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pour bien rendre les beautés de la Greque. Aucun écrivain moderne, je l'avoue, n'eft capable de nous remplacer la latinité de Cicéron mais fi quelqu'un l'a pu jufqu'à un certain point, c'eft le R. P. de Jouvency, à qui nous n'avons, ce me femble, perfonne à comparer depuis la renaiffance des Lettres, que Maffée & Muret. On fera donc bien charmé de trouver ici sa Traduction de la premiere Philippique, dont il me donna une copie à Rome en 1713. Jufqu'à préfent je ne m'étois pas permis de la publier, parce qu'ayant entendu dire qu'on pensoit à raffembler fes ouvrages de Rhétorique, j'avois cru que celui-ci paroîtroit avec les autres. Mais un Recœuil qui fe fait attendre depuis 30 ans pourroit bien ne jamais venir; & il n'eft pas jufte que je retienne plus long-temps un fi précieux dépôt, qui appartient de plein droit au Public

A la fuite de ce Latin, je donnerai les remarques du même auteur fur le François de M. de Tourreil. Peut-être achèveront-elles de prouver, que fi je m'élève contre le goût d'un homme d'efprit, & d'un favant homme , qui a fourni la carriere où je n'entre qu'après lui, ce n'eft point dans la vue d'exalter mon travail, en cherchant à déprimer le fien. Puisje ne pas favoir qu'en ce genre il y a cent manieres de faire mal, & que par conféquent les fautes d'autrui ne décident pas en ma faveur ? Toute vanité à part, je me porte à cenfurer M. de Tourreil par un autre motif; & le voici. Que divers particuliers écrivent aujourd'hui d'une maniere guindée, entor tillée, fans netteté, fans jufteffe : qu'au vrai & au naturel, ils préfèrent le faux & l'affecté ; il eft clair que de pareils exemples ne tirent pas à conféquence. Mais

qu'on abuse, comme a fait ce Tra ducteur, d'un nom tel que celui de Démosthène, pour autoriser une forte de ftyle, dont il n'y a pas l'ombre dans le Grec; n'eft-ce pas vouloir que le premier des Orateurs, dans l'état où il est montré aux François, marche à la tête de ceux qui corrompent l'Eloquence parmi nous ?

PHILIPPIQUES

PHILIPPIQUES

DE

DÉMOSTHENE.

B

ARGUMENT

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DES

PHILIPPIQUES. PHILIPPE, Roi de Macédoine, & par conféquent voifin de la Grèce, partagée en tant de Républiques, dont les intérêts étoient fi différents, fe propofa d'envahir les unes, d'affoiblir les autres, & de les gouverner toutes à fon gré. Celle d'Athènes étoit à juger d'elles alors fur ce qu'elle avoit été autrefois, la plus capable de traverfer fon ambition. Mais ne confervant plus le même goût pour les travaux de la guerre, & ne s'étant pas oppofée, faute de vigilance, aux premières conquêtes de Philippe, elle commençoit à perdre toute efpérance de pouvoir lui réfifter, lorfque Démosthène entreprit de relever le courage des Athéniens, & de les porter à prendre enfin des réfolutions dignes d'eux, en leur faifant voir,

I. Qu'ils pouvoient vaincre Philippe ; & il le prouve par des raisons tirées, ou de ce ce qu'ils ont fait autrefois eux-mêmes, ou de ce que Philippe a fait.

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