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dans les années abondantes en fruit, le vin eft plus fouvent de moindre qualité que dans les années ftériles.

Choix des Plants de VIGNES.

On plante la vigne ou de bouture ou de plants enracinés on peut la renouveler auffi en tout ou en partie, par le moyen des provins & des marcottes, Les provins font des branches ou des brins vigoureux de la vigne, que l'on couche à droite & à gauche, & dont on enterre un ou deux yeux pour y refter, & fans en rien couper jufqu'au temps de la taille; c'eft à l'endroit de ces yeux que fe forment les chevelus on doit ne coucher que des branches qui aient du bois de trois ans. Lorfque la partie couchée a pris racine, on en coupe trois ou quatre boutons au temps de la taille; on la coupe fous les racines & on tranfplante les nouveaux ceps où l'on veut.

Les marcottes fe font des meilleurs brins de la vigne: on fait paffer ces brins à travers un panier rempli de terre, ou à fon défaut au- travers d'une motte de gazon où l'on fait un trou pour paffer le brin: on met le gazon en terre, & lorfque la marcotte a pris racine, on la transplante avec le gazon. On plante chaque marcotte à trois ou quatre pieds de diftance l'une de l'autre ; ce plant porte fon fruit au bout de deux ans, & en cela il eft préférable aux autres on s'en fert pour regarnir les vignes. L'avantage de cette méthode eft de pouvoir tranfporter le plant avec la terre qui l'environne. On doit choifir le plant qui a cru dans un terrain de pareille nature, c'est-à-dire dont le climat & l'expofition foient les mêmes que dans celui où l'on veut planter. Il faut prendre le plant d'une vigne qui n'ait que sept à huit ans au plus; car fi elle eft vieille, elle ne pouffera que des jets foibles & languiffans: en général le plant de raifin noir & vigoureux, e celui qui réuffit le mieux.

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Vitis præcox

Parmi les efpeces de raifins les plus propres au vignoble, on compte le morillon noir, appelé en Bourgogne pineau, & à Orléans auvernas, parce que le plant eft venu d'Auvergne acinis dulcibus nigricantibus. Ce raifin eft doux, fucré, excellent à manger; il vient très-bien dans toutes fortes de terre; fon bois a la coupe plus rouge qu'aucun autre. Le meilleur eft celui qui eft court, dont les noeuds ne font pas efpacés de plus de trois doigts il a le fruit entaffé & la feuille plus ronde que les autres de la même efpece.

Hy a une espece de morillon qu'on appelle pineau aigret, qui porte peu & donne de petits raifins peu ferrés; mais le vin en est fort & même meilleur que celui du premier morillon. Le pineau aigret a le bois long, plus gros, plus moelleux & plus lâche que l'autre les noeuds éloignés les uns des autres de quatre doigts au moins l'écorce fort rouge en dehors, & la feuille découpée en trois ou en patte

d'oie.

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Le morillon tacónne ou meunier, Vitis fubhirfuta, ainfi nommé parce que fes feuilles font blanches & farineufes, fait de bon vin, charge beaucoup, & par cette raison on l'a beaucoup multiplié depuis plufieurs années dans les vignobles des environs de Paris, au préjudice du pineau qui charge moins, mais dont le vin eft bien meilleur & beaucoup plus eftimé. Le bourguignon ou treffeau eft un raifin noir affez gros, meilleur à faire du vin qu'à manger : il charge beaucoup & donne de groffes grappes.

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Le fanmoireau le nomme quille de coq, aux environs d'Auxerre. C'eft un raifin noir excellent à manger & à faire du vin; il a le grain un peu long & preffé.

Le fromenteau eft un raifin exquis & fort connu en Champagne; il eft d'un gris-rouge : il eft d'un gris-rouge: la grappe en eft affez groffe; le grain, fort ferré; la peau, dure;

le fuc, excellent. C'eft à ce raifin que le vin de Sillery doit fon mérite & fa réputation.

Les raifins propres à l'efpalier, font le chaffelas blanc & noir, le mufcat blanc (Vitis apiana, le mufcat rouge & violet, le corinthe, le mufcat d'Alexandrie le raifin précoce de la Magdelaine ou morillon hatif, le cioutat, &c.

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On doit planter les diverfes efpeces de vignes fuivant la nature des terres. Dans les terres fortes on ne doit planter que des morillons ou pineaux noirs & y mêler des treffeaux ou bourguignons ; dans les terres légeres, des treffeaux & des morillons ou meuniers; dans de gros fable, le meillet; dans les terres pierreufes dont le fond eft jaunâtre, le pineau & le treffeau: ils font un vin plus délicat. Il vaudroit mieux, fuivant l'obfervation d'habiles cultivateurs, féparer en différentes portions les cépages dont la nature eft de mûrir plus tôt, d'avec ceux qui mûriffent plus tard; c'eft-à-dire, de mettre ceux qui mûriffent naturellement tard, dans un terrain élevé, chaud, fec & léger; & ceux qui mûriffent naturellement de bonne heure, dans les terrains bas gras & froids. Il eft bon d'obferver auffi de placer dans les terres légeres les efpeces délicates, ceiles qui demandent le moins de nourriture; dans les terres fortes, les efpeces qui chargent le plus.

