teur ordinaire de Henry Bourbon Prince de Condé, & enfuite de Sa Majefté Louis XIII, étoit regardé comme l'oracle de fon tems. Chacun s'empreffoit d'avoir fes Sermons, on en contrefit les impreffions, on les traduifit en Latin pour les faire paffer en Allemagne & dans d'autres pays. Ce Prédicateur est mort en 1639. Les Sermons qu'il a laiffés font fous le titre de Conceptions Théologiques, 1°. pour le Carême 2 vol. in-8°. 2°. fur les fins de l'homme pour le tems de l'Avent, 2 vol. in-8°. Paris, 1606; 3°. fur les Dimanches de l'année, 2 vol. in-8'. 4°. pour les Fêtes de l'année, & Octaves du Saint Sacrement, 2 vol. in-8°. 1608 & fuiv. Lorfque M. de Beffe fit paroître fes Sermons pour l'Avent, il avoit déja prêché quatre Carêmes tout de fuite dans les premières Chaires de Paris, & il fentoit affez qu'ils feroient du goût des Lecteurs. Voici comme il s'explique

dans fon Avertiffement: » C'eft un Limofin >> qui a bâti cet édifice, & fi tu y reconnois » (Lecteur) des imperfections, que tout ne » foit point au plomb ni à l'efquerre; que la » façon du bâtiment n'en foit point belle; que » les pans des exordes, narrations & conclu» fions ne foient point bien flanqués; que les

3 x périodes ne foient pas bien cimentées; que » les étages de la disposition soient mal dreffés, les faillies & ouvertures des apostrophes & >> exclamations mal jettées; bref, que l'air, >> l'affiette, le plan & l'invention n'en foit pas belle; je veux dire, fi tu veux tant faire le » refrongné Cenfeur & Maître cérémonieux, que de décrier cette œuvre pour y avoir de la » rudeffe, & des piéces mal taillées ; réprésen»tes-toi que ce n'eft pas un Courtisan, mais un » étranger; non pas un Citadin, mais un rural » qui parle, & que l'oifeau fe fent toujours de >> fon tamage. Mais auffi fi tu y trouves du mé>> rite, dis une fois en ta vie : Vive les Limofins.

La méthode que ce Prédicateur a fuivie dans ses Sermons, eft à peu près la même que celle des anciens Prédicateurs, dont on a parlé cidevant page 3. Après avoir pris fon texte de FÉvangile du jour, il propose d'abord une figure ou un éxemple de l'ancien Teftament, dont le récit & l'application compofe tout l'exorde qui précéde la Salutation Angélique. On ne trouve le plan du Difcours qu'après une espéce de fecond exorde, qui eft beaucoup plus long que le premier. Les divifions n'y font ordinairement qu'en deux parties. Les fubdivifions n'y font

pas fréquentes. Chaque partie du Difcours eft prouvé par plufieurs paffages tirés de l'Écriture Sainte, des Pères de l'Eglife, & de différens Auteurs profanes. Les éxemples, les comparaifons & les fimilitudes n'y font pas épargnés. La péroraison n'eft fouvent qu'une prière qui eft affez touchante. Tous ces Sermons font remplis d'érudition, & on peut les lire avec quelque utilité ; il y auroit cependant à retoucher non feulement ces fréquentes citations d'Auteurs profanes, mais encore bien des comparaifons qui font baffes & indignes de la majesté de la Chaire. Il faudroit auffi changer la plupart des expreffions qui ne font plus d'ufage dans notre fiécle. Mais au refte on y trouve d'heureuses applications de l'Écriture, & de tems en tems de belles comparaisons, comme celle qui eft dans le Sermon pour le jour de faint Marcel : » Le Prélat qui parle & ne fait pas, ( dit M. de » Beffe) qui a la théorie de la science & non » pas la pratique de la vertu ; qui apprend à » bien vivre aux autres, & vit diffolument lui» même, eft femblable au flambeau qui éclaire » les affiftans, & fe brûle foi-même : il eft » comme les eaux du Baptême qui envoyent les » Ames au Ciel, & elles demeurent dans les

» ordures; il court même fortune que les Charpentiers de l'Arche de Noé, qui furent caufe » que les autres furent fauvés, & eux furent »> noyés fous les vagues du déluge.

BEURRIER, (Paul) Chanoine Régulier, & enfuite Abbé de Sainte Geneviève, a donné au Public 1°. des Homélies, Prônes ou Méditations fur les Évangiles des Dimanches & principales Fêtes de l'année, avec une Octave du très-Saint Sacrement; Paris, Michel d'Emptet 1668, in-8°. 2°. des Homélies feftives, Prônes ou Méditations fur toutes les Fêtes de l'année, avec les Octaves des Fêtes de la Dédicace d'une Églife, de Noël, de l'Epiphanie & de l'Affomption de Notre Dame ; Paris 1670, in-4°. 3°. la perpétuité de la Foi & de la Religion Chrétienne dans les trois états, de la Loi de nature, de la Loi écrite, de la Lo: de grace expliquée & prouvée en deux cens Homélies ou Sermons; Paris, André Prallard 1680, in-8°. 2 vol. Quelque bons que foient ces Ouvrages, ils n'ont pas encore cette précifion, cette jufteffe, cette pureté qu'ont ceux des célébres Prédicateurs qui ont paru depuis. Les Anciens mettoient fouvent dans leurs Difcours bien des chofes qui nous paroiffent

aujourd'hui inutiles, fuperfluës, & comme des hors d'oeuvres.

BEUVELET, (Mathieu) Prêtre du Sé minaire de Saint Nicolas de Chardonnet connu particulièrement par les Méditations qu'il avoit compofées fur les principales Vérités Chrétiennes & Eccléfiaftiques pour les Dimanches, Fêtes & autres Jours de l'année & par un Manuel pour les Eccléfiaftiques, a laiffé un autre Ouvrage qui a été donné au Public après fa mort; c'eft le Symbole des Apôtres expliqué & divifé en Prônes. Paris, George Joffe 1668, in-8°. Il est écrit d'un style simple & familier, tel qu'il convient pour ces fortes d'Inftructions qui doivent être à la portée de tout le monde. Les preuves en font tirées pour ja plûpart de l'autorité de l'Écriture & des Pères de l'Églife, dont M. Benvelet s'étoit fait une étude particuliére.

BIENVILLE (Olivier de) Jéfuite, a fait imprimer des Sermons pour l'Octave de l'adorable Euchariftie; Paris, Sebaftien Cramoifi 1671, in-8°. On trouve dans ce volume huit Sermons qui traitent de l'adorable Euchariftie confidérée comme Sacrement, & comme Sacrifice,