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AVIS

SUR

CET OUVRAGE

ET SUR CE QUATRIEME VOLUME.

PENDANT que je faisois réimprimer mon ouvrage, j'ai reçu à son sujet des conseils, des critiques et des complimens.

Les conseils regardent son format. J'ai suivi constamment celui in-12 dans ces trois éditions consécutives, parce qu'il est plus commode, moins cher pour le lecteur, et plus avantageux à l'auteur, en ce que les contrefacteurs trouvent moins de bénéfice à le contrefaire. Cependant, des gens du monde m'ont témoigné qu'ils lui préféroient le format in-8°, parce qu'il est plus à la mode, et que les pages ayant plus de marge, et l'intervalle entre les lignes étant plus grand, l'impression en a plus de beauté. Des gens de lettres ont désiré que je fisse de mon livre une édition in-4°., parçe que son caractère étant plus gros, seroit plus aisé à lire, et que les planches s'y

Tome IV

développeroient sur une plus grande échelle. Enfin, je m'attendois que des savans m'engageroient à tenter les honneurs de l'in-folio, lorsqu'une dame aimable m'a proposé fort sérieusement d'en faire une édition in - 18, « afin, m'a«<t-elle dit avec beaucoup de grace, « qu'il ne sortît jamais de sa poche. » Je me trouve si honoré du suffrage des dames, que je ne sais si je ne tirerois pas plus de vanité d'être in-18 dans leurs poches, qu'en grand atlas dans la bibliothèque du Louvre. Ce genre d'incognito a de plus quelque chose que je ne puis dire, qui me flatte singulièrement. Dans la perplexité agréable où je me trouve, et dans l'impossibilité où je suis de faire quatre nouvelles éditions à-la-fois pour complaire à tous mes lecteurs, il m'est venu en pensée d'inviter ceux d'entre eux qui ne sont pas contens de l'in-12, d'envoyer leurs inscriptions (franches de port) chez mes libraires,en y mettantsimplement leurs adresses avec le format qu'ils désirent. Je me déciderai alors sur la pluralité des voix; et dès que j'en aurai cinq cents pour l'in-8°. ou l'in-4°. j'en publierai la souscription en beau papier, avec de nouvelles figures dessinées et gravées par les plus célèbres artistes.

Mais s'il y a seulement deux cent-cinquante voix pour l'in-18, je donnerai la préférence à ce format, parce que j'ai toujours estimé la voix d'une dame égale, pour , pour le moins, à celle de deux

hommes.

Quelques gens du monde m'ont demandé si je ferois des augmentations à cette présente édition; et dans ce cas, ils ont désiré que j'en fisse un supplement détaché, pour ceux qui ont acquis les éditions précédentes, se plaignant de ce que les auteurs, qui en agissoient autrement, fraudoient le public.

Un auteur qui se contente difficilement de son travail, tel que je suis, et qui le remet souvent sur le métier, est quelquefois obligé d'y faire de légères augmentations, pour en éclaircir les endroits obscurs. Il est au moins forcé de changer quelque chose aux avis qui varient à chaque édition, sans qu'il puisse faire de ces variantes un supplément particulier et de quelque intérêt. Mais, en supposant qu'il fraudât ainsi une portion du public de quelque portion de son travail, je demande si le public en corps ne le fraude pas plus complétement én acquérant sans scrupule les contrefaçons de son ouvrage ? Un auteur ne

les décrédite, qu'en ajoutant quelque chose de nouveau à chaque nouvelle édition.

Les contrefaçons m'ont fait et me font un tort considérable. Je ne parle pas de celles de ma premiere édition, qui ont rempli les provinces du midi de la France (1); mais à peine la seconde a paru, qu'elle a été contrefaite, avec ses augmentations, aprobations, privilége, et jusqu'aux titres où on lit l'adresse de mes libraires. D'autres contrefacteurs ont osá

(1) M. Marin, inspecteur de la librairie à Marseille, y en saisit, il y a un an et demi, une balle entière, qui, malgré ses réclamations, fut confisquée au profit de la chambre syndicale de cette ville, et non au mien, comme il étoit juste. M. de Chassel, inspecteur de la librairie à Nancy, y a arrêté, il y a six mois, quelques exemplaires contrefaits de ma seconde édition, que M. Vidaud-de-la-Tour m'a fait remettre, d'après le jugement de M. de Lamoignon, garde des sceaux. Le contrefacteur avoit retranché seulement, dans l'avis, ce que j'y disois de la beauté des caractères de ma seconde édition, semblables à ceux-ci, parce que la médiocrité des siens eût découvert d'abord sa fraude. J'ai lieu d'espérer maintenant de la vigilance de M. Vidaud de-laTour, dont le zèle pour les intérêts de la librairie, seconde si bien la justice de M. de Lamoignon dont le nom est si cher aux gens de lettres, qu'on réprimera enfin dans le royaume le brigandage des contrefaçons si contraire aux ordres du roi et aux intérêts des auteurs, sur-tout à ceux qui n'ont pas d'autres propriétés que leurs ouvrages.

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