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mande des Troupes compofées d'Athéniens qui dépendent abfolument, ou d'un feul Chef, ou de plufieurs, à votre choix; & que vous ayez foin de fournir à leur fubfiftance.

Mais de quelle espèce faut-il ces Troupes? En quel nombre ? Comment les faire fubfifter? Je répondrai à tout, & par ordre.

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voir dans les Remarques de ce favant Traducteur les quatre différentes manieres dont Pollux, Phavorin, Wolfius, & Henri Eftienne ont expliqué cet inisipales. Pour moi, fans autre fineffe, je m'attache à une expreffion fimple, qui me paroît aller droit à la pensée de Démosthène, & faire fentir le ridicule amèr qu'il a prétendu y jeter. Athènes dans un befoin, écrivoit de tous côtés pour avoir des foldats on lui répondoit qu'ici on lui en fourniroit tel nombre, là tel nombre : mais à la fin il fe trouvoit que ce n'étoient point des hommes effectifs. Il y avoit beaucoup à rabattre du nombre promis, & d'autant plus qu'Athènes, comme on le voit par cette harangue, ne payoit point ces étrangers, ou les payoit mal. Ainfi ces grandes armées n'étoient complètes que dans les lettres écrites pour les demander d'une part, & pour les promettre de l'autre. Voilà, ou je me trompe fort, ce que Démosthène appelle duránas pais, des armées qui n'exiftent qu'en pa

pier.

Pour ce qui eft donc des (9) étrangers à enrôler , ne retombez pas dans une faute, qui fouvent vous a nui. C'eft d'aller toujours au-delà du nécessaire. Une magnificence outrée dans vos décrets, mais l'exécution nulle. Il vaut mieux commencer par peu ; & quand on voit que ce peu ne fuffit pas, y ajouter.

Or je dis qu'en tout il vous faut deux mille hommes de pied: dont cinq cents feront Athéniens, que vous prendrez d'un âge (1) fortable, & que vous engagerez pour un certain temps, non pas bien long, mais limité comme vous le jugerez convenir; après quoi d'autres les remplaceront.

(9) On appelloit Etranger à Athènes, tout ce qui n'étoit point de l'Attique même : & Barbare, tout ce qui n'étoit point Grec.

(1) Par une loi de Solon, mais qui n'étoit plus en vigueur du temps de Démosthène, aucun citoyen n'étoit exempt du fervice. It étoit d'abord employé fur les côtes de l'Attique, depuis l'âge de dix-huit ans jufques à vingt: & après il alloit fervir au loin. Quant au temps où il avoit droit de quitter, plufieurs auteurs le fixent à quarante ans. Tout citoyen, au refte, lorfqu'il entroit au fervice, devoit prêter ferment de fidélité. On peut en voir la formule dans l'Onomafticon de Pollux, liv. 8, chap. 9.

Joignons-y deux cents Cavaliers, dont pour le moins cinquante foient Athéniens. Ils ferviront aux mêmes conditions que l'Infanterie, & vous leur fournirez les bâtiments néceffaires pour embarquer leurs chevaux.

Que faut-il encore ? Une escorte de dix vaiffeaux légers, afin que nos Troupes, en faifant leur trajet, ne foient pas inquiétées par la flotte de Philippe.

Mais ces troupes comment fubfifterontelles? C'est un point que je toucherai du moment que je vous aurai dit pourquoi je me borne à un fi petit nombre de foldats, & pourquoi je veux que des Athéniens fervent en perfonne.

Je me borne à ce petit nombre de foldats, dans l'impoffibilité où nous fommes de mettre actuellement fur pied une armée, qui ofe rifquer une bataille. Tout ce que nous pouvons, c'eft d'infefter le pays ennemi par nos courses. Pour cette espèce de guerre, par où il faut commencer, n'ayons point trop de Troupes, car elles manqueroient d'argent, & de vivres mais auffi, n'en ayons pas trop peu.

:

Je demande qu'avec les étrangers on mêle de nos citoyens, & qu'ils s'em

barquent tous ensemble, parce qu'autrefois, quand vous aviez des Troupes étrangères à Corinthe, où Poliftrate, Iphicrate, Chabrias, & d'autres encore les commandoient en votre nom, plufieurs Athéniens joignîrent l'armée : & ainfi réunis, citoyens & étrangers, vous triomphâtes des Lacédémoniens.

Mais depuis que des étrangers font employés feuls à faire la guerre pour vous, il n'y a que l'ami, que l'allié, qui souffrent de leurs hoftilités. L'ennemi cependant va toujours en fe fortifiant. Et ces étrangers, à peine voient-ils la guerre commencée, qu'ils défertent. Ils vont chez (2) Artabaze, & par-tout ailleurs, plutôt que de refter à votre fervice. Le Chef les fuit: avec raifon; car ne les payant pas, il n'a point à leur commander.

Que veux-je donc ? Que pour ôter, & au Chef, & aux foldats, tout pré

(2) Athènes avoit dans l'Hellefpont une armée toute compofée d'étrangers; ils n'étoient point payés; ils quitterent fans autre formalité pour aller joindre Artabaze, Satrape de l'Afie mineure, révolté contre son maître le Roi de Perfe, & ils fûrent suivis de Charès, Athénien, leur Général.

texte de mécontentement, il y ait tou jours de quoi payer ; & qu'avec les étrangers on mêle des citoyens, qui ayent l'œeuil fur la conduite du Chef.

Aujourd'hui, en vérité, notre Politique eft rifible. Car fi l'on vous demandoit ATHENIENS, êtes-vous en paix Par Jupiter, non, diriez-vous, nous fommes en guerre avec Philippe. Hé n'avezvous pas effectivement nommé de vos citoyens, pour exercer toutes (3) les charges néceffaires dans une armée ?

Mais de ces Officiers, hors le feul que vous envoyez où eft votre armée, tous les autres que font-ils ? Ils fervent ici à décorer (4) vos fêtes, avec vos Sa

crificateurs.

Tels que des Statüaires en argile, vous

(3) J'ai mieux aimé me fervir ici d'une expreffion vague, que d'employer les termes de la Milice moderne. Car, de les mettre dans la bouche de Démosthène, c'est tomber à peu près dans la faute que feroit un Peintre, qui fans avoir égard à ce qu'on appelle coftume, peindroit Alexandre ou Céfar en per& en juftaucorps brodé.

ruque,

(4.) Parce que ces Officiers y avoient un rang, & y paroiffoient avec les habits & les autres ornements convenables à leurs dignités.

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