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miers avis étant ordinairement d'un

grand poids, et l'usage étant les que « consuls demandent d'abord celui des

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plus anciens sénateurs, comme vous << ne les croyez pas favorables au peuple, nous changerons aujourd'hui cet « ordre, et nous commencerons par Valerius et Horatius à recueillir les « voix. » Puis s'adressant à Valerius, il l'invita de déclarer son sentiment. 30 Valerius commença par s'étendre beaucoup sur les services qu'il avoit rendus au peuple, et sur ceux de sa famille. Il ajouta qu'il ne croyoit point qu'on pût regarder comme libre un état dont tous les citoyens ne vivoient pas dans une parfaite égalité. Il conclut à ce que les plébéiens ne fussent plus exclus du consulat; mais il exhorta en même temps les tribuns du peuple de lever l'opposition qu'ils avoient formée contre l'armement que vouloient faire les consuls, pourvu que ces magistrats s'engageassent à la fin de la campagne de faire procéder à la publication des

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loix. Horatius, auquel on demanda ensuite son sentiment, opina à peu près de la même maniere et il fut d'avis qu'on marchât premièrement aux ennemis; mais, qu'après que la guerre auroit été heureusement terminée, les consuls, avant toute chose, portassent dans l'assemblée du peuple le sénatusconsulte nécessaire pour pouvoir délibérer sur une affaire aussi importante. Cet avis excita de grands murmures dans l'assemblée. Les sénateurs ne pouvoient consentir de voir des plébéiens dans le consulat, croyoient gagner beaucoup en éloignant la délibération. Ceux, au contraire, qui étoient dans le parti du peuple, ne pouvoient souffrir ce retardement, et ils soutenoient qu'au moins le sénatus-consulte. devoit être signé avant de se séparer.

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Les consuls demanderent ensuite l'avis à C. Claudius, qui, selon qu'ils avoient concerté entre eux, parla avec beaucoup de courage et de force contre ces nouvelles prétentions du peuple. Il rap

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pella le souvenir de toutes les entreprises différentes qu'il avoit faites contre l'autorité du sénat, depuis sa retraite sur le mont sacré. « Ce peuple inquiet et <<< inconstant, dit-il, a voulu avoir ses « magistrats particuliers; et pour le « bien de la paix, nous lui ayons ac« cordé des tribuns. Il a demandé depuis des décemvirs, et nous avons <<< encore consenti à leur création. IL << s'est bientôt dégoûté de ces magis<< trats, et par complaisance nous avons « souscrit à leur déposition. Nous avons « fait plus, et nous avons dissimulé << encore, pour le bien de la paix, la « mort violente des uns, et l'exil des « autres. Enfin, dans ces derniers temps, «< nous avons vu deux de nos consuls, plus populaires que des tribuns, sacrifier les intérêts de leur ordre à « l'ambition du peuple. De chefs de la république, et de dépositaires de l'au<torité souveraine, ne voyant que les « dieux et les consuls au dessus de « nous, on nous a réduits sous la ty

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«< rannie des tribuns. Nos conseils, nos
délibérations, nos vies mêmes et nos
fortunes particulieres en dépendent,
«et ces magistrats plébéiens en décident
<< souverainement dans ces assemblées
tumultueuses, où la passion et la
fureur ont plus de part que la raison
et la justice. On ne s'en est pas tenu
« là: C. Canuleius veut unir aujour-
& d'hui, par un mélange honteux, le
sang illustre de la noblesse avec ce-
« lui des plébéiens. S'il vient à bout de
<< son entreprise, ceux qui naîtront de
«ces mariages si contraires à nos loix,

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toujours en dispute avec eux-mêmes, « ignoreront de quelles maisons ils sont « sortis, à quels sacrifices ils doivent << avoir part, et s'ils sont peuple ou patriciens. Et comme si ce n'étoit pas <<< assez de confondre l'ordre de la nais<<< sance et de ruiner tous les droits << divins et humains, les collegues de Canuleius, les tribuns, ces pertur<< bateurs du repos public, osent lever «les yeux jusqu'au consulat. Nous som

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«mes à la veille de voir cette grande An dignité en proie à des Canuleius et « à des Icilius. Mais qu'ils sachent, ces <<< hommes nouveaux, ajouta Claudius, « que les dieux protecteurs de cet empire, ne le permettront point, et que « nous-mêmes mourrons plutôt mille «fois que de souffrir une pareille in<<< famie. »

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Canuleius, naturellement impatient, l'interrompit, et lui demanda brusquement en quoi les dieux seroient offensés, si on élisoit pour consuls des plébéiens qui eussent toutes les qualités dignes du commandement. * « Pouvez« vous ignorer, lui répondit Claudius « que les plébéiens n'ont point d'auspices, et qu'ils ne les peuvent obser« ver? Ne savez-vous pas que c'est une « des raisons qui a engagé les décem« virs à proscrire, par les loix des << douze tables, toute alliance inégale, «afin que les auspices ne pussent être

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* Tit. Liv. 1. 4, c. 6.

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