ai lieu de craindre que ma modération et mon honnêteté ne soient pas pas imitées. Il a paru le 21 novembre dernier, dans le Journal de Paris, une critique anonyme, fort amère, des Etudes de la Nature. Elle commence à la vérité par les louer en général; mais elle détruit en détail tout le bien que la voix publique semble l'avoir forcée d'en dire. Elle avoit été précédée, peu de temps auparavant, de quelques autres lettres anonymes où mon ouvrage n'étoit pas nommé, mais sur lequel elles répandoient, en passant, un poison froid et subtil, propre à faire son effet à la longue. J'ai vu avec surprise s'ouvrir, à

mon égard, cet évent de la haine d'un ennemi obscur; car enfin, j'ai tâché de bien mériter de tout le monde , et je ne suis sur le chemin de personne. Mais lorsque j'ai appris que plusieurs de mes amis avoient présenté inutilement au Journal de Paris leur prose et leurs vers pour ma défense; que bien auparavant on avoit refusé d'y insérer des morceaux de littérature, où on me donnoit quel, ques éloges, j'ai été convaincu qu'il y avoit un parti formé contre moi. Alors, j'ai eu recours au Journal Général de France, dont l'impartial rédacteur a bien voulu insérer ma défense et ma réclamation, dans sa feuille du 29 No. vembre, no 143.

Voici donc ce que j'ai répondu au critique qui a employé l'anonyme et le sarcasme contre des vérités physiques et a pris, pour m'attaquer, le poste des foibles et l'arme des méchans.

A monsieur le Rédacteur du Journal général de

MONSIEUR,

France.

Un écrivain qui se cache sous le << nom de Solitaire des Pyrénées, ja<< loux, je pense, de l'accueil dont le public a honoré mes Etudes de la

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