Imágenes de páginas
PDF
EPUB

An

odieux aux patriciens, et aucun de ces de Rome deux corps ne pensoit être libre s'il n'avoit abaissé l'autre.

307.

Les Eques et les Volsques, instruits de ces dissensions domestiques, et voulant en profiter, prirent les armes. Les deux consuls, de leur côté, se disposerent à faire des levées. Mais le peuple, séduit par des tribuns séditieux, refusa de se faire enrôler. Les ennemis ne trouvant point d'obstacle à leurs irruptions, ravagerent la campagne, et ils porterent leur audace jusqu'à venir enlever des troupeaux qui paissoient auprès de la porte Esquiline.

Les deux consuls, encore plus irrités de la désobéissance du peuple que de la hardiesse des ennemis, convoquerent une assemblée générale. Quintius, personnage illustre par plusieurs victoires, révéré pour la pureté de ses mœurs et la sagesse de ses conseils, et qui avoit été honoré de quatre consulats, prit la parole, et reprocha courageusement au sénat et au peuple, que leurs dis

sensions éternelles causeroient enfin la

An

307.

ruine entiere de la république. Que le de Rome sénat, présumant trop de sa dignité et de ses richesses, ne vouloit point mettre de bornes à son autorité, ni le peuple à une licence effrénée, qu'il couvroit du nom de liberté; et que l'un et l'autre ne se défendoit des injures qu'il prétendoit avoir reçues, que par de plus grands outrages : « Il semble, continua «< ce grand homme, que Rome renferme « dans ses murailles deux nations dif« férentes qui se disputent la domina«tion. Quand verra-t-on la fin de notre <<< discorde? Quand nous sera-t-il permis « d'avoir un même intérêt et une patrie <<< commune? Les ennemis sont à nos

[ocr errors]

<<< portes; les Esquilies ont été à la veille « d'être surprises, et personne ne s'est présenté pour s'y opposer. On voit, du haut de nos murailles, ravager « la campagne, et les maisons embrâ«sées fumer de tous côtés : et on voit « tout cela avec une honteuse indiffé<<rence, et peut-être avec une secrette

[graphic]

An

de Rome

307.

[ocr errors]

joie, quand le dommage tombe sur « le parti contraire. Qu'avez-vous dans << la ville qui soit capable de réparer « de pareilles pertes? Le sénat voit, à « la vérité, à sa tête des consuls « les premiers magistrats de la répu«blique; mais ces consuls, sans forces. << et sans autorité, gémissent de l'insen« sibilité du peuple pour la gloire de << sa patrie. Ce peuple, de son côté, a << des tribuns; mais ces tribuns, avec << toutes leurs harangues, lui rendront«< ils jamais ce qu'il a perdu ? Éteignez,

[ocr errors]

Romains, ces fatales divisions. Rom<< pez généreusement ce charme fu<< neste, qui vous tient ensevelis dans <<< une indigne oisiveté. Ouvrez les yeux « sur la conduite de gens ambitieux, qui, pour se rendre considérables << dans leur parti, n'ont pour objet que « d'entretenir la division dans la répu

сс

[ocr errors]

blique. Et, si vous pouvez vous sou« venir encore de votre ancienne va«<leur, sortez de Rome à la suite de « vos consuls, et je dévoue ma tête aux

plus cruels supplices, si, avant qu'il

An

307.

<<< soit peu de jours, je ne mets en fuite de Rome << ceux qui pillent vos terres, et si je << ne transporte la guerre jusques dans « le sein de leur patrie. »

pas

:

Jamais, dit Tite-Live, les discours flatteurs d'un tribun ne furent plus agréables au peuple que les reproches séveres de ce généreux consul. Le sénat n'en fut moins touché les plus sages de ce corps avouoient que ceux qui l'avoient précédé dans cette dignité, ou avoient maltraité le peuple, pour se rendre agréables au sénat, ou avoient trahi les intérêts de leur compagnie, pour flatter le peuple; mais que T. Quintius paroissoit n'avoir d'autre objet que l'union de tous les ordres, et la majesté du nom romain.

Les consuls et les tribuns, le sénat et le peuple, concoururent unanimement à prendre les armes. Ce fut à qui feroit paroître plus d'ardeur. Toute la

* Dec. 1, 1. 3, c. 69.

An

jeunesse se présenta en foule pour se de Rome faire enrôler. Les levées furent bientôt

[graphic]

307.

faites chaque cohorte choisit ses officiers, et on mit à leur tête deux sénateurs; et tout cela se fit avec tant d'empressement et de diligence, que le même jour on tira les enseignes du trésor, et l'armée fit encore dix milles de chemin. Les consuls rencontrerent et surprirent le lendemain les ennemis. Le combat ne laissa pas d'être sanglant; les Eques et les Volsques se battirent avec beaucoup de valeur; l'aile gauche des Romains plia. Furius Agrippa, qui étoit à la tête de ce corps, s'appercevant que l'ardeur de ses soldats se ralentissoit, arracha une enseigne des mains de l'officier qui la portoit, et la jetta au milieu d'une cohorte des ennemis. Les Romains se précipiterent, pour la retirer, et l'effort qu'ils firent, mit en désordre les ennemis, et donna le commencement à la victoire. Quintius n'avoit pas eu moins d'avantage que son collegue. Les Eques et les Volsques,

[graphic]
« AnteriorContinuar »