An et qui remplirent à la fin la ville d'inde Rome quiétude, de trouble et de défiance. 293. : Les tribuns, voyant les esprits prévenus, et dans cette agitation si propre à recevoir la premiere impression, se firent rendre une lettre en public. Ils étoient dans leur tribunal, * lorsqu'un inconnu la leur présenta devant tout le peuple puis il se perdit à l'instant dans la foule. Les tribuns lisoient ensemble et tout bas cette lettre qu'ils avoient eux-mêmes concertée et en lisant ils affectoient un air d'étonnement et de surprise, pour exciter la curiosité et l'inquiétude du peuple. Ils se leverent ensuite, et ayant fait faire silence par un héraut, Virginius adressant la parole à l'assemblée : « Le peu«ple romain, dit-il d'un air consterné, « est menacé de la plus grande cala«mité qui lui puisse arriver; et si les <<< dieux, protecteurs de l'innocence, « n'eussent découvert les méchans des * D. Hal. l. 10. <<< seins de nos ennemis, nous étions An <<< tous perdus. » 293. Il ajouta qu'il falloit de Rome que les consuls en fussent instruits, et qu'il leur rendroit compte ensuite de ce qui auroit été résolu dans le sénat. Pendant que ces magistrats vont trouver les consuls, leurs émissaires, répandus dans l'assemblée, publioient, de concert avec eux différens bruits qui n'avoient pour objet que de rendre les patriciens plus odieux à la multitude. Les uns disoient en général, qu'il y avoit long-temps qu'on se doutoit bien qu'il se tramoit de mauvais desseins contre la liberté du peuple; d'autres comme mieux instruits, assuroient que les Eques et les Volsques, de concert avec les patriciens, devoient mettre Ceson à leur tête, comme un autre Coriolan, et que soutenu de leurs forces, il devoit rentrer dans Rome pour se venger de ses ennemis, abolir le tribunat, et rétablir le gouvernement sur ses anciens fondemens, et qu'on rendroit ensuite aux Eques et aux Vols cours, ques, en reconnoissance de leurs se- Les tribuns étant arrivés au sénat, сс « liberté du peuple; mais comme ils « étoient sans auteur, nous les avons regardés comme de vains discours <<< enfantés par la peur et l'oisiveté. Depuis ce temps là des avis mieux « circonstanciés nous sont venus; mais « comme ils étoient encore sans nom « d'auteur, nous n'avions pas cru que « cela méritât de vous être rapporté. Cependant, pour ne rien négliger « dans une affaire de cette conséquen«ce, nous avions fait secrettement des perquisitions, et il nous étoit revenu «assez d'indices d'une conspiration, « mais sans en avoir encore pu décou« vrir l'objet, le chef et les complices. « Il n'y a pas deux heures que nous « avons enfin percé cet affreux mys« tere. Une lettre que nous venons de « recevoir dans notre tribunal, nous сс apprend qu'il y a une conjuration, « et nous découvre le dessein des conjurés. Les premiers indices qu'on avoit « découverts, se trouvent conformes à << la lettre d'avis. Dans un péril si immi сс An de Rome 203. An de Rome 293. « nent, où le temps qu'on emploieroit « à délibérer sur la punition du crime сс Sachez, peres conscripts, que nous <«<< avons reçu une lettre, dans laquelle « on nous avertit que des personnes distinguées par leur naissance et leur dignité, que des sénateurs et des « chevaliers, que le temps ne nous per<< met pas de nommer, ont résolu d'a« bolir absolument le tribunat, tous les « droits et tous les privileges du peuple que pour faire réussir des des<< seins si détestables, ils sont convenus <<< que Quintius Ceson, à la tête d'un « corps d'Eques et de Volsques, s'approcheroit, secrettement et de nuit, « d'une des portes de Rome, que ses complices lui tiendroient ouverte; qu'on « l'introduiroit sans bruit dans la ville, сс Сс |