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« vous ayez à soutenir, est celle que « le sénat fait depuis si long-temps « au peuple romain. »

Le sénat, voyant tant d'éloignement dans l'esprit du peuple pour la guerre des Véiens, jugea à propos d'attendre une conjoncture plus favorable pour regagner la confiance de la multitude, et prévenir les plaintes qu'on faisoit contre la longueur des guerres. Il résolut de pourvoir à la subsistance du soldat, de maniere qu'il n'en eût aucune obligation aux tribuns. Tous les citoyens romains jusqu'alors avoient été à la guerre à leurs dépens: il falloit que chacun tirât de son petit héritage de quoi subsister, tant en campagne que pendant le quartier d'hiver; et souvent, quand la campagne duroit trop long-temps, les terres, sur-tout celles des pauvres plébéiens, demeuroient en friche. De là étoient venus les emprunts, les usures multipliées par les intérêts et ensuite les plaintes et les séditions du peuple. Le sénat, pour prévenir ces

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désordres, ordonna de lui-même, et sans qu'il en fût sollicité par les tribuns, que dans la suite les soldats seroient payés des deniers du public, et que, pour fournir à cette dépense, il se feroit une nouvelle imposition dont aucun citoyen ne seroit exempt.

*

Aux premieres nouvelles de ce sénatus-consulte, le peuple fut transporté de joie il accourut de tous côtés aux portes du palais. Les uns baisoient les mains des sénateurs, d'autres les appelloient tout haut les peres du peuple, et tous protestoient qu'ils étoient prêts à répandre jusqu'à la derniere goutte de leur sang pour la patrie, qu'ils regardoient comme une mere libérale et généreuse envers ses enfans.

Dans cette joie universelle, les tribuns du peuple se firent remarquer par un chagrin sombre et plein d'envie. Là réunion de tous les ordres les empêchoit de se faire valoir. Comme ils ne bril

Tit. Liv. lib. 4, cap. 6o. Diod. 1. 4.

loient jamais davantage que dans les divisions de l'état, ils publioient que le sénat faisoit des largesses à bon marché; que le peuple étoit bien aveugle, s'il ne s'appercevoit pas qu'il paieroit lui-même sa propre solde; qu'il n'étoit pas même juste que ceux, qui jusqu'alors avoient fait la guerre à leurs dé pens, et qui avoient achevé le temps de leur service, fussent taxés pour fournir la solde des nouveaux soldats qui leur succéderoient dans les armées; que pour eux ils étoient bien résolus de ne payer jamais cette nouvelle imposition; et qu'ils offroient leur ministere et tout le pouvoir que leur donnoit leur char-, ge, pour défendre ceux qui voudroient s'en exempter.

Ils se flattoient, à la faveur du pouvoir qu'ils avoient sur l'esprit du peuple, de l'obliger à rejetter cette gratification, qui ne leur étoit odieuse que parce qu'elle venoit du sénat. Mais un intérêt sûr et présent, et sur-tout l'exemple des premiers de Rome, qui payerent

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sur-le-champ leur contingent, l'emporterent sur toutes les harangues séditieuses des tribuns. Le sénatus-consulte fut approuvé par un plébiscite et par le consentement général du peuple. Chacun courut avec empressement payer un léger tribut proportionné à ses biens, dont il lui devoit revenir un avantage considérable. Comme il y avoit alors peu de monnoie frappée, on voyoit tous les jours des chariots chargés de cuivre porter à l'épargne la contribution des particuliers, que les trésoriers prenoient au poids et à la livre.

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TABLE

DES MATIERE S.

A

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AGRIPPA (Furius), consul, jette une enseigne au milieu des ennemis; et par ce stratagême il ranime le courage de ses soldats, 1. 6, p. 242. APPIUS CLAUDIUS, troisieme de ce nom de pere en fils, ayant été désigné consul, abdique le consulat et est fait chef des décemvirs, 1. 5 p. 124. Il se nomme lui-même pour premier décemvir à la seconde élection, et le peuple lui donne son suffrage, p. 136. Il songe à rendre le décemvirat perpétuel, p. 138 et suiv. La dureté de sa domination; son orgueil, p. 139 et suiv. Ses injustices, p. 169 et suiv. Sa passion pour Virginie lui inspire une fourberie détestable, p. 182 et suiv. On l'oblige, aussi bien que les autres décemvirs, à se démettre du décemvirat, p. 208. Il est poursuivi par Virginius, p. 216 et suiv. Sa mort, p. 220.

C

CAPITOLE; surpris par Herdonius, et repris par les Romains, 1. 4, p. 40 et suiv.

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