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ont compofés avec les meilleures Editions & les jugemens que les fçavants en ont porté.

Le Lecteur auroit peut-être fouhaité qu'on y eut joint les Sermonnaires hétéro doxes qui ont été imprimés en notre langue, & dans lefquels on trouve fouvent de beaux traits d'éloquence. Il est vrai qu'il ne paroît pas juste de laisser aux Religionnaires toutes les vérités & les beautés quiferencontrent dans leurs difcours. Elles nous appartiennent, & nous avons droit, comme difoit St. Augustin, en parlant des vérités qu'on trouve dans les Auteurs Payens (a) de les revendiquer comme notre bien propre, en les retirant d'entre leurs mains pour en faire un meilleur usage. Nous pourrions, à l'éxemple des Ifraëlites, qui par l'ordre de Dieu même dépouillerent l'Egypte de fon or & de fes plus précieux vêtemens, fans toucher à fes idoles,

(a) S. Auguft. de Doctrinâ Chriftianâ, l. 2, n. 60.

laiffer aux Proteftans leurs erreurs, & leur enlever les vérités qu'on trouve dans leurs livres qui font comme de l'or & de l'argent & les graces du difcours qui font comme le vêtement des pensées pour faire servir les unes & les autres à la prédication de la Religion Catholique. Mais comme il est extrêmement dangereux de lire ces fortes d'ouvrages parce qu'il eft ordinaire aux Hérétiques d'y mêler le poifon de l'erreur, & quelquefois même de le préfenter fous des fleurs, on a cru devoir les omettre. S'il y en avoit quelqu'un de leur compofition qu'on pût lire avec moins de danger, ce feroient les Sermons de M. Saurin, imprimés en 8. vol. in 12. depuis 1708. jufqu'en 1725. Ces difcours font écrits avec beaucoup de force, de génie & d'éloquence; on n'y trouve point ces imprécations & ces fureurs que les Miniftres de la R. P. R. font ordinairement paroître dans leurs Sermons. Ils ne font pas cependant éxemts du venin de l'hérélie : ce qui

fuffit pour les faire lire avec beaucoup de précaution.

La feconde partie de ce Dictionnaire comprend les Sermonnaires qui font plus connus fous les titres particuliers qu'ils ont,

que

fous les noms de leurs Auteurs, comme les Difcours Moraux, la fcience de la Chaire, la Bibliothèque des Prédicateurs, le Dictionnaire Apoftolique, &c. On y a fuivi à peu près le même ordre, que dans la première partie. On a rangé ces différens Ouvrages par ordre alphabétique, on a marqué autant qu'il a été poffible à qui on doit les attribuer, le nombre des volumes & fouvent même des difcours, leurs meilleures Editions, & les jugemens qu'en ont porté les Sçavans.

Si l'on n'a pas toûjours rempli le plan qu'on vient de propofer, furtout à l'égard des Prédicateurs & des Sermonnaires anciens que l'on fe contente quelquefois d'annoncer, fans en porter aucun jugement; on a fuivi en ce point la méthode

des Cenfeurs des livres, qui fouvent ne font qu'attefter qu'ils les ont lûs, ou bien qu'ils n'y ont rien trouvé de mauvais,quand ils ne les croyent pas mériter un plus grand éloge. Il n'étoit pas même néceffaire de s'étendre beaucoup fur les Sermonnaires qui ont parû avant le Règne de Louis XIV. chacun fçait affez que le langage en est extrêmement vieux; qu'ils font chargés d'une érudition profane, de beaucoup de Sentences des Philofophes, d'imaginations poëtiques & fabuleuses; de traits d'hiftoi res fouvent apochryphes; de citations de Loix, de Coutumes des peuples; d'obfervations & de Remarques fur les chofes naturelles, dont l'application fait toute la preuve & l'ornement des difcours, & qu'il y a très-peu de morale folide, moins encore de bons raifonnemens. On doit avoir de la peine à comprendre comment le P. d'Orleans, fur la fin du fiécle précédent, pouvoit dire des Prédicateurs qui avoient parû au commencement du même

fiécle: peut-être parlons-nous mieux qu'euxz mais vraisemblablement ils prêchoient mieux que nous. (a) Apparemment que ce Père Jésuite prétendoit parler de quelques Prédicateurs différens de ceux dont nous avons les Sermons.

On a donc crû devoir s'attacher plus particulièrement à donner une idée des Sermonnaires qui ont parû depuis que les De Lingendes & les Senaults ont purgé les Chaires Chrétiennes de cette érudition profane qui eft indigne de leur Majefté. Ce font auffi en quelque forte les feuls dont on puiffe profiter : encore faudroitily faire beaucoup de changemens, furtout dans les plus anciens pour fe conformer au goût de notre fiécle, parce que l'art de composer & de prêcher eft, ce femble aujourd'hui au dernier point de perfection." L'on aime mieux préfentement, le naturel où fe trouve le vrai fublime

, que

(a) Dans la vie du P, Cotton.

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