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languiffant. Démosthène n'a rien de fi tragique, ou plutôt de fi déréglé, ni de fi emporté. Toujours fimple avec énergie.

P. 18. 1. 6. Le contre-temps feul équippe & conduit vos armées. ] Voilà un nouveau & méchant conducteur que ce contre-temps. Quel perfonnage ?

P. 18. 1. 13. Cet efprit d'émulation.] Il ne s'agit nullement de cela en cet endroit. Démosthène ne reprend pas le défaut d'émulation dans les Athéniens mais le manquement d'ordre, de règle, d'exécution.

P. 18. 1. 15. Athènes paroît unanimement conjurée contre le fuccès de fes armes.] Cela n'eft point dans Démosthène, & n'y doit pas être. Que le Traducteur trouve cela beau, je ne m'y oppofe pas: mais enfin cela n'eft point dans le Grec. Et c'eft ainfi que fans aucun égard pour fon texte, il change, fubftitue, allonge, retranche.

P. 19. 1. 1. Nous nous réfervons à les relever quelque jour ( ces foldats étrangers) quand il ne reftera plus que nous pour nous défendre. Cette penfée eft belle, & à propos. C'est dommage que Démosthène l'ait oubliée.

P. 10. 1. 6. Quelle ftupidité de ne pas fentir, &c.] Cela eft doux & engageant. Démofthène eft véhément, il n'eft pas groffier & brutal.

P. 22. Tenir contre l'appareil manifefte de votre fervitude..... Si un lâche désespoir ne vous enchaîne déjà... Nouvellistes vagabonds, qui pour fe foulager du poids de leur inutilité, répandent dans le public les fruits d'une spéculation frivole, ou mal dirigée. ] Toutes ces

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expreffions, & une infinité d'autres (car je me laffe d'en copier) font éloignées de la pureté & de la netteté du Grec, qui n'a rien de fanfaron, rien d'affecté, rien de forcé. Il feroit à fouhaiter que nos écrivains imitaffent tous cette fimplicité fublime, & ces beautés naturelles , que le fiecle de Démosthène & celui de Cicéron reconnoiffoient feules pour de vraies beautés. L'enflure & la tumeur refsemblent à l'embonpoint & à la fanté; mais il y a une différence infinie entre l'un & l'autre. ly

REMARQUES

DE M. L'ABBÉ MASSIEU,

Sur la Traduction de la troifieme Philippique par M. DE TOURREIL.

Page 146. lig. 1. Edition de Paris, 1701. Tous les Grecs Jans exception, à commencer par les Athéniens, ont accordé à Philippe. ] Le Grec ajoute, un droit qui de tout temps a été la fource de toutes nos guerres, ύπερ δ τὸν ἄλλον παντα χρόνον ἀπαντες οἱ πόλεμοι γεγόνασιν οἱ ἑλληνι noi. Voici comme M. de T. amplifie & embellit cela Un droit que perfonne jusqu'à ce jour n'avoit ufurpé impunément ; un droit dont notre nation avoit toujours paru fi jaloufe; un droit enfin qui depuis plus d'un fiecle a été l'unique fujet, ou le prétexte de toutes nos guerres. C'est ainsi que M. de T. trouve moyen de faire trois phrases d'une. Il auroit bien de la peine à montrer les deux premieres dans le texte. Au refte, τὸν ἄλλον ἅπαντα χρόνον, ne veut point dire, depuis plus d'un fiecle, comme M. de T. le traduit ; mais, de tout temps. Ce qui eft bien différent.

P. 146. 1. 7. Quel est ce droit fi extraordinaire, ce privilege fingulier?] Il n'y a point de grands mots dans le Grec. Il y a feulement: Quel eft ce droit ?ri és To; Les grands mots font peu propres à perfuader.

P. 147. 1. 21. Contre les peuples & contre les

villes de la Grèce.] Le texte dit, Contre la Grèce, Envas. N'y a-t-il point quelque chofe de puérile dans l'amplification françoife? Et ne fe moqueroit-on pas d'un homme qui au lieu de dire, contre la Hollande, s'aviferoit de dire avec emphase, contre les peuples & contre les villes de la Hollande ? Si M, de T. s'en tenoit à fon texte, il ne tomberoit pas dans ces puérilités.

mots ?

P. 148. 1. 20. Nous apprenons ces attentats, nous les voyons.] Le texte n'ajoute que deux καὶ ἀγανάκι μεν, fans indignation. Ce que M. de T. traduit ainsi : fans que perfonne fe remue. Tous à l'envi nous demeurons tranquilles. Récit, fpectacle, rien ne nous frappe... Le defir naturel de fe conferver ne peut obtenir de nous le moindre mouvement. Pour tout cela il n'y a dans le Grec les deux mots que j'ai cités.

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que

P. 150. tout au bas. Ces infenfibles aux injures de la Grèce le font encore à leurs propres injures.] Démosthène en demeure là. M. de T. approfondit & creufe cette pensée. La vengeance, ajoute-t-il, ne les remue pas plus que la pitié. Tout leur est étranger jusqu'à euxmêmes.

P. 151. 1. 21. A quoi donc imputer. ] Le Grec dit ces défordres, rí v KITIÓ THłaví; M. de T. dit: Cet avilissement d'ame & cette baffefe de fentiments: & il trouve tout cela dans τύτωνί.

P. 153. 1. 3. Vous payez d'ingratitude & de colère la répréhenfion la plus jufte. ] Le Grec ne dit que cela, mais M. de T. ne s'en contente pas, & coud cette longue queue au tex

te. Il n'y a plus ici de haine que pour les cenfeurs de la perfidie; & l'on rifque moins à commertre le crime qu'à le condamner. Non, je ne puis m'imaginer que M. de T. lui-même croie traduire, lorfqu'il jette dans la copie de gran des fentences, qu'il fait fort bien en fa confcience n'être en aucune maniere dans l'original.

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P. 153.1. 16. Tant d'avantages ensemble ne forment de la puiffance d'Athènes qu'un grand corps fans intelligence, fans mouvement, & fans vie. ] On prie M. de T. de montrer cela dans le Grec, ou du moins quelque chofe qui en approche. P. 155. 1. 22. Parce que vous n'êtes plus les mêmes.] C'est ce que dit le Grec : & yap rws xes. Mais M. de T. ajoute: Et que la gloire de votre nom ne fait plus qu'éclairer votre honte. Ce qui n'eft ni de près ni de loin dans le Grec. Tout le monde fait que c'est une pensée de Juvénal:

Claramque facem præferre pudendis. M. de T. l'a trouvée belle, & a cru qu'il en devoit enrichir fa traduction. Mais y eûtil jamais rien de fi plaifant, que de mettre Juvénal dans la bouche de Démosthène ?

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P. 156. 1. 29. L'or & l'argent fe comptoient entre les armes défendues: & on ne les vit jamais acheter le fuccès, ni de leurs deffeins, ni de leurs expéditions. C'étoit le fort des armes ou la valeur des foldats, & l'habileté des Capitaines, qui en décidoient. La guerre elle-même avoit les lois de probité & de bienféance, dont ils auroient fait fcrupule de fe difpenfer. Mais depuis que l'on marchande & que vend les profpérités militaires; aujourd'hui qu'on a trouvé l'invention des traitres on ne

Pon

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