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ner à une grosse amende. Au lieu de s'opposer, comme on le croyoit, aux prétentions du peuple, il déclara que sans vouloir inventer de nouvelles loix, il étoit d'avis qu'on envoyât seulement des députés à Athenes pour y recueillir celles de Solon, qu'on savoit être les plus populaires de la Grece; que ces députés prissent soin en même temps de s'instruire de la forme du gouvernement des républiques voisines, et qu'à leur retour on éliroit des commissaires qui feroient choix de celles qui paroîtroient les plus convenables à la cons titution présente de la république romaine : « Et fassent les Dieux, ajouta « ce consulaire, que ces commissaires << nous proposent des loix également fa« vorables à la liberté du peuple, et « à l'autorité du sénat! »

Cet avis fut également bien reçu des deux partis. Le sénat, auquel on ne disputoit point le droit de nommer ces ambassadeurs, étoit bien persuadé que ceux qu'il choisiroit pour faire cette re

cherche, ne rapporteroient rien qui fût contraire à ses intérêts et les tribuns, séduits par l'espérance de voir le gouvernement de Rome réformé sur celui d'une république où toute l'autorité résidoit dans l'assemblée du peuple, ne pouvoient se lasser de donner de grandes louanges à Romilius. Siccius même quoique son ennemi, déclara qu'il lui remettoit, de la part du peuple, l'amende à laquelle il avoit été condamné. Mais Romilius rejetta généreusement cette grace qui venoit d'une main ennemie. Il déclara hautement qu'il ne prétendoit point d'autre récompense que de pouvoir dire toujours son avis avec la liberté qui convenoit à un sénateur romain; et qu'à l'égard de l'amende à laquelle il avoit été condamné, comme c'étoit un bien consacré à Cérès, il croiroit faire un sacrilege de ne la pas payer. On dressa ensuite le sénatusconsulte, qui fut confirmé par le consentement unanime du peuple; et en conséquence, le sénat envoya en am

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bassade à Athenes Sp. Posthumius, A. Manlius, et P. Sulpitius Camerinus, qui furent chargés de recueillir les loix et les coutumes de cette ville et des autres républiques de la Grece. Pendant le reste de l'année, l'état fut assez tranquille. Mais l'année suivante, sous le consulat de P. Curatius et Sex. Quintilius, presque toute l'Italie fut affligée de la peste. Le premier consul, quatre tribuns du peuple, et un grand nombre de citoyens de toute condition, en moururent. Le peuple se dispersa de différens côtés. Rome, dans une si grande désolation, devint déserte, et on avoit à craindre quelque surprise de la part des Eques, des Volsques et des Sabins. Mais la contagion s'étoit répandue parmi eux avec la même fureur; une calamité commune et générale tint lieu de forces et de défense à la république.

L'année suivante commença sous de plus heureux auspices. La peste cessa sous le consulat de P. Sestius Capitolinus et de T. Menenius, et on vit ar

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river les ambassadeurs qu'on avoit en-
voyés pour recueillir les loix de la Grece.
* Les tribuns du peuple firent aussitôt
de grandes instances aux consuls pour
l'élection des commissaires ou décem-
virs qui devoient travailler à former un
corps entier de loix
pour le
gouverne-
ment de la république. Sestius n'y avoit
pas de répugnance; mais Menenius qui
regardoit tout changement dans un état
comme pernicieux, et qui peut être
n'avoit pas oublié les injures que son
pere avoit reçues des tribuns, éloigna,
autant qu'il put, cette élection. Il s'ent
dispensa d'abord sur la nécessité d'élire
auparavant les consuls pour l'année sui-
vante. Il dit que cette grande affaire
se devant traiter sous leur consulat, il
étoit bien juste qu'on ne fît rien avant
qu'ils eussent été désignés, et même
sans leur participation. Mais ce n'étoit
qu'un prétexte, et il se flattoit que l'é-

* Tit. Liv. 1. 3, cap. 32. D. Hal. 1. 10, pag. 678.

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lection des consuls suspendroit celle des décemvirs, ou du moins la concurrence qui se rencontreroit entre eux, affoibliroit l'autorité de ces nouveaux magistrats. Cependant l'empressement des tribuns fit avancer les comices. On y élut pour premier consul Appius Claudius. Ce fut le troisieme de pere en fils dans la maison Claudia, qui fut élevé à cette dignité. Tous les patriciens lui avoient donné leurs suffrages, dans l'espérance qu'il n'auroit pas moins d'attachement que ses ancêtres aux intérêts du sénat. T. Genucius fut nommé pour son collegue. Les tribuns, après cette élection, renouvellerent leurs poursuites et leurs sollicitations auprès des consuls en charge, pour les obliger à procéder à la nomination des décemvirs. Menenjus, qui ne faisoit que de fâcheux pronostics de ce changement qu'on vouloit introduire, se relégua dans sa maison, sous prétexte d'une maladie; et il aima mieux n'en point sortir que d'être obligé, s'il alloit au sénat,

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