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d'une affaire de cette conséquence, qui, de Rome intéressant tous les particuliers, ne de

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voit être décidée que dans une assemblée générale du peuple romain. Que les consuls même, comme chefs de la république, protesteroient contre tout ce qui auroit été arrêté sans leur participation; au lieu que quand ces deux souverains magistrats se trouveroient à la tête du sénat, et que tout le peuple seroit de retour, on prendroit de concert des mesures conformes au bien de l'état et au salut de la patrie. Fabius s'éleva ensuite avec beaucoup de force contre l'auteur de ces nouvelles propositions. Il dit que Terentillus se prévaloit de l'éloignement des consuls, pour attaquer la république ; que si l'année précédente, et pendant que la peste et

la

guerre désoloient la ville de Rome et son territoire, les dieux en colere eussent permis que ce tribun séditieux eût été en charge, la république n'eût jamais ра résister à de si grands fléaux, et qu'il ne falloit pas douter qu'on n'eût

vu alors Terentillus à la tête des Eques et des Volsques ruiner Rome, ou du moins changer la forme du gouvernement, quoique fondé par leurs ancêtres sur de si heureux auspices. Ensuite prenant des manieres plus adoucies, il adressa la parole aux autres tribuns, et les conjura, par le salut de la patrie, de ne rien innover jusqu'au retour des consuls.

La plupart des tribuns se rendirent à ses prieres et à des raisons si solides, et n'insisterent plus sur la premiere demande de Terentillus, qui regardoit la limitation du pouvoir des consuls. Peutêtre aussi que ce fut l'espérance de parvenir eux-mêmes un jour à la dignité du consulat, qui leur ôta le dessein d'en diminuer l'autorité. Mais ils persisterent à demander qu'on choisît dans le sénat et parmi le peuple, des personnes capables de composer un corps de loix pour établir une forme constante dans la maniere de rendre justice aux citoyens. Cependant, sur les ins

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tances de Fabius, ils consentirent à sus 291. pendre la poursuite de cette affaire, et les consuls à leur retour trouverent la ville tranquille; mais ce calme ne dura pas long-temps. Les Herniques, alors alliés du peuple romain, firent savoir que les Eques et les Volsques leurs voisins, armoient secrettement, et que la nouvelle colonie d'Antium étoit entrée dans cette ligue. Nous avons vu plus haut, que comme il ne s'étoit pas présenté un assez grand nombre de citoyens romains, pour remplir cette colonie, on y avoit suppléé par des gens ramassés de différens endroits, Latins, Herniques et Toscans; il s'y étoit même glissé des Volsques. Ces aventuriers, en plus grand nombre que les Romains, s'étoient rendus les plus puissans dans le conseil. Ils entretenoient secrettement des intelligences avec les ennemis de Rome; et quoiqu'ils ne se fussent pas encore déclarés ouvertement contre la république, on ne laissoit pas d'avoir leur fidélité pour suspecte.

Cependant le sénat qui ne vouloit pas être surpris, ordonna que les deux consuls feroient des levées incessamment: ce qui s'appelloit parmi les Romains faire le choix, parce que tous les citoyens étant soldats, les consuls, quand il survenoit une guerre, étoient en droit de choisir ceux qui leur paroissoient en état de servir. Ces deux magistrats ayant fait placer leur tribunal dans la place, citerent ceux qu'ils vouloient mener en campagne. Mais les tribuns s'y opposerent ils firent renaître les propositions de Terentillus pour l'établissement d'un corps de loix ; et Virginius, le plus emporté de ces tribuns, crioit dans la place, que cette guerre prétendue n'étoit qu'un artifice du sénat, pour tirer le peuple hors de Rome, et l'empêcher, sous ce prétexte, de donner ses suffrages au sujet d'une affaire si importante pour tous les particuliers.

Ces contestations furent très vives, et exciterent de nouveaux tumultes. On ne voyoit plus ni obéissance dans le peu

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re,

que

par

ple, ni autorité dans les consuls. Tout
se décidoit
la force; et quand ces
premiers magistrats de la république en-
treprenoient de faire arrêter un plé-
béien qui refusoit de marcher à la guer-
les tribuns l'enlevoient aussitôt aux
licteurs, et le remettoient en liberté.
Les consuls, craignant de commettre
davantage leur dignité, se retirerent de
la place; et comme les avis des Herni-
ques ne s'étoient pas trouvés vrais, et
les ennemis n'entreprenoient rien,
ils s'abstinrent pendant quelque temps
de se trouver dans ces assemblées tumul-
tueuses, dans lesquelles les plus violens
et les plus emportés avoient le plus d'au-
torité. On ne parloit au peuple que de
la nécessité où il étoit d'obliger les con-
suls à régler leurs jugemens par un corps
de loix connues et publiques. Mais le
sénat, sous prétexte de conserver d'an-
ciens usages, ne pouvoit se résoudre à
renoncer à cette maniere arbitraire de
rendre ses arrêts.

Il

y eut cette année des tremblemens

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