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refus. Que pour les bénefices dont la collation AN. 1592 appartenoit à d'autres qu'au roi, les archevêques, évêques, chapitres, abbez & autres, conferveroient leurs droits. Que la réfignation faite en faveur, même avec penfion, feroit reçûë par les ordinaires, avec les claufes & conditions qui font d'ufage en cour de Rome. Par le même reglement il annulla toutes. les conceffions faites par les prélats, abbez & chapitres engagez dans la ligue depuis la publication des édits rendus par Henri III. & fit défenfes aux juges d'avoit egard à ces conceffions, & à tous fes fujets de s'en fervir voulant que tous fe conforment aux préfens reglemens, fur peine d'être punis comme perturbateurs du repos public.

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Henri IV. laiffa cependan la liberté, même aux rebelles qui auroient droit de nommer à des cures, de difpofer de ces bénefices; mais il fe réserva le droit de conferer les autres bénefices de leur nomination, à des. fujets capables, à condition que ceux qu'il nommeroit, obtiendroient des ordinaires la confirmation de cette nomination. Il prétendoit conféquemment donner aux évêques, chacun dans fon diocéfe, le pouvoir d'accor der les mêmes dipenfes que le pape, avec cette claufe, que ces pouvoirs feroient confir mez par les cours fouveraines. Il enjoignit aux ordinaires de dreffer des procès verbaux de ces actes, & d'en faire délivrer copie aux pourvûs, un mois après que ceux-ci auroient prê té ferment; fans lequel, tout ce qu'on leur auroit accordé, feroit nul. Par le même reglement il étoit dit que tout étranger, quoi-. qu'habitant du roiaume, ne pourroit y poffeder aucun bénefice fans l'agrément du roi, & que toute nomination faite au contraire feroit nul

...

K

nulle. Enfin Henri aiant égard aux repréfen- AN. 1592 tations de quelques prélats qui lui étant demeurez fideles, avoient été chaffez de leurs diocéfes par les rebelles, & qui avoient lieu de craindre qu'on ne troublât ceux qu'eux ou leurs grands vicaires avoient pourvus de bénefices pendant ces troubles, parce qu'ils n'étoient pas alors dans l'exercice de leur jurif diction ordinaire; il déclara & confirma de fon autorité roïale, comme bon & valabre, tout ce qu'il avoient fait dans le tems qu'ils défignoient. Mais ces differens reglemens furent la plû part inutiles dans l'execution: nous ne voïons point que ni quelque métropolitain ait facré des évêques, ni que ceux-ci aïent donné des bulles pour les abbaies.

X..

Quoiqu'une partie de ces reglemens ne dût pas Départ du plaire à Rome, Henri ne laiffa pas de cher- cardinal de cher les moiens d'en obtenir fa réconciliation Gondi & du avec l'églife. Dans cette vûë, fon deffein étant marquis de Pifani pour d'engager la république de Venife & le grand duc de Tofcane à être les médiateurs de cet

Rome.

De Thoms

Mem. de

2. p. 98..

te affaire, il députa à Rome le cardinal de lib. 103. Gondi & le marquis de Pifani, qu'il avoit Davila, déja défignez depuis quelque tems pour cette v. 12. négociation. Ces députez partirent au mois pEtoile, to d'octobre. Dès qu'ils furent arrivez dans le païs des Grifons, le marquis s'arrêta à Defenzano, place fur le lac de Garde, appartenante à la république de Venife, & le cardinal prit la route de Florence, pour faire enforte que le grand duc lui ménageât la faveur de quelques cardinaux qui paroiffoient difpofez à traverfer la négociation; mais l'édit de Châlons contre le bref du pape & le légat, y étoit plus grand obftacle; & la cour de Rome regardant cette action comme une injure qu'on lui avoit faite, ne ceffoit de

fai

faire entendre au pape qu'il devoit se défier des AN. 1591 démarches & des proteftations de Henri.

XI.

cardinal de

Rome.

Clement VIII. ne fit que trop connoître comLe pape fait bien ces difcours lui faifoient impreffion. Sous défendre au prétexte de prendre du tems pour examiner fi Gondi de fela converfion du roi étoit fincere, il écrivit à rendre à fon légat en France, d'avertir de fa part le cardinal de Gondi de ne point partir; mais comme De Thom, cet avis venoit trop tard, & que le cardinal avoit déja paffé les Alpes, le pape lui envoïa fon prédicateur, le pere Alexandre Franchefchini DoMem. de minicain, avec ordre de lui défendre de paffer l'Etoile, t. 2. outre, & d'entrer fur les terres de l'état ecclep. 98.

1. 103. Davila, L.

12.

