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rale de fon imitation : il peint des Heros ; Ulyffe a toujours perfuadé & jamais révolté. Je conviens que l'expreffion du visage de ce Prince adroit & fin, est la plus difficile à rendre par le deffein comme fon caractere a été le plus délicat à traiter par le récit.

Il est encore néceffaire de recommander aux Artistes de ne point s'écarter du goût antique & du Costume pour les différens ordres d'architecture qu'ils feront obligés d'employer dans ce nombre de Tableaux. Les Palais doivent être plus ou moins ornés, plus ou moins magnifiques, felon l'opulence & la grandeur des Princes qui les habitoient: mais ce qui mérite le plus d'attention, c'est la maniere dont on doit traiter les Temples; l'architecture doit participer du caractere des Dieux auxquels ils font destinés. Il feroit ridicule d'employer, par exemple, l'ordre Corinthien pour un

Temple de Mars, d'Hercule ou de Minerve, & le dorique pour Vénus ou pour la Déeffe Flore; ce font-là de ces contre-fens fur lefquels un homme de génie n'a pas besoin d'être averti. Les Grecs n'ont jamais fait de pareilles fautes, & ils doivent ici nous fervir de guides. Vitruve nous apprend quel étoit leur ufage à cet égard; çe paffage utile aux Artistes mérite d'être rapporté en entier: je me fervirai de la traduction de M. Perrault.

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» On employoit en Grece les ordres » d'Architectures pour les Temples con» formément aux Divinités auxquelles » ils étoient confacrés ; le dorique étoit » destiné à Minerve, à Mars, à Hercu» le, pour rappeller dès l'abord la févé» rité de ces Dieux éloignés des délices; » le Corinthien étoit employé pour Vé» nus, Flore, Proferpine, & les Nymphes des fontaines, les fleurs, les vo

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OBSERV. SUR LE COST.

» lutes, les feuilles convenant à la tendreffe de ces Déeffes. L'Ionique étoit pratiqué pour Junon, Diane, le pere » Liber, & autres du même goût.

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* Voyez pour les Haches anciennes, & principalemen pour le Pélécus, Odyffée, Liv. XXI. Tabl. III.

TABLEAUX

V.LS

TABLE AUX

TIRÉS

DE LILIA DE.

LIVRE PREMIER,

D

I. TABLE A U.

ANS la fuppofition de peindre tous les fujets de l'Iliade, on ne pourroit s'empêcher de représenter l'invocation de ce Poeme; elle prépare nonfeulement au fujet, mais elle en donne l'explication. Voici les paroles d'Homere, felon la traduction de M. Dacier, que je fuivrai dans le cours de ces Extraits.

» Déeffe, chantez la colere d'Achille, fils de Page 1.

A

» Pelée; cette colere pernicieufe qui caufa tant » de maux aux Grecs, & qui précipita dans le » fombre Royaume de Pluton les ames généreu» fes de tant de Heros, & livra leurs corps aux » chiens & aux Vautours. «<

Je fçais qu'il faut de puiffantes raisons pour engager les Artistes à traiter l'allégorie, & que rien n'eft plus ingrat ni plus dangereux par l'obscurité des figures, ou des actions dont les vérités, fouvent trop voilées, ne peuvent être ni fenties ni comprises. En effet, les emblêmes font rarement établis fur des conventions géné. rales : il eft vrai que la Fable en a confacré quelques-uns que toutes les Nations ont adoptés, & que fous le nom des Dieux elle a présenté les grands mouvemens du cœur, & les plus violens refforts qui font agir les hommes; mais les fentimens déliés & les paffions légeres, font prefque toujours arbitraires. Quel trouble, quel embarras se présente à l'efprit, quand un Artiste a réuni plufieurs figures de ce genre dans la même compofition! L'allégorie dont il s'agit, digne de fon Auteur, eft grande, & n'est point dépourvue d'actions, & par conféquent de Tableaux appuyés fur la Nature. Je fçais que les Anciens,

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