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de Rome 308.

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pris que par des patriciens, dont la «<< naissance fût pure et sans mélange; << en sorte que la prêtrise et le consulat << sont également renfermés dans cet <<< ordre ? >>

Cette réponse étoit solide, et fondée sur l'établissement de la religion et des loix. Mais elle ne servit qu'à irriter le peuple contre Claudius, comme si ce sénateur, par de semblables raisons eût voulu lui reprocher qu'il étoit peu agréable aux dieux, et indigne, par la bassesse de sa naissance, d'être initié dans leurs mysteres.

Les consuls, pour arrêter l'aigreur qui commençoit à s'emparer des esprits, demanderent l'avis de T. Genucius, frere d'un de ces magistrats. Ce sénateur représenta qu'il voyoit avec douleur la république affligée en même temps de deux fléaux capables de la détruire, la guerre étrangere au dehors, et des dissensions domestiques au dedans de l'état que l'un et l'autre de ces maux exigeoit un prompt remede,

mais d'autant plus difficile, que le mé-
contentement du peuple entretenoit
l'audace des ennemis. Cependant qu'il
falloit prendre son parti, et se résoudre,
ou à souffrir l'insulte des Eques et des
Volsques, ou, si on vouloit sortir en
campagne, donner quelque satisfaction
au peuple. Que son avis étoit de relâ-
cher plutôt en sa faveur quelque chose
des privileges de la noblesse
que d'a-
bandonner le territoire de Rome au
pillage de l'étranger. Et il conclut
suivant qu'il en étoit convenu secret-
tement avec les consuls et avec Clau-
dius, à ce que la loi qui interdisoit
toute alliance entre les familles patri-
ciennes et les plébéiennes, fût abolie
comme contraire à l'union qui devoit
être entre les citoyens d'une même ré-
publique. Il ajouta que si les anciens
sénateurs avoient tant de répugnance
à voir la dignité consulaire entre les
mains des plébéiens, on pouvoit trou-
ver un tempérament qui contenteroit
peut-être les deux partis. Qu'il n'y avoit

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qu'à suspendre, pour un temps, l'élecde Rome tion et le titre de cette dignité, et créer

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en la place des consuls, six tribuns
militaires, qui auroient les mêmes fonc-
tions et la même autorité, dont les trois
premiers seroient toujours patriciens,
et les trois autres pourroient être plé-
béiens. Que l'année suivante, le sénat
et le peuple décideroient, à la pluralité
des voix, dans une assemblée générale,
par quels magistrats ils voudroient être
gouvernés, et si on en reviendroit aux
consuls, suivant l'ancien usage, *
si on continueroit d'élire les tribuns
militaires, ce qui seroit observé à l'a-
venir dans tous les comices.

ou

Cet avis passa à la pluralité des voix, malgré l'opposition apparente de Claudius. T. Genucius en reçut même également des louanges de la part du sénat et du peuple. Les sénateurs se savoient bon gré d'avoir exclu les plébéiens d'une

* Tit. Liv. 1. 4, cap. 6. D. Hal. 1. 11, pag. 735. Zonaras.

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dignité qu'ils espéroient faire revivre, avec tous ses privileges, dans des temps 38. plus heureux; et le peuple, sans s'embarrasser d'un vain nom, ne pouvoit contenir sa joie de se voir enfin admis dans le gouvernement de la république, sous quelque titre que ce fût. La plupart s'écrioient qu'ils ne refuseroient plus de marcher contre les ennemis; qu'ils s'exposeroient volontiers aux dangers, puisqu'ils devoient avoir part aux récompenses.

On tint quelques jours après une assemblée pour l'élection de ces nouveaux magistrats. D'anciens tribuns du peuple, et les principaux plébéiens se flattant d'emporter ces dignités, parurent dans la place, vêtus de blanc, pour être mieux remarqués; mais le peuple, content d'avoir obtenu le droit de concourir dans ces élections, donna tous ses suffrages à des patriciens. * On n'élut même que trois tribuns militaires,

* D. Hal. l. 11, pag. 736.

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et le choix de l'assemblée tomba sur A. Sempronius Atratinus, L. Attilius Longus, et T. Cecilius ou Clœlius Siculus, tous trois patriciens, et distingués par leur valeur et leur capacité dans le métier de la guerre.

Mais ces trois magistrats furent obligés de se déposer eux-mêmes trois mois après leur élection, sur ce que C. Curtius, qui y avoit présidé, représenta que les cérémonies des auspices, qui précédoient toujours l'élection des magistratures curules, n'avoient pas été observées exactement. Les Romains étoient très scrupuleux sur les moindres circonstances qui avoient la religion pour objet; mais peut-être que les patriciens ne firent naître ce scrupule, que pour rétablir la dignité consulaire. En effet, les tribuns militaires n'eurent pas plutôt abdiqué leur nouvelle dignité, qu'on nomma un entreroi *, afin que la république ne demeu

T. Quintius Barbatus..

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