XII.

cardinal de

fiaftique. Francefchini eut auffi ordre de dire au cardinal que le pape ne vouloit ni le voir ni l'entendre, parce qu'en fe déclarant pour le roi de Navarre heretique, relaps & excommunié par le faint fiége, il ne s'étoit point conduit ni en bon chrétien, ni en vrai cardinal. Francefchini ajouta, toujours au nom du pape, qu'aucun de ceux qu'on avoit envoïez de Rome en France, n'avoit été content de lui, parce qu'il ne s'étoit étudié qu'à pallier les maux de la religion, pour mettre plus aifément la couronne fur la tête d'un héretique. Qu'il avoit eû des conferences avec ce prince, & paffé par les villes qui lui étoient foumifes; & qu'il s'étoit vanté fur fa route, qu'il alloit à Rome pour recevoir fon abfolution. Qu'enfin le pape étoit dans la réfolution de répandre tout fon fang, plutôt que de voir le Navarrois monter fur le trône. La même défense fut fignifiée avec les mêmes raifons au marquis de Pifani.

Le cardinal reçut ces ordres dans une maison Raifons du du grand duc près de Florence. Mais fans en Gondi pour témoigner aucune furprise, il envoïa fon fecrefa juftifica- taire à Rome avec le Dominicain, pour se juftifier des crimes dont on l'accufoit. Il fit donc

zion.

rea

a

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AN. 1592.

De Thon,

lui. 103.

pape

représenter au pape, qu'aïant été requis de figner la ligue, il l'avoit réfufé, parce que la connoiffance qu'il avoit des affaires de France, avoit fait fentir que cette union n'avoit pas pour Davila, I. principe un vrai zéle & un fincere attachement 13. à la religion, mais qu'il n'étoît qu'un prétexte pour flater l'ambition des grands; que ceux-ci avoient amené les chofes au point, que fi fa fainteté ne fe hâtoit d'y apporter le remede, il ne feroit plus tems de le faire, lorfqu'elle en fentiroit toute la néceffité. Que comme ecclefiaftique, il n'avoit pas crû devoir se prêter à leur fureur, ni fe rendre le miniftre des paffions des autres. Qu'il s'en étoit excufé auprès du Sixte V. qui aiant connu la vérité, avoit pris fes intentions en bonne part. Qu'au refte, fi durant le fiége de Paris, il lui étoit arrivé de communiquer avec le roi de Navarre pour délivrer la ville de l'extrême mifere où elle fe trouvoit réduite par la famine, il l'avoit fait avec le confentement du légat Apoftolique. Que pour semblable raison, il. avoit traité en pers fonne avec le roi, pour ne pas s'expofer au péril d'être arrêté prifonnier dans fon voïage, & réduit à s'aboucher avec lui par force, au préjudice de fon honneur & de fa dignité. Qu'il étoit vrai que fur les frontieres de Lorraine il avoit reçû un ordre du légat de ne point aller à Rome, s'il vouloit y traiter en faveur des héretiques & du roi de Navarre; mais que fon deffein n'étant pas tel, il avoit crû pouvoir continuer fon voyage.

Il ajoutoit qu'il étoit furpris que fa fainteté lui refufât d'aller fe profterner à fes pieds, pour lui rendre l'obéïffance qu'il lui devoit. Que fa elle le trouvoit coupable, elle avoit tout pouvoir, non-feulement de le reprendre, mais encore de le punir. Qu'il étoit prêt de lui rendre

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un compte exact & fincere de toutes les actions, AN. 1592. afin de lui impofer la peine qu'il méritoit, s'il étoit criminel. Que fon unique intention en allant à Rome, étoit de l'inftruire de vive voix du pitoïable état de la France qu'on lui diffimuloit. Qu'en qualité d'évêque de la capitale du foïaume, & de cardinal, il ofoit bien lui donner avis que plus de quarante évêchez étoient fans pafteurs, que leurs revenus étoient en la difpofition des femmes, de courtifans, d'officiers & d'autres perfonnes entierement éloignez de la profeffion ecclefiaftique, pendant que les ames étoient fans guides comme des brebis égarées. Qu'il fe croïoit obligé de lui représenter que les curez & les prêtres abandonnoient leurs fonctions. pour prendre les armes, & tremper leurs mains dans le fang; qu'il étoit à craindre qu'un fi beau roïaume ne devint fchifmatique, fi l'on n'y mettoit ordre. Que tous ces avis ne partoient que d'un cœur vraiment catholique & chrétien, bien loin de venir d'un héretique, ou d'un fauteur d'hérefie. Que quand il plairoit à fa fainteté de l'entendre touchant les malheurs & les divifions de la France, il ne doutoit point qu'elle n'en fût touchée. Qu'enfin fi on lui impofoit filence, il se tairoit, content d'avoir mis là-deffus fa confcience en répos, ce qui étoit la feule chofe qu'il eût en vûë. Ces raifons expofées avec fermeté firent imXII. preffion fur l'efprit du pape, qui aïant appris Le pape de l'ambaffadeur de Venife plufieurs particuces raifons, laritez qu'il ignoroit auparavant, fe confirma lui permet dans la penfée qu'il falloit fe conduire avec de venir à beaucoup de ménagement dans cette affaire, & l'honneur même du faint fiége, travailler à la réconciliation du roi de Navarre Davila, Il permit donc au cardinal de Gondi de veL. 13. nir à Rome, à condition qu'il ne favoriferoit

touché de

Rome.

De Thon, pour

lib. 103.

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