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ser ses variations, par un assemblage de verges de différens métaux. D'un autre côté, il est bien facile à des hommes. prévenus dès l'enfance par l'attraction de se méprendre de quelques lignes en sa faveur. D'ailleurs, tous ces petits moyens de la physique, sujets à tant de mécomptes, ne peuvent contredire en au cune manière l'alongement des pôles de la terre, dont la nature nous présente les mêmes résultats sur la terre, sur la mer, dans l'air et dans les cieux.

L'alongement des pôles prouvé, le courant des mers et des marées s'ersuit naturellement. Plusieurs personnes voyant régner entre nos marées et les phases de la lune, les mêmes accroisscmens et les mêmes diminutions, sont persuadées que cet astre en est le premier mobile par son attraction; mais ces accords n'existent que dans une partie de la mer Atlantique. Ils proviennent non de l'attraction de la lune sur les mers, mais de sa chaleur réfléchie du soleil sur les glaces pôlaires, dont elle augmente les effusions, suivant certaines lois particulières à nos continens. Par-tout aillenrs, le nombre, la variété, la durée l'irrégularité et la régularité des marées, n'ont aucun rapport avec les phases de

la lune, et s'accordent au contraire avec les effets du soleil sur les glaces polaires, et la configuration des pôles de la terre. C'est ce que nous allons prouver, en employant le même principe de comparaison qui nous a servi à réfuter l'erreur des académiciens sur l'aplatissement des pôles, et à démontrer la vérité de ma théorie sur leur prolongement.

Si la lune agissoit par son attraction sur les marées de l'Océan, elle en étendroit l'influence sur les méditerranées et les lacs. Or, c'est ce qui n'est pas, puisque les méditerranées et les lacs n'ont point de marées, du moins de marées lunaires; car nous avons observé que les lacs, situés au pied des montagnes à glace, ont, en été, des marées solaires ou un flux comme l'Océan. Tel est le lac de Genève, qui a un flux régulier l'après-midi. Cet accord du flux des lacs voisins des montagnes à glace avec la chaleur du soleil, jette déja la plus grande vraisemblance sur ma théorie des marées; et au contraire, la discordance de ces mêmes flux avec les phases de la lune, ainsi que la tranquillité des méditerranées lorsque cet astre passe à leur méridien, rendent déja son attraction plus que suspecte. Mais nous allons voir que

dans le vaste Océan même, la plupart des marées n'ont aucun rapport ni avec son attraction, ni avec son cours.

J'ai déja cité à la fin du tome 3, dans J'explication des figures, le navigateur Dampier, qui rapporte que la plus grande marée qu'il éprouva sur les côtes de la Nouvelle Hollande, n'arriva que trois jours après la pleine lune. Il assure, ainsi que tous les navigateurs du midi que les marées s'élèvent fort peu entre les tropiques, et qu'elles sont tout au plus de quatre à cinq pieds aux Indes orientales, et d'un pied et demi seule-ment, sur les côtes de la mer du Sud.

Je demande maintenant pourquoi ces marées entre les tropiques, sont si foibles et si retardées sous l'influence directe de la lune? Pourquoi la lune nous fait éprouver, par son attraction, deux marées par jour dans notre mer Atlan tique, et qu'elle n'en produit qu'une seule dans beaucoup d'endroits de la mer du Sud, qui est incomparablement plus large? Pourquoi, dans cette même mer du Sud, ya-t-il des marées diurnes et semi-diurnes, c'est-à-dire, de douze heures et de six heures ? Pourquoi la plupart des marées y arrivent-elles constamment aux mêmes heures, et s'élèvent

elles à une hauteur régulière presque toute l'année, quelles que soient les irrégularités des phases de la lune? Pourquoi y en a-t-il qui croissent dans les quadratures tout comme dans les pleines et nouvelles lunes? Pourquoi sont-elles toujours plus fortes en approchant des pôles,et se dirigent-elles souvent vers laligne, contre le principe prétendu de leur inpulsion?

Ces problêmes impossibles à résoudre par la théorie de l'attraction de la lune à l'équateur, cessent de l'être par la chaleur alternative du soleil sur les glaces des deux pôles.

Je vais d'abord prouver cette diversité des marées, par le témoignage même des compatriotes de Newton partisans zélés de son systême. Mes témoins ne sont pas des hommes obscurs; ce sont des savans, des capitaines de la marine du roi d'Angleterre, chargés successivement par le vœu de leur nation et le choix de leur prince, de faire le tour du monde, et d'en rapporter des connoissances utiles à l'étude de la nature. Ce sont les capitaines Byron, Carteret, Cook, Clerke, et l'astronome M. Wales. J'y joindrai le témoignage de Newton lui-même. Examinons d'abord ce qu'ils rapportent sur les marées de la

partie méridionale de la mer du Sud. A la rade de l'île de Massafuero, par le 33° degré 45 minutes de latitude sud, et le 80 degré 22 minutes de longitude du méridien de Londres.... « La mer verse douze heures au nord, et ❝ reverse ensuite douze heures au sud. » Capitaine Byron, année 1765, avril.

Quest

Comme l'île de Massafuero est dans la partie australe de la mer du Sud, ses marées qui vont au nord en avril, vont donc vers la ligne contre le systême lunaire: de plus, ses marées sont de douze heures; autre difficulté.

A l'anse Angloise, sur la côte de la Nouvelle-Bretagne, vers le 5e degré de latitude sud et le 152 d. de longitude, «la marée a son flux et reflux une fois « dans vingt-quatre heures. » Capitaine Carteret, année 1767, août.

A la baie des Iles, dans la nouvelle Zélande, vers le 34 degré 59 minutes de latitude sud, et le 185 degré 36 m. de longitude ouest, « d'après les observations que j'ai pu faire sur la côte re<lativement aux marées, il paroît que *le flot vient du sud. » Cap. Cook, année 1769, décembre,

Voici encore des marées en pleine mer qui vont vers la ligne, contre l'im

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