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dix ans, contre les mêmes ennemis,

304.

<< sous le consulat de C. Nautius et de de Rome « L. Minutius.

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« Vous savez que, pendant que

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« tius étoit opposé d'un côté aux Sabins, Minutius son collegue, se « laissa enfermer par les Eques dans «<les détroits de quelques montagnes. <<< Il étoit question de mettre sur pied <<< une nouvelle armée pour le dégager; <<< les tribuns, à leur ordinaire, s'oppo« soient à toute levée de troupes, à « moins que le sénat ne souscrivît à «<< la loi touchant le partage des terres. <<< Dans cette extrémité, comme les deux

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partis ne vouloient rien relâcher de << leurs prétentions, on eut recours à << un dictateur, dont l'autorité étoit

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supérieure au sénat et aux tribuns <<< du peuple. L. Quintius fut élu; on « le fut chercher à la campagne, il re<< vint à Rome, il en tira une nouvelle « armée, et en quatorze jours il déga<< gea celle de Minutius, et triompha « des ennemis. Qui nous empêche au

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jourd'hui de suivre un exemple si « récent et si ? Élisons actuellesage

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«ment un entre-roi, comme nous le «ferions si les deux consuls étoient <<< morts. Que ce magistrat nomme un <<< dictateur, vous aurez aussitôt un magistrat légitime; tout cela se peut faire « en moins d'un jour. Il levera des << troupes, par ce pouvoir souverain « attaché à sa dignité; on marchera à <<< l'instant aux ennemis; et au retour << de la campagne, ce magistrat, dont « le pouvoir ne peut durer que six « mois, donnera le temps, par son abdication, de procéder à loisir, et se«<lon les formes ordinaires, à l'élection « des consuls. Que si au contraire vous <<< confiez aux décemvirs le commande<< ment de vos armées, croyez-vous que « ces hommes ambitieux, qui ont usurpé un pouvoir tyrannique, et qui, « au préjudice de nos loix, refusent « si opiniâtrement de se défaire des faisceaux, mettent facilement les ar«mes bas? Craignez plutôt qu'ils ne

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« les tournent contre vous-mêmes, et

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qu'ils ne s'en servent pour perpétuer 304. « leur tyrannie. Je demande donc, vu « le péril où se trouve la liberté pu

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blique, qu'on examine la proposi«tion que je fais de nommer actuel«<lement un dictateur, qu'on prenne « là dessus les avis, et qu'on recueille « les suffrages.

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Ceux des sénateurs auxquels la puissance des décemvirs étoit odieuse et suspecte, revinrent à cet avis. Mais les partisans des décemvirs se récrierent que le commandement des armées avoit été décerné aux décemvirs par la pluralité des voix ; que c'étoit une affaire décidée, et que l'opposition de Valerius ne devoit être considérée que comme une voix de moins en faveur des décemvirs. Appius, pour appuyer ce sentiment, ajouta qu'on ne s'étoit assemblé que pour donner ordre à la guerre que les Eques et les Sabins faisoient à la république. Que C. Claudius, Cornelius et Valerius avoient ouvert des avis diffé

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rens; mais celui de Cornelius ayant 304 prévalu par le nombre des suffrages, il ordonnoit au greffier de dresser à l'instant le sénatus-consulte, qui remettoit aux décemvirs le soin de cette guerre et le commandement des armées. Puis se tournant du côté de Valerius, il lui dit, avec un souris amer, que venoit jamais au consulat, il pourroit alors faire revoir le jugement d'une affaire décidée. Les décemvirs se leverent, après avoir signé le sénatus-consulte, et ils sortirent du sénat, suivis de leurs partisans, qui les félicitoient de l'avantage qu'ils venoient de remporter sur le parti opposé.

Le commandement des armées, qu'on venoit de leur déférer, assuroit leur autorité, et la rendoit encore plus redoutable. Ils s'en servirent pour se venger de leurs ennemis particuliers, et ils comptoient au nombre de leurs ennemis ceux qui ne se rendoient pas leurs esclaves. Tout le monde déploroit en secret la perte de la liberté. L. Va

lérius et M. Horatius, qui ne vouloient, ni manquer à la république, ni se manquer à eux-mêmes, assemblerent dans leurs maisons un grand nombre de leurs amis et de leurs cliens, pour s'en faire un secours contre la violence des décemvirs; et ils ne paroissoient plus dans la ville qu'avec une puissante escorte, et en état de repousser l'insulte qu'ils avoient lieu d'appréhender. La république étoit divisée en deux partis : on voyoit d'un côté un grand zele pour la liberté et un attachement inviolable aux loix. Il paroissoit dans l'autre parti un desir immodéré de dominer, soutenu de la magistrature, et des apparences de l'autorité légitime. L'animosité qui régnoit dans ces deux partis, faisoit appréhender une guerre civile. C. Claudius, oncle du décemvir Appius Claudius, de peur de s'y trouver engagé, sortit de Rome, comme il l'avoit déclaré en plein sénat, et se retira à Régille son ancienne patrie. D'autres sénateurs, et les principaux citoyens

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