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DES

RÉVOLUTIONS

ARRIVÉES DANS LE GOUVERNEMENT

DE LA

RÉPUBLIQUE ROMAINE.

LIVRE PREMIER.

Romulus, fondateur et premier roi de Rome, est en même temps le chef de la religion, et établit différentes lois avec le consentement de ses sujets. Il fait faire le dénombrement de tous les citoyens qu'il partage en trois tribus. Chaque tribu est ensuite divisée en dix curies ou compagnies. Établissement du sénat et de l'ordre des chevaliers. Ce que c'étoient que les plébéiens. Les Sabins, après une guerre fort animée, font une alliance très étroite avec les Romains, et vivent sous les mêmes lois. Mort de Romulus. Numa lui succède. Il se sert de la religion pour adoucir les mœurs farouches des habitants de la ville de Rome. Combat des Horaces et des Curiaces sous Tullus Hostilius. Albe ruinée. Ses habitants transférés à Rome. Ancus Marcius établit des cérémonies qui devoient précéder les décla

rations de guerre. Il défait les Latins, et réunit leur territoire à celui de Rome. Tarquin l'Ancien est élu roi par les suffrages des principaux d'entre le peuple qu'il avoit gagnés. Il met au nombre des sénateurs cent de ses créatures. Institution du cens sous Servius Tullius. Ce prince est assassiné par Tarquin le Superbe, qui s'empare de la royauté sans le consentement du peuple ni du sénat. Son ambition et sa cruauté excitent un mécontentement général, que l'impudicité de Sextus Tarquin son fils, et la mort de Lucrèce, font éclater. Révolte générale. Les Tarquins sont chassés, et la royauté est proscrite. L'état républicain succède au monarchique. On élit deux magistrats annuels, à qui on donne le nom de consuls. La division qui survient bientôt après entre le peuple et le sénat oblige de créer une nouvelle magistrature supérieure au consulat, je veux dire la dictature. Les brouilleries cessent pour quelque temps; mais ensuite elles se renouvellent, et vont si loin que la plus grande partie du peuple abandonne la ville et se retire sur le Mont Sacré. Pour le faire rentrer dans Rome il fallut lui accorder l'abolition de toutes les dettes, et consentir à la création des tribuns du peuple.

Un prince d'une naissance incertaine', nourri par une femme prostituée, élevé par des bergers et depuis devenu chef de brigands, jeta les premiers fondements de la capitale du monde. Il la

Environ la 3201 du monde; environ la quatrième de la sixième olympiade, et la 713 avant la naissance de J.C.

consacra au dieu de la guerre, dont il vouloit qu'on le crût sorti, et il y admit pour habitants des gens de toutes conditions, et venus de différents endroits, Grecs, Latins, Albains et Toscans, la plupart pâtres et bandits, mais tous d'une valeur déterminée. Un asile qu'il ouvrit en faveur des esclaves et des fugitifs y en attira un grand nombre, qu'il augmenta depuis des prisonniers de guerre; et il sut de ses ennemis en faire ses premiers citoyens.

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Rome, dans son origine, étoit moins une ville qu'un camp de soldats, rempli de cabanes et entouré de foibles murailles, sans lois civiles, sans magistrats, et qui servoit seulement d'asile à des aventuriers, la plupart sans femmes et sans enfants, que l'impunité ou le desir de faire du butin avoit réunis. Ce fut d'une retraite de voleurs que sortirent les conquérants de l'uni

vers.

A peine cette ville naissante fut-elle élevée audessus de ses fondements, que ses premiers habitants se pressèrent de donner quelque forme au gouvernement. Leur principal objet fut de concilier la liberté avec l'empire; et pour y parvenir ils établirent une espèce de monarchie mixte, et partagèrent la souveraine puissance entre le chef

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ou le prince de la nation, un sénat qui lui devoit servir de conseil, et l'assemblée du peuple. Romulus, ' le fondateur de Rome, en fut élu pour le premier roi; il fut reconnu en même temps pour le chef de la religion, le souverain magistrat de la ville, et le général né de l'état. Il prit, outre un grand nombre de gardes, douze licteurs, espèce d'huissiers qui l'accompagnoient quand il paroissoit en public. Chaque licteur étoit armé d'une hache d'armes, environnée de faisceaux de verges, pour désigner le droit de glaive, symbole de la souveraineté. Mais, sous cet appareil de la royauté, son pouvoir ne laissoit pas d'être resserré dans des bornes fort étroites, et il n'avoit guère d'autre autorité que celle de convoquer le sénat et les assemblées du peuple ; d'y proposer les affaires; de marcher à la tête de l'armée quand la guerre avoit été résolue par un décret public, et d'ordonner de l'emploi des finances, qui étoient sous la garde de deux trésoriers qu'on appela depuis Questeurs.

Les premiers soins du nouveau princé furent d'établir différentes lois par rapport à la religion et au gouvernement civil; toutes également nécessaires pour entretenir la société entre les hom

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Dionys. Halic. 1. II, p. 81, edit. Francof. an. 1586. 'Tit. Liv. Dec. I, lib, I, c. 8. Dionys. Halic. lib. II. Plut. in Romulo.

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més, mais qui ne furent cependant publiées qu'avec le consentement de tout le peuple romain. On ne sait pas bien quelle étoit la forme du culte de ces temps si éloignés; on voit seulement par l'histoire que la religion des premiers Romains avoit beaucoup de rapport avec leur origine. Ils célébroient la fête de la déesse Palès; une des divinités tutélaires des bergers. Pan, dieu des forêts, avoit aussi ses autels; il étoit révéré dans les fêtes Lupercales ou des Louves: on lui sacrifioit un chien. ' Plutarque nous parle d'un dieu Consus qui présidoit aux conseils ; il n'avoit pour temple qu'une grotte pratiquée sous terre. On a donné depuis un air de mystère à ce qui n'étoit peut-être alors qu'un pur effet du hasard ou de la nécessité; et on nous a débité que ce temple n'avoit été ménagé sous terre, que pour apprendre aux hommes que les délibérations des conseils devoient être secrètes.

Mais la principale religion de ces temps grossiers consistoit dans les augures et dans les aruspices, c'est-à-dire dans les pronostics qu'on tiroit du vol des oiseaux, ou des entrailles des bêtes. Les prêtres et les sacrificateurs faisoient croire au peuple qu'ils y lisoient distinctement les destinées des hommes. Cette pieuse fraude, qui ne

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