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injustes, ayant prétendu que le choix de Rome de la moitié de ces magistrats ne pou voit jamais tomber que sur des plébéiens, le sénat, plutôt que de se soumettre à la nécessité qu'on vouloit lui imposer fit échouer le projet des consuls. Les tribuns, pour se venger, renouvellerent la proposition du partage des terres, la ressource perpétuelle de ces magistrats séditieux. Après s'être déchaînés avec beaucoup de fureur contre le sénat, ils déclarerent qu'ils ne consentiroient point à l'élection de nouveaux consuls s'il n'étoit permis au peuple, dans l'élection des questeurs, de donner sa voix indifféremment à des plébéiens, comme à des patriciens. Le sénat rejetta avec fermeté cette condition; et l'opiniâtreté des deux partis, à ne se point relâcher de leurs prétentions, fut cause que la république tomba dans une espece d'anarchie. On fut obligé d'avoir recours plusieurs fois à un entre - roi, dignité qui ne duroit que cinq jours. Souvent même les tribuns s'opposoient

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à son élection, de peur qu'il ne nommât lui-même des consuls. Enfin L. Papirius Mugillanus étant entre - roi, ménagea les esprits avec tant d'adresse qu'il obtint des deux partis qu'on éliroit des tribuns militaires à la place des consuls, et que, dans l'élection des quatre questeurs, comme dans celle des tribuns militaires, il seroit libre au peuple de donner indifféremment ses suffrages à des plébéiens ou à des patriciens.

On tint d'abord l'assemblée pour l'élection des tribuns militaires; et malgré les brigues et les cabales des tribuns du

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peuple, on n'élut que quatre patriciens, L. Quintius Cincinnatus, L. Furius Medullinus, M. Manlius et A. Sempronius Atratinus, cousin du consul de ce nom on chargea ce dernier de présider à l'élection des questeurs. Antistius, tribun du peuple, et Pompilius, un de ses collegues, mirent sur

* Tit. Liv. 1. 4, c. 44.

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les rangs, l'un son fils, et l'autre son de Rome frere, et demanderent la questure en

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leur faveur. Mais malgré toutes leurs brigues, les patriciens seuls emporterent cette dignité; et le peuple, quoique animé par leurs harangues séditieuses, n'eut pas la force de la refuser à des personnes, dont les peres et les ancêtres avoient été honorés du consulat. Les deux tribuns du peuple, furieux de cette préférence et de la honte du refus, s'écrierent qu'il n'étoit pas possible que le peuple eût eu si peu d'égard à la priere et à la recommandation de ses propres magistrats; qu'il y avoit eu infailliblement de la supercherie dans le scrutin, et qu'il en falloit faire rendre compte à A. Sempronius, qui avoit compté les suffages. Mais, comme c'étoit un homme d'une probité avérée, et que son innocence, et la dignité dont il étoit actuellement revêtu, mettoient hors d'atteinte, ils tournerent toute leur indignation contre C. Sempronius son parent, dont nous venons de parler.

Ils firent revivre l'affaire de la derniere bataille, dont Hortensius, à la priere de Tempanius, s'étoit désisté, et il fut condamné, à leur sollicitation, et par la poursuite de Canuleius, autre tribun du peuple, à une amende de quinze mille sous. Leur fureur ne se borna pas à la honte qu'ils vouloient attacher au corps du sénat par cette condamnation d'un consulaire. Ils remplirent de nouveau la ville de troubles et de divi- de Rome sions, tantôt en empêchant l'élection des consuls, ou en faisant revivre d'anciennes prétentions, qui étoient autant de semences de nouvelles séditions.

Quelque temps après, Sp. Mecilius tribun du peuple pour la quatrieme fois, et Metilius, autre tribun du peuple pour la troisieme, voulant se perpétuer dans le tribunat, et s'en faire une espece d'empire et de domination perpétuelle, renouvellerent la proposition du partage des terres conquises sur les voisins et les ennemis de Rome. C'étoit l'appât ordinaire dont les tribuns les

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plus séditieux leuroient le peuple. Rome, comme nous l'avons déja dit, bâtie sur un fonds étranger, et qui dépendoit originairement de la ville d'Albe, n'avoit presque point de territoire, qui n'eût été conquis l'épée à la main. Les patriciens, et ceux qui avoient eu le plus de part au gouvernement, sous prétexte d'en prendre quelques cantons à cens et à rente, s'étoient approprié le reste, et ce qui étoit le plus à leur bienséance, et ils s'en étoient fait une espece de patrimoine. Une longue prescription avoit couvert ces usurpations, et il eût été bien difficile de demêler les anciennes bornes qui séparoient ce qui appartenoit au public, du domaine qu'on avoit fieffé à chaque particulier. Cependant les tribuns prétendoient dé335. posséder de ces fonds les anciens propriétaires, et qui avoient même élevé des bâtimens sur ces terres. Une recherche si odieuse consternoit les premieres maisons de la république. Le sénat s'assembla plusieurs fois pour trouver les

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de Rome

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