En général les raifins noirs produifent un vin puiffant, vigoureux, chaud & durable; les blancs ne produifent qu'un vin foible, d'une couleur jaune & terne on doit obferver encore qu'une vigne qui porte peu de fruit le produit meilleur, & qu'une vigne vieille produit des vins fupérieurs aux autres. Au refte, nous ne pouvons trop le répéter; la qualité & la nature des vins varient fuivant les différens pays, & fuivant les efpeces de plants. Dans le Canton de Berne en Suiffe, dit M. Bourgeois, les vins blancs de la Vaux & de la Côte font beau

coup plus chauds & plus durables que les vins rouges du pays plus ils font vieux & plus ils acquierent de qualité. On en conferve en bouteilles, dit-il, audelà de trente ans dans toute leur bonté.

On ne doit jamais planter une vigne la même année dans une terre où on en a arraché une vieille; il faut laiffer repofer la terre, ou y planter du fainfoin pendant deux ou trois ans. Le temps de planter la vigne eft en automne fuivant quelques Auteurs, fur-tout dans les terres feches & légeres; d'autres au contraire font d'avis qu'on doit la planter au commencement du printemps.

Selon l'Auteur de la Nouvelle méthode de cultiver la Vigne, il réfulte toutes fortes d'avantages à espacer beaucoup le plant, & à laiffer quatre pieds de diftance entre chaque cep, (trois pieds d'efpace pourroient fuffire dans la plupart des terrains ). Les racines étant les principaux organes de la nutrition des plantes & de leur fructification, elles doivent être le premier objet de la culture, & il eft certain que les racines des ceps ainfi éloignés, ne fe trouvent point affamées par les pieds voifins, & fourniffent à leur cep une nourriture plus abondante. La vigne doit naturellement rapporter plus ou moins, en raifon de ce que fes racines font plus ou moins fortes, plus ou moins longues; enfin, de ce qu'elles ont plus ou moins de terre pour s'étendre, & par conféquent plus ou moins de fuc à pomper du fein de la terre. Dans cette maniere de planter, les racines ayant quatre fois plus d'efpace que dans la méthode ordinaire, elles doivent fournir à leur cep quatre fois autant de nourriture, & par la fuite quatre fois autant de fruit: la féve qui auroit été employée à former le bois des ceps furabondans, tourne au profit de la récolte du fruit; de plus, la tranfpiration étant en raifon de la furface des plantes, y ayant moitié moins de ceps, il y a moitié moins de tranfpiration, & par conféquent plus de moitié moins de déperdition de féve,

Il y a donc tout à gagner à écarter les ceps, & tout à perdre à les rapprocher. En vain objecteroit-on, dit cet Auteur, que fi leur écartement convient dans certaines terres, il peut être nuifible dans d'autres. Les vignes de Provence, les graves de Bourdeaux & quelques autres endroits où les ceps font encore plus éloignés que nous ne le recommandons, détruifent entiérement cette objection. Les vignes plantées de cette maniere donnent de fortes tiges, il eft vrai, mais on peut les rabattre, & même étendre les branches à droite & à gauche, comme en contr'efpalier, ainfi que cela fe pratique en quelques vignobles de FrancheComté.

Les autres avantages qui réfultent de cette nouvelle méthode, c'est que les ceps ne font presque point fufceptibles de la gelée, parce que l'air circulant librement, chaffe l'humidité. D'ailleurs, la vigne étant moins chargée d'humidité, elle eft moins fujette à couler, & fes grappes font moins fufceptibles de fe pourrir. L'air circulant librement, & la vigne n'étant point furchargée d'humidité, les raifins mûriffent mieux & acquierent une toute autre qualité que dans les vignobles ordinaires, d'où fuit naturellement la plus grande perfection du vin. Un autre avantage très-confidérable dans cette méthode, eft l'économie confidérable des échalas, des façons & autres dépenfes de la vigne.

Travaux annuels néceffaires à la VIgne.

Ces travaux confiftent dans la taille & dans les labours: la taille doit dépendre de la vigueur de la vigne ; fi elle eft foible, il faut la tailler courte; fi elle eft forte, il faut la tailler à vin, c'est-à-dire, y laiffer de longs bois. Il faut retrancher rigoureusement fur chaque cep tous les vieux bois, toutes les têtes qu'on n'y juge pas abfolument néceffaires, fauf à conferver de longs bois & à donner plus de taille aux

brins

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