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lieu du Régne de Louis XIV, changerent déja un peu cette méthode de prêcher. Ils fe fervirent moins de l'autorité de Pline & de Seneque, & des autres Auteurs profanes, pour prouver leurs difcours. Les allégories, les fimilitudes & les comparaisons dont ils les ornoient, devinrent plus nobles & plus dignes de la majefté de la Chaire. On en bannit entièrement les citations en Grec, & on n'épargna que les Latines. Enfin on s'approcha, ou plutôt on introduifit insensiblement la méthode que l'on continue de fuivre dans notre fiécle.

2°. Cette nouvelle méthode paroit beaucoup plus parfaite que l'ancienne. L'Exorde du Difcours en préfente ordinairement le plan & la divifion; de forte que l'Auditeur voit d'abord de quoi on vent lui parler & l'inftruire. Nos Prédicateurs modernes fe bornent communément à deux propofitions qu'ils fubdivifent enfuite, afin de mettre de l'ordre & de l'arrangement dans les preuves. Les divifions en trois parties ne font prefque plus en ufage que pour les Difcours du Vendredy faint, dont le fujet demande d'être traité plus au long que ceux que l'on traite dans les Sermons ordinaires. Il eft difficile en effet, quand on fait plus de deux propofitions générales dans ces derniers, de donner à chacune toute l'étendue qu'elles exigent, & de bien déve

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lopper, en moins d'une heure, toutes les vérités qu'elles embraffent. Dans notre fiécle on eft généralement plus méthodique; on parle plus jufte, & on va plus droit à fon but. On établit un Difcours fur des principes plus folides; on en déduit mieux les preuves; on s'attache plus à l'Écriture Sainte, & on l'emploie d'une manière plus naturelle; on ne rapporte des paffages des SS. Pères qu'autant qu'il en faut pour confirmer les vérités qu'on propofe. On évite ces fréquentes citations Latines qui ne font que rompre le fil du Difcours, & ennuyer la plus grande partie de l'Auditoire qui n'entend pas le Latin. On tourne mieux une pensée, & on met une vérité dans un plus grand jour. Enfin on tache de parler tout à la fois à l'efprit & au cœur.

ANSELME, (Antoine) Abbé de faint Sever, en Gascogne

en Gascogne, Prédicateur ordinaire du Roi, de l'Académie des Belles-Lettres, a été applaudi dans les Chaires de Paris & à la Cour pendant une trentaine d'années. Il eft mort en 1737 à 86 ans. Ce Prédicateur a fuivi le plus fouvent la feconde méthode de prêcher, dont il eft parlé ci-deffus. La justesse, l'élégance, la pureté du langage caractérisent fes difcours; & on peut dire que la piété même

y a part; (a) on les lit avec une extrême fatisfaction. Il feroit feulement à fouhaiter qu'il y eût un peu plus de cette chaleur & de cette force qui eft néceffaire pour porter la vérité jufqu'au fond de l'ame, & pour émouvoir le cœur. Ses Sermons pour l'Avent, le Carême, & fur divers fujets, ont été imprimés à Paris chez Giffart en 1731, en 4 vol. in-8°. & en fix vol. in 12. M. Anfelme avoit déja donné en 1718, des Panégyriques des Saints, & des Oraisons funébres en 3 vol. in 8°. Les Panégyriques des Saints font au nombre de vingt-quatre, également partagés entre les deux premiers volumes. On ne fait point difficulté de les propofer pour modéles, (b) & de les placer avec les Panégyriques de M. Fléchier, des Pères Bourdalouë & de la Ruë, & de M. l'Abbé Boileau, &c. on y trouve comme dans ceux de ces derniers, ce qui contribue à la gloire des Saints, avec ce qui fert à l'édification des Fidéles.

Les Oraifons funébres au nombre de neuf compofent le 3e vol. Si les fujets en font intéreffans par les grands modéles qu'ils préfentent,

(a) Biblioth. Franç. tom. 2. p. 366. (b) Idem, tom. 2. p. 376.

l'art avec lesquels ils font maniés, mérite toute la curiofité des Lecteurs. M. Anfelme s'y eft propofé, en célébrant la vertu des Morts, d'en imprimer l'amour aux vivans. Car, à Dieu ne plaife, dit-il à cette occafion, (a) » que » les Oraifons funébres que l'on prononce dans » nos Temples reffemblent à ces Piéces d'élo»quence que l'on faifoit autrefois parmi les » Grecs, à la louange des faux Dieux, & » des hommes qui s'étoient fignalés pour le » fervice de la Patrie. La vanité dominoit dans » les Orateurs, & tout l'effet que leur difcours » produifoit fur les peuples, fe terminoit à des >> regrets inutiles, ou à la joie tumultueufe » d'un fuperbe divertiffement.

AUGUSTIN (Le Père) de Narbonne Capucin. Voyez dans la feconde partie: Pané gyriques des Saints de l'Ordre de S. François. B A.

B

B A.

ALLET, (N) ancien Curé de Gif, Prédicateur de la Reine, a fait part au Public des Panégyriques des Saints qu'il a prêchés depuis 1720 jufqu'à préfent, dans différentes Églifes

(a) Préf. des Oraif fun, de M. Anfelme.

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de Paris & à Versailles. Ils font imprimés à Paris chez Prault pére, quay de Gévres au Paradis, en 4 vol. in-12, 1746 & fuiv. Le premier volume contient huit Panégyriques. Il y a au commencement une Épître dédiée à la Reine. Cette Épître convient parfaitement à l'Ouvrage, & ne pouvoit être mieux adressée. L'éloge d'une Reine qui, placée sur le plus beau thrône du monde, n'eft occupée que de fa fanctification, paroît avec décence à la tête des Panégyriques des Saints; on y trouve le portrait de leurs vertus, & l'on croit y voir le portrait de la Reine. Le fecond & le troifiéme volume contiennent neuf Panégyriques & quelques Sermons fur les Fêtes de Notre Seigneur & de la Sainte Vierge. Le quatrième renferme trois Panégyriques, & de nouvelles Inftructions pour le Jubilé. On trouve encore du même Auteur le Panégyrique de S. Remi, prononcé en 1755. Ce Difcours eft imprimé à Paris chez C. Heriffant. Il y a dans tous ces Panégyriques un style noble fans affectation,une expreffion travaillée fans l'être trop; (a) une morale faine, & un zèle toujours vraiment

(a) Mém, de Trev, Juin 1747.

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