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après,qui augmentent ici dans les quadra tures, et là diminuent; ni à leur égalité constante dans d'autres lieux ; ni à la direction de celles qui vont vers la ligne; ni à leur élévation qui augmente vers les pôles, et s'affoiblit sous la zone même de l'attraction lunaire, c'est-à-dire, sous l'équateur. Au contraire, l'action de la chaleur du soleil sur les pôles du monde explique parfaitement la grandeur des marées près des pôles, et leur foiblesse près de l'équateur; leur divergence du pôle d'où elles s'écoulent, et leur concordance parfaite avec les continens d'où elles descendent, étant doubles en vingtquatres heures, lorsque l'hémisphère qui les verse ou qui les reçoit est séparé en deux continens; doubles et inégales, lorsque le déversement des deux continens est inégal; simples et uniques, lorsqu'il n'y a qu'un seul continent qui les verse, ou qu'il n'y en a point du tout, t

3. L'attraction de la lune qui va toujours d'orient en occident, ne peut s'apliquer en aucune manière au cours

dans leur cours par quelque configuration particu lière d'un des deux continens. Au reste, cette dif ficulté n'est pas plus difficile à résoudre par ma théorie que par celle de l'attraction, qui ne peut expl quer d'ailleurs la plupart des phénomènes nautiques que je viens de raporter.

de la mer des Indes, qui flue six mois vers l'orient et six mois vers l'occident, ni au cours de la mer Atlantique, qui flue six mois au nord et six mois au midi. Au contraire, l'action de la chaleur semiannuelle et alternative du soleil autour de chaque pôle couvert d'une mer de glace de cinq ou six mille lieues de circonférence en hiver, et de deux ou trois mille en été, s'accorde parfaitement avec le courant semi-annuel et alternatif qui descend de ce pôle, en fluant vers le pôle opposé, selon la direction des continens et des archipels qui lui servent de rivages.

J'observerai à ce sujet que quoique la mer du Sud ne semble présenter aucun canal au cours des effluences polaires, par la grande divergence de l'Amérique et de l'Asie, on peut cependant y en entrevoir un sensiblement formé par la projection de ses archipels, qui sont en correspondance avec les deux continens. C'est par le moyen de ce canal que les iles Sandwich, qui sont dans la partie septentrionale de la mer du Sud, vers le 21° degré de latitude, éprouvent deux marées par jour par le déversement de l'Amérique et de l'Asie, quoique le détroit qui sépare ces deux continens soit au 65° degré de latitude nord. Ce n'est

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pas que ces îles et ce détroit du Nord soient tout-à-fait sous le même méridien; mais les îles Sandwich sont placées sur une courbe correspondante à la courbe sinueuse de l'Amérique, et dont l'origine seroit au détroit du Nord. On pourroit prolonger cette courbe à des archipels plus éloignés de la mer du Sud, qui éprouvent deux marées par jour; et elle y exprimeroit le courant formé par le déversement de l'Amérique et de l'Asie, comme nous l'avons dit ailleurs. Toutes les îles sont au milieu des courans. En considérant donc sur un globe le pôle sud à vue d'oiseau, on entrevoit une suite d'archipels dispersés en ligne spirale jusque dans l'hémisphère du nord, qui indique le courant de la mer du Sud, comme la projection des deux continens du côté du pôle nord indique le courant de l'Atlantique, 'Ainsi le cours des mers d'un pôle à l'autre, est en spirale autour du globe, comme le cours du soleil de l'un à l'autre tropique,

Cet aperçu ajoute un nouveau degré de vraisemblance à la correspondance des mouvemens de la mer avec ceux du soleil. Ce n'est pas que la chaîne des archipels qui qui se projette en spirale dans la mer du Sud, ne soit interrompue en quelques endroits; mais ces inter

ruptions ne proviennent, à mon avis, que de l'imperfection de nos découvertes. Nous pourrions, ce me semble, les éten-. dre bien plus loin, en nous guidant pour la découverte des îles inconnues de cette mer, sur la projection des îles que nous connoissons déja. Ces voyages ne devroient pas se faire en allant directement de la ligne au pôle sud, ou en décrivant le même parallèle autour du globe, ainsi qu'on a coutume; mais en suivant la ligne spirale dont je parle, suffisamment indiquée par le courant général même de l'Océan. Il ne faudroit pas manquer d'observer les fruits nautiques que le courant alternatif des mers ne manque jamais de porter d'une île à l'autre, souvent à des distances prodigieuses. C'est par ces moyens simples et naturels que les anciens peuples du midi de l'Asie ont découvert tant d'îles dans la mer du Sud, où l'on reconnoît encore leurs mœurs et leur langage. Ainsi, en s'abandonnant à la nature, qui nous sert souvent mieux que notre savoir, ils ont abordé, sans octant et sans carte, à une multitude d'îles dont ils n'avoient même jamais ouï parler.

J'ai indiqué, à la fin du précédent volume, ces moyens faciles de découvertes

et de communications entre les peuples maritimes. C'est dans l'explication des figures, en parlant de l'hémisphère Atlantique, et au sujet de Christophe Colomb, qui, près de périr en pleine mer à son premier retour de l'Amérique, mit la relation de sa découverte dans un tonneau qu'il abandonna aux flots, dans l'espérance qu'elle seroit portée sur quelque rivage. J'ai dit, à cette occasion <«<qu'une simple bouteille de verre pouvoit la conserver des siècles à la surface des mers, et la porter plus d'une fois. «d'un pôle à l'autre ». Cette expérience vient de se réaliser en partie sur les côtes de l'Europe (1). Elle est rapportée par le

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(1) J'invite les marins qui s'intéressent aux progrès des connoissances naturelles, de réitérer cette expérience si facile et si peu coûteuse. Il n'y a point de lieu où les bouteilles vides soient plus communes et plus inutiles que sur un vaisseau. Lorsqu'il sort du port, il y a beaucoup de bouteilles pleines de vin, de bière, de cidre et d'eau-de-vie, dont la plupart sont vidées au bout de quelques semaines, sans qu'on ait de quoi les remplir de tout le voyage. En en jetant quelques-unes à la mer on pourroit y adapter perpendiculairement une baguette surmontée d'un petit morceau de toile, ou de quelque plume blanche. Ce signal la détacheroit du fond azuré de la mer et la feroit apercevoir de loin. Il seroit à propos de la garnir de cordes, pour l'empêcher de se briser en attérissant sur les rivages, où les courans et les marées la porteroient

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