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annoncer dans le catalogue des livres de la foire de Leipsik, pour le mois d'Octobre 1787 une édition de mes Etudes de la Nature, faite à Lyon, chez Piestre et de la Molliere, quoique je n'aye jamais rien fait imprimer qu'à Paris. On vient d'en publier une nouvelle à Bruxelles, en quatre volumes. Une personne de la connoissance de mon imprimeur, en a vu à Londres, au mois de Septembre dernier, quatre éditions différentes sans qu'il ait pu s'y procurer la véritable. Cependant, elle est bien aisée à distinguer par la beauté de ses caractères, de toutes ses contrefaçons, qui d'ailleurs ne peuvent jamais être que de mauvaises copies d'une édition originale, revue et corrigée par moi-même avec toute l'at-tention dont je suis capable. Cela n'a pas empêché le public de les accueillir avec empressement. Après tout, il ne s'agit pas de n'avoir pas à se plaindre des hommes, mais que les hommes. n'ayent pas à se plaindre de nous.

Quand ma conscience ne me feroit pas un devoir d'être juste envers chaque particulier, je dois trop au public pour ne pas chercher à lui complaire autant qu'il est en moi. Je n'ai eu d'autre voix constante en ma faveur que la sienne.

D'un autre côté, s'il considère l'importance des erreurs que j'ai attaquées et ma position, j'ose espérer qu'il me mettra un jour au rang du petit nombre d'hommes qui se sont occupés de son intérêt aux dépens de leur fortune.

Je ne m'écarterai pas maintenant des principes qui ont dirigé ma vie. Je vais donc insérer ici quelques réflexions, qui auroient peut-être été placées plus con

venablement dans l'avis en tête de cette troisième édition : mais je les transfère ici, afin que ceux qui en achèteront le quatrième volume en particulier, soient instruits de tout ce que j'y ai ajouté, sans être obligé d'acquérir les trois autres. J'y aurois joint de même les additions que j'ai faites à ma première édition, au sujet de l'alongement des pôles,et des courans de l'océan Atlantique, si ces additions n'étoient pas trop considérables. Mais si je ne les rapporte pas ici à la lettre, j'en répète au moins le sens, et j'y ajoute de nouvelles preuves qui donnent le dernier degré d'évidence à ces importantes vérités.

J'ai corrigé d'abord aux titres de cette troisième édition, une erreur qui se trouve dans ceux des deux autres. Elle est fort indifférente à mes lecteurs, puis

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que ce n'est qu'une transposition de mes noms de baptême ; mais elle a occasionné quelques méprises.

Je ne me rappelle pas avoir rien ajouté au texte, qu'une seule observation sur les contre-courans de l'Ohio, que j'ai insérée dans cette troisième édition, tome 1er. page 314. Mais elle est importante, car c'est une preuve de plus en faveur de l'explication que j'ai donnée des marées.

Le lecteur peut se rappeler que j'explique la direction de nos marées en été, vers le nord, par les contre-courans du courant général de l'océan Atlantique, qui, dans cette saison, descend de notre pôle dont les glaces se fondent en partie par l'action du soleil qui l'échauffe pendant six mois. Je supposois que ce courant général qui court alors au sud, se trouvant resserré par le cap Saint-Augustin en Amérique, et par l'entrée du golfe de Guinée en Afrique, produisoit de chaque côté des contre-courans qui nous donnoient nos marées qui remontent au nord le long de nos côtes. Ces contre-courans existent en effet dans ces mêmes lieux, et sont toujours produits aux deux côtés d'un détroit par où passe un courant, Mais je n'avois pas besoin de

supposer les réactions du cap SaintAugustin et de l'entrée du golfe de Guinée, pour faire remonter nos marées jusque bien avant dans le nord. La simple action du courant général de l'Atlantique, qui descend du pôle nord et court au sud en déplaçant devant lui un grand volume d'eau qu'il repousse à droite et à gauche, suffit pour produire, le long de son cours, ces réactions latérales, d'où sortent nos marées qui remontent au nord.

J'avois cité à ce sujet deux observations, dont la première est à la portée de tout le monde. C'est celle d'une source qui, en se déchargeant dans un bassin, fait naître sur les côtés de ce bassin un remou ou contre-courant qui ramène les pailles et les autres corps flottans à la source même.

La seconde observation, est tirée du père Charlevoix, dans son histoire de la Nouvelle-France. Il rapporte que, quoiqu'il eût le vent contraire, il fit huit bonnes lieues dans un jour sur le lac Michigan, contre son courant général, à l'aide de ses contre-courans latéraux.

Mais M. de Crevecœur, auteur des Lettres du Cultivateur Américain, và encore plus loin; car il assure, tomé 3,

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page 433, qu'en remontant l'Ohio le long de ses bords, il fit 422 milles en quatorze jours, ce qui fait plus de dix lieues par jour « À l'aide, dit-il, des << remoux qui ont toujours une vélocité égale au courant, principal. » Voilà la seule observation que j'ai ajoutée à cause de son importance, et de l'estime que je porte à son auteur.

Ainsi l'effet général des marées est mis dans le plus grand jour, par l'exemple des contre courans latéraux de nos bassins où se déchargent des sources, de ceux des lacs qui reçoivent des rivières, et de ceux des rivières elles-mêmes, malgré leurs pentes considérables, sans qu'il soit besoin de détroit particulier pour opérer ces réactions dans toute l'étendue de leurs rivages, quoique les détroits augmentent considérablement ces mê

mes contre-courans ou remoux.

A la vérité, le cours de nos marées vers le nord en hiver, ne peut plus s'expliquer comme un effet des contre-cou-, rans latéraux de l'océan Atlantique qui descend du nord, puisqu'alors son courant général vient du pôle sud, dont le soleil fond les glaces. Mais le cours de ces marées vers le nord se concoit en core plus aisément par l'effet direct du